lundi 20 février 2012

La Maison au fond du Parc, de Ruggero Deodato, 1980

La Maison au fond du parc

La Casa sperduta nel parco

The House on the Edge of the Park

De Ruggero Deodato

Italie

1980

David Hess : Alex









Synopsis :

Deux truands, responsables d'un trafic de voitures volées le jour, violent et tuent des jeunes femmes la nuit. Quand ils croisent la route d'un groupe d'amis et les suivent dans une maison isolée au fond d'un parc, les criminels ne savent pas ce qui les attend...

Mon avis :

Auréolé d’un aura planétaire de cinéaste « extrême » avec le cultissime et ultra controversé « Cannibal Holocaust », Ruggero Deodato, catalogué comme cinéaste pilleur et impersonnel, signe ce très rude « Maison au fond du parc », reprenant la trame du célèbre « Dernier Maison sur la gauche » de huit ans son ainé…

Il en offre une relecture tout en y rajoutant une « patte européenne » de fort bon aloi…

Et c’est l’immense David Hess qui reprend le costume de tueur/prédateur/violeur mais cette fois ci affublé d’un frère souffrant de troubles mentaux (Giovanni Lombardo Radice, incroyable !), ce qui permettra de rajouter du sel à une intrigue déjà bien barrée et délétère…

De plus, pour assaisonner le métrage, pléthore de scènes à connotations sexuelles agrémentent une violence barbare inhérente via des personnages (qu’ils soient antagonistes ou protagonistes) bien conscients ou inconscients de leur perversité névrotique…

Le rythme (très soutenu) y est pour beaucoup dans la réussite du film et le jeu des comédiens ne faillit à aucun moment…

La musique de Riz Ortolani, très entrainante apporte un plus certain et peut être le synonyme d’une dépravation bien ressentie, comme une approche de la violence vers le sexe et inversement, elle fait très musique de discothèque des années 70/80 et sert de levier érotique.

Un démarrage sur les chapeaux de roue, filmé de façon très esthétique, permet d’éviter le côté racoleur et l’enchaînement des plans défile de manière linéaire et logique, permettant au spectateur de se mettre en immersion et de bien appréhender les caractères des personnages…

Ainsi l’alchimie fonctionne au-delà de toutes les espérances et tourne à plein régime, faisant monter l’angoisse crescendo, par le biais de l’architecture de la fameuse « maison » où les trois quarts du métrage servent d’unité de lieu, la nuit de surcroît…

Dans sa trame, « La Maison au fond du parc » s’apparente plus à un slasher qu’à un giallo, mâtiné de ce côté « rape and revenge » mais chaud et coloré comme savent en produire les cadors du cinéma d’exploitation transalpin…

Pour aboutir à une issue dramatique presque lyrique (que je ne vous révèlerai bien entendu pas) via un passage anthologique absolument glaçant, magnifiant la violence via un soulagement cathartique, aussi bien pour le spectateur que pour les personnages du film…

Il y a un grand sens de la méthodologie dans le scénario, presque mathématique et qui élimine les pans de l’histoire par déduction, un par un, comme un fil d’Ariane pour sortir d’un labyrinthe de sang et de sexe.

A ce titre, le spectateur ressent bien les blessures des coups de rasoirs assénés par Hess, de la manière la plus viscérale qui soit !

Au final, un excellent Deodato, bien plus travaillé et peaufiné qu’il n’y parait, presque perfectible même, et qui ravira les aficionados de films de genre, grindhouse et autres rape and revenge…

Le raffinement au service de la violence pour une œuvre inoubliable, à jamais gravée dans les mémoires et pouvant sans conteste figurer au panthéon des meilleurs métrages de genre du début des années 80…

Une pensée pour David Hess (RIP).

10/10





samedi 18 février 2012

B13U "Banlieue 13 - Ultimatum" de Patrick Alessandrin, 2009

B13U

Banlieue 13 Ultimatum



De Patrick Alessandrin



France

2009



scénario de Luc Besson

avec Cyril Raffaelli, David Belle, Philippe Torreton



Synopsis :

Banlieue 13, deux ans plus tard. Le gouvernement a changé, pas le reste... Le mur d'isolement - toujours plus haut, toujours plus grand, toujours plus loin - s'est étendu autour des cités ghettos et les gangs qui y prolifèrent ont encore accru leur influence. Le trafic se répartit désormais entre cinq quartiers ethniques, chacun dirigé par un redoutable chef de gang. Plus que jamais déterminés à ''régler le problème'', les services secrets mettent volontairement le feu aux poudres. Damien, flic expert en arts martiaux, et Leïto, capable de se faufiler dans les moindres recoins de la banlieue, font à nouveau équipe. Leur objectif : sauver la cité du chaos. Leur programme : combats musclés et course-poursuites défiant les lois de la gravité... 





Mon avis :

Toujours aussi peu regardant sur la qualité de ses productions, le père Besson en remet une couche et nous ressert une louche du déjà très tangent premier opus de « Banlieue 13 », nanar hexagonal torché à la va vite avec comme seul et unique objectif de rameuter le chaland banlieusard de cités sensibles, qui y verra un exutoire certes justifié et approprié mais cependant en dehors total de la réalité…

On a l’impression qu’en plein quinquennat sarkozyste (on est 2009 et le film est produit par TF1 donc pas de risques mais du politiquement correct à tout va, hein ? il ne faudrait pas choquer la ménagère !), le père Besson y a mis les coudées franches pour ne pas heurter les sensibilités, au contre instar d’un Richet beaucoup plus sincère avec son «  ma 6T va crack-er » réalisé treize années auparavant et beaucoup plus frontal dans sa forme et plus qualifiant et efficient dans son message de fond…

Ici, en fait, c’est du divertissement calibré !

Certes ça se vaut on sait à quoi on s’attend et on n’est pas pris en traitre !

Mais c’est ce côté « puant » qui reste inhérent au métrage avec ses personnages ultra stéréotypés ad nauseam…

L’usage de Torreton en président de la république n’apporte rien et décrédibilise totalement l’ensemble, déjà bien faiblard, c’est un des plus mauvais rôles de l’acteur qui récite son texte comme pour montrer qu’il a mis les pieds sur le tournage uniquement pour cachetonner et qu’il se contrefout de l’intrigue…

Cependant, on peut prendre un certain plaisir face à des combats full contact de kickages bien troussés et des poursuites bien réglées, mais hélas ça ne contribue pas à faire la qualité d’un film !

On est le cul entre trois bancs, un côté thriller politique, un côté étude sociale (et encore faut le dire vite !) et un côté action pure et bourrinante !

« Banlieue 13 Ultimatum » cherche à plaire à tout prix et un peu trop et au final, l’inverse de l’effet escompté se produit et le tout s’avère grotesque et caricatural, frôlant même la pantalonnade éhontée voire véhiculant un message dangereux, inepte et racolleur…

Genre le président, comme par enchantement, cède aux revendications des gangs et va jusqu’à leur offrir un cigare !

« Politically correct », codifié à l’extrême « Banlieue 1 3ultimatum » ne déroge pas à la règle des bessonnades, zéro scénar zéro idées mais 100 % action et 100 % speedité pour mieux faire passer la gélule de l’ennui…

Ça peut marcher parfois mais Besson nous ressert le même plat faisandé sans discontinuer !

A la fin ça devient quelque peu pénible !

Le mot « renouvellement » ne doit pas faire partie de son vocabulaire ce qui le dessert fortement et amplifie l’impression d’être floué via un déjà vu propre à ses prods qui finit par lasser sincèrement…

Certains y verront même un rejet épidermique dès les premières minutes du film et stopperont net le visionnage…

Les autres, plus téméraires, mettront leur cerveau au vestiaire, et pourront EVENTUELLEMENT passer un moment à peu près potable !

Le film a quand même fait plus d’un million d’entrées à son exploitation en 2009…

TF1 Films Productions, ce gros ours mal léché de Besson et Europa Corp continueront leurs pitreries tant que le public suit derrière et cautionne leurs soupes cinématographiques !

Ça reste quand même limite lorsqu’on voit tous les VRAIS réals qui ont des idées et des projets originaux et qui galèrent à sortir leurs œuvres…

Cette critique leur est dédiée tiens !

L’establishment et ses conventions devraient lasser plutôt qu’enchainer des films pitoyables et sans âmes comme ce « B 13 U », pâle reflet de la déliquescence d’un certain cinoche populaire usé à la corde !



2/10




dimanche 5 février 2012

Hobo with a shotgun, avec Rutger Hauer, Canada, 2011

HOBO WITH A SHOTGUN

2011

Canada

avec Rutger Hauer

82 minutes



Synopsis :

Arrivé par le train dans une ville dépotoir et après moult agressions et humiliations, un SDF se prend d'affection pour une jeune prostituée et la sauve d'une mort imminente face à des voyous sans scrupules...

Le clochard décide de "faire sa loi" à sa manière et va "nettoyer" la métropole de toute sa racaille et ce, par tous les moyens !

Armé d'un gigantesque fusil à pompe, il sera prêt à accomplir son "devoir"!

Tous les moyens sont bons pour ramener l'ordre, fût ce même en risquant sa propre vie !



Ce que j'en pense :

Petit film sympathique et sans prétention, bricolé avec les moyens du bord, "Hobo with a shotgun" s'avère d'une grande efficacité, faisant la part belle à l'outrance (aussi bien verbale que visuelle) et regorgeant de séquences gore du plus bel effet !

Ceci étant, le réalisateur se fiche complètement du scénario et accumule lourdement les incohérences, accumulant par conséquent d'innombrables zones d'ombre au métrage, le rendant par moments illisible voire difficile à cerner...

Par contre, Hauer remplit le film de son aura et tout le caractère putride  et cradingue repose sur son personnage, symbole de la détresse des sans domiciles fixes, et acquis à la cause de la rédemption via Abigail la prostituée qui lui sert de levier dans sa quête de la justice, de la justesse et du maintien/retour à l'ordre...

Les "méchants" du film sont particulièrement grotesques et ridicules et l'ensemble du film baigne dans une atmosphère de folie douce à la limite du baroque, décuplée par des passages d'une violence intense, ne reculant devant effet et ne faisant aucune distinction pour les victimes (que ce soit des gamins ou des femmes ou des personnes âgées, tout le monde a droit à son compte !).

On sent quand même un certain amateurisme dans ce film canadien, on voit bien qu'on est loin des productions américaines, "Hobo with a shotgun" y aurait gagné à être plus peaufiné, plus cohérent, car il est exsangue de rigueur, on sent le travail "bâclé" et proche du brouillonnage ....

Malgré tout celà et hormis ces réserves, le spectateur peut se laisser aller et prendre un certain plaisir hautement coupable à visionner ce métrage qui demeure tout de même répréhensible aussi bien dans sa forme que dans son fond...

A voir tout de même si vous êtes des férus de films extrêmes, car "Hobo with a shotgun" fait bien partie de cette catégorie convoitée et pas donné à n'importe quel réal...

Pari gagné !

ps : dans ce métrage on entend la musique d'Andi Sex Gang "The naked and the dead" qui figure sur la bande originale du "Phenomena" de Dario Argento (scène de la discothèque)



Note : 8/10