jeudi 28 mars 2013

Freaks, la monstrueuse parade de Tod Browning, 1932


FREAKS, LA MONSTRUEUSE PARADE

de Tod Browning

Etats Unis

1932

60 minutes

Fantastique humaniste

Synopsis :

Le cirque itinérant Tetrallini possède la particularité d'être composé de personnes "monstres", une femme à barbe, un couple de nains, des hommes troncs ou des gens difformes...

Lorsque Hans (un des nains) hérite d'une forte somme d'argent, il attire/attise les plus hautes convoitises, jusqu'à ce que Cléo, la belle trapéziste, l'épouse par intérêt...

Lors du banquet de noces, Hans est méchamment humilié...

Cléo projette de l'empoisonner pour toucher sa fortune...

Dans l'issue du décès de Hans, que se produirait-il ?

Et si les "monstres" étaient solidaires entre eux ?

La vengeance sera dès lors implacable et terrifiante !

Mon avis :

"Freaks" est une oeuvre totalement à part...

Bénéficiant d'une modernité sidérante dans sa manière de réalisation, nul autre film fantastique de l'époque ne parvient à égaler le génie de Browning, tour à tour merveilleux et réellement effrayant...

La façon dont sont énumérés les plans, les cadrages, l'exploitation du noir et blanc, du nocturne (notamment lors de la séquence finale) en font un modèle qui privilégie aussi bien la forme graphique que le fond scénaristique...

Ce dernier aborde nombre de thématiques peu diffusées au cinéma d'alors, comme la tolérance, la différence, la tolérance de la différence et la méchanceté de l'humain avec comme levier la vénalité...

Browning rend attachant "ses" personnages, arrivant à maintenir une empathie pour ces monstres, les rendant d'un attachement sidérant et compassionnel, bousculant les normes et explosant les conventions, il parvient à les rendre "normaux" comme dans un film lambda...

Ce qui fait la force de "Freaks" c'est que les "méchants" ne sont pas ceux que l'on pourrait croire et que derrière cette "laideur" se cache en fait une humanité absolue...

Empreint de passages anthologiques, "Freaks" aurait très bien pu être un hymne au pacifisme ou à l'anti racisme, si l'on remplaçait les monstres par des esclaves noirs ou des personnes dénigrées par le plus grand nombre...

En somme, le film est bel et bien toujours d'actualité et pourrait aisément se transposer dans bien d'autres situations contemporaines...

Amplifiant la "solidarité" de chacun pour ses semblables, "Freaks" va très loin dans l'approche de la différence, notamment lors de la fin effrayante et glauque, mais nécessaire pour appuyer le propos et l'intelligence du propos de son réalisateur...

Un véritable choc, aussi bien visuel que narratif, et que nul spectateur ne pourra oublier, délivrant un message universel et oecuménique, un coup de maître qui revigora le cinéma fantastique des années 30 et sans nul doute le cinéma fantastique tout court...

Note : 10/10

 

 





A history of violence de David Cronenberg, 2005


A HISTORY OF VIOLENCE

de David Cronenberg

Etats Unis

2005

avec Viggo Mortensen, Maria Bello, Ed Harris, William Hurt

92 minutes

Polar atypique

Synopsis :

Tom Stall, un modeste restaurateur, parvient à neutraliser et tuer deux agresseurs qui s'en prenaient à son personnel...

Dès lors il devient le héros local de sa bourgade...

Deux mafioso retrouvent sa trace et le somment de venir à Philadelphie rencontrer une mystérieuse personne...

Tom refuse catégoriquement...

Et si ce dernier avait mené une double vie dans le passé ?

Edie, sa femme, a moult suspicions à son égard...

Un enchevêtrement de situations va faire péricliter la vie de Tom qui abattra pratiquement tous ceux qui lui barreront la route, dans un flot de violence où même son fils sera mêlé...

Mon avis :

Une nouvelle fois Cronenberg est là où on ne l'attend pas, arrivant à se renouveler presque par enchantement et il réussit à impacter le plus grand nombre de ses fans tout en revigorant et son cinéma et le polar en général...

Ce qui fait l'originalité scénaristique de "A history of violence" c'est simplement que l'histoire narrée ne l'a jamais été auparavant au cinéma...

Certes on a eu des personnages à "double vie" mais pas dans cette configuration...

Extrêmement doué et très malin (comme à son habitude) Cronenberg nous tient bien en haleine et en profite également pour caser des mouvements de caméra de toute beauté, magnifiant une histoire déjà bien fournie en séquences chocs et qui ne lésine ni sur le sexe (mention spéciale à la belle Maria Bello) ni sur le gore (les impacts de balles font effectivement très mal)...

Le jeu d'acteurs est, quant à lui, bien rodé et équilibré numériquement, chacun  n'en faisant jamais trop et ne se volant pas la vedette mutuellement...

Surprenant à plus d'un titre, "A history of violence" démarre fort et ne faiblit jamais jusqu'à un tournant stupéfiant qui remet alors en cause tout le film et le fait prendre un virage à 360 degrés, s'articulant autour de personnages meurtris, persécutés et qui ne demandaient qu'à être tranquilles après ce qu'ils avaient vécu...

Mais un lourd passé peut rattraper n'importe qui et les cicatrices béantes sont difficiles à se refermer !

La police semble impuissante et cette "histoire d'hommes" ne pourra se résoudre qu'en interne, même si le couple et la vie familiale en pâtiront lourdement et irréversiblement...

Le plan final est magique et peut même tirer quelques larmes, métaphoriquement rédempteur pour Tom ou symbolique d'une nouvelle existence, loin de toute animosité conjugale et dénué de violence...

Un grand Cronenberg, essentiel pour s'approprier son cinéma et comprendre sa démarche cinématographique actuelle...

Note : 9/10





vendredi 15 mars 2013

MAD MAX 2 de George Miller, 1981


MAD MAX 2, LE DEFI

de George Miller

Australie

1981

avec Mel Gibson

Musique de Brian May

95 minutes

Aventures post apocalyptiques

Synopsis :

Dans le désert australien, des poignées de survivants à un cataclysme atomique végètent…

Certains ont pu conserver un puits entier de pétrole qui leur sert afin d’alimenter les véhicules en essence…

Humungus, un tyran barbare et sanguinaire fait régner la terreur dans cette contrée désertique et n’hésite pas à employer la force lors de ses funestes desseins…

Le bougre et sa horde assoiffée de violence menacent les propriétaires de la raffinerie et zigouillent quelques innocents…

C’était sans compter sur Max, le héros solitaire « guerrier de la route » qui, malgré un refus catégorique initial, va remettre de l’ordre dans tout ce foutoir, fût ce au prix de sa vie ou de moult blessures…

Mon avis :

Second volet de la saga mondialement connue, « Mad Max 2 » est une incontestable réussite, mariant action, aventures, post nuke, bourrinages, cascades voire une légère touche « gore »…

Pillé à de multiples reprises par les italiens ou les philippins (notamment Cirio H. Santiago qui reprendra presque tout –mêmes les costumes- dans son nanardesque « Stryker »), le film réinvente le cinéma d’action et ses codes…

Le scénario, certes quelque peu minimaliste, tient bien la route (c’est le cas de le dire !) et George Miller n’a rien à envier à un Spielberg ou un Carpenter, il parvient à créer un Western moderne où les diligences sont remplacées par un camion citerne et les chevaux par des bolides…

Survolté voire dégénéré (à l’image des pseudo punks vindicatifs vociférant tout le long du métrage), « Mad Max 2 » possède de nombreux atouts comme un Mel Gibson impérial et une superbe musique de Brian May du groupe Queen…

Relançant l’intrigue et la mise en plan à la fin de son prédécesseur, « Mad Max 2 » bénéficie d’un montage très habile et de passages à la limite de l’onirisme (le néo ULM qui survole les véhicules dans le désert, le mouflet coriace et son boomerang défiant tout le monde) et Max aborde un autre visage, plus désabusé et mélancolique…

Miller nous délivre là un spectacle anticonformiste et atypique, hissant le personnage de Max au rang d’icône du genre, asseyant définitivement la renommée de Mel Gibson, devenu standard d’un certain cinéma d’action fait pour plaire au plus grand nombre…

Une franche réussite qui, malgré les décennies, s’est bonifiée et n’a pas pris une seule ride…

Note : 10/10




mercredi 13 mars 2013

CHAOSIS MNCD "Too late to repent"


CHAOSIS

Mini CD/EP "Too late to repent"

France

2012

4 titres + 1 vidéo

Mon avis :

Après de multiples concerts dans l'hexagone et une notoriété vite acquise et méritée, les savoyards de Chaosis sortent en 2012 leur premier Mini CD autoproduit, depuis longtemps réclamé par les fans...

Pochette moderne (rappelant certaines covers de Carcass ou de Napalm death -notamment "Enemy of Music Business"-) et digipack classieux offrent au groupe un support de choix pour asseoir leur talent indéniable et l'habileté qu'ils ont à jouer, déjà prouvée en live...

Composé de 4 titres, tous plus impériaux dans la brutalité les uns que les autres, "Too late to repent" est un disque exemplaire de précision, hypra structuré et très varié au niveau des styles de Métal...

Alternant passages mid tempo et accélérations furibardes (mention spéciale à la double grosse caisse de l'ami Olivier "Ollie" Dufour), thrash rigoureux et métal moderne rugueux et sans concessions, Chaosis a la particularité d'être un groupe de Métal qui ne ressemble à aucun autre !

CHAOSIS FAIT DU CHAOSIS

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est bougrement efficace !

Guitares tranchantes, voix bestiale, basse qui claque, batterie bulldozer, l'ensemble ravira les plus exigeants des métalleux qui seront vite conquis par la précision des compos du groupe...

L'atout majeur de Chaosis est avant tout qu'il est fait par des passionnés qui ont tout pigé au Métal, Ollie ayant déjà fait de la radio dans les années 90 connaît bien tous les codes de la musique Métal, les a parfaitement assimilés et est donc apte à les retranscrire en créant SA musique, se démarquant ainsi du lot et de l'aseptisation souvent inhérente aux autres groupes sans originalité et qui perpétuent sans arrêt la même bouillabaisse...

"Forgotten World" est LE tube de Chaosis et ces derniers jouent désormais dans la cour des grands, par des sonorités vite reconnaissables, une rapidité d'exécution et un son qui ne fait pas défaut...

Au final, "Too late to repent" est un excellent skeud, prémices d'un groupe qui sait tout donner quand il le faut et qui ira loin, très loin !

Le groupe métal original le plus prometteur de sa génération, à suivre de très très près !

Note : 6/6


dimanche 10 mars 2013

Mulholland Drive de David Lynch, 2001


MULHOLLAND DRIVE

de David Lynch

Etats Unis

2001

avec Naomi Watts

146 minutes

Film "mosaïque"

Musique d'Angelo Badalamenti

Synopsis :

Une luxueuse limousine roule de nuit, soudain elle s'arrête brusquement... un grave accident de la route, une collision avec pour seule rescapée, la passagère, une superbe brune...

Elle descend à pied et trouve refuge dans une maison...

L'occupante de la maison est la nièce d'une grande ponte d'Hollywood, elle se prénomme Betty...

Suite à l'accident, la brune est devenue amnésique et ne souvient même pas de son identité...

Betty, prise d'une affection indicible pour elle, décide de remonter la "mosaïque" et, à la veille d'une audition cruciale pour sa carrière, va se retrouver plongée dans un dédale paranoïaque aux multiples personnages, entraînant par la même occasion le spectateur dans ce labyrinthe schizophrénique, qui est également une fantastique histoire d'amour !

Mon avis :

Avec "Mulholland Drive", David Lynch signe un film aux frontières du cinéma, dépassant tous les codes et allant plus loin que n'importe quel autre métrage et où le spectateur est "acteur" de l'histoire qui se déroule sous ses yeux...

Lynch nous met à contribution et nous fait TRAVAILLER aussi bien sur le plan du discernement graphique (les images sont magnifiques !) que sur la compréhension scénaristique (un script alambiqué transcendé par la paranoïa de l'actrice principale) et pour rajouter un piment à l'ensemble la beauté vénéneuse et orgasmique des héroïnes saphiques, ce qui permet de communier l'utile à l'agréable !

Et c'est un REGAL !

Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures et se "laisser porter" dans les méandres d'un film entièrement maîtrisé et où la délectation et le plaisir cinématographique sont omniprésents...

On est sous ANESTHESIE avant un long rêve empli d'images comatiques qui file crescendo vers l'imaginaire, d'abord structuré au début puis partant complètement en vrille au fil de l'eau...

Naomi Watts est exceptionnelle et porte "Mulholland Drive" à bout de bras, elle parvient à crédibiliser un rôle extrêmement difficile et son obsession de la vérité est le vecteur, la colonne vertébrale d'une histoire qui aurait été décousue si le jeu des comédiens s'était avéré médiocre, Lynch "tire profit" de l'interprétation infaillible pour accentuer le levier de sa folie, mettant en exergue une justification de la schizophrénie dans le déroulement de son oeuvre...

La musique d'Angelo Badalamenti, tour à tour angoissante, lunaire ou à contrario vivifiante et tonique, est également pour beaucoup dans la réussite et l'amplification de la réussite de "Mulholland Drive"...

"Film-prétexte" pour Lynch d'exhiber son amour du septième art et pourvu d'une grâce incommensurable, hommage à tout un pan historique (ce n'est pas innocent que l'intrigue se situe à Hollywood), "Mulholland Drive" se suit comme un dîner dans un grand restaurant 5 étoiles et se digère parfaitement...

La maîtrise au service du rêve et du plaisir instantané et immuable...

Savoureux, orgasmique et orgiaque à l'image des baisers échangés dans le film...

Note : 10/10






samedi 9 mars 2013

Sexe fou de Dino Risi, 1973


SEXE FOU

aka Sessomatto

de Dino Risi

Italie

1973

avec Laura Antonelli, Giancarlo Giannini

Comédie érotique à sketchs

110 minutes

avec l'intervention de Jean Baptiste Thoret dans les bonus du DVD

Synopsis :

Le film se décompose en neuf saynètes qui ont toutes pour point commun le sexe, explorant des mises en scènes sur différentes variantes : la gérontologie, le travestissement, la misère pécuniaire, le don de sperme, le fantasme du moyen de locomotion, la vengeance, l'inhibition, la soumission et la perversion...

Mon avis :

"Sexe fou" est une comédie décalée pourvue d'un érotisme tonique qui fait souvent mouche...

Enorme performance tant aussi bien sur une réalisation qui ne faillit jamais que sur une interprétation qui excelle (mention spéciale à Giancarlo Giannini, complètement habité par son -ses- personnage(s) et à Laura Antonelli au charme incendiaire qui la fera accéder au rang de sex symbol)...

Totalement ancré dans l'Italie des années 70, "Sexe fou" reste un témoignage des travers sociétaux de l'époque et met en lumière des comportements pas forcément refoulés restant d'actualité encore de nos jours via une férocité incongrue de situations cocasses et hilarantes, tout en n'étant jamais grossières ou caricaturales, l'intelligence de Dino Risi faisant la différence et y étant pour beaucoup dans la réussite du métrage...

On pense même à "Affreux, sales et méchants", "Sexe fou" se référençant glorieusement à l'âge d'or de la comédie italienne et aux cadors du genre...

L'hilarité générale se déclenche par des petits leviers humoristiques qui ne sont pas sans rappeler le Peter Sellers de "The Party" à la sauce spaghetti en surplus pour le côté excessivement érotique de certains passages et où la nudité n'hésite pas à faire son apparition, renforçant la libido et des personnages et du spectateur, pour le plus grand bonheur de tous !

L'avant dernier sketch n'est pas sans rappeler également la mythique "Cage aux folles" dans une direction finale encore plus barrée et délirante puisque les deux protagonistes s'avèreront être frères, la "morale" étant sauve...

C'est dingue de voir le côté visionnaire du film qui anticipe les pro et les anti gays, débat remis récemment au goût du jour avec le mariage pour tous et la politique de François Hollande en 2013...

Non seulement on passe un moment agréable mais celà s'avère un régal de se "replonger" dans toute cette nostalgie via une oeuvre hors du temps et décidément très réjouissante...

Se réservant tout de même à un public averti, "Sexe fou" se dote de moult qualités, par un côté décomplexé inhérent à la période où il a été tourné, et reste suffisamment rare pour qu'on se précipite sur le DVD sorti en 2011, faisant preuve d'un gros travail au niveau du remastering, ce qui tiendrait presque du miracle pour les aficionados de cinéma italien...

Un must have !

Note : 8.5/10





dimanche 3 mars 2013

DESTRUCTION "Day of Reckoning"


DESTRUCTION

Album "Day of reckoning"

Année : 2011

Genre : Thrash moderne

Origine : Allemagne

Editeur : Nuclear Blast

Au jour d'aujourd'hui, avant dernier album de ce groupe phare du Thrash Germanique, après moult réflexions, je considère "Day of reckoning" comme le meilleur album de Destruction...

Paramétré du feu de dieu, et composé de morceaux "de la balle", cette galette envoie le pâté comme jamais !

A la fois pur Thrash avec un côté Core omniprésent et ultra groovy et dansant, "Day of reckoning" a tous les atouts pour demeurer au panthéon des leaders de la scène Métal germanique voire mondiale !

Des textes intéressants ("l'église du dégoût", "l'avocat du diable", "la haine est mon carburant",  "désaxé" et le très original "Armageddonizer") desservis par des rythmiques de folie boostées par un son prodigieux et incroyable (est il besoin de rappeler que Destruction est le premier groupe Thrash Metal à avoir enregistré sur 48 pistes ? -"Cracked Brain" dans les années 80- )...

Concentré total d'énergie (les bougres ne sont que trois !), les morceaux filent à 300 à l'heure et s'assimilent directement dans le cerveau du thrasher, boosté par un headbanging inévitable et redondant !

ça n'arrête pas  !

Comme toujours chez Destruction, le mur de guitares est bien là et la batterie fonctionne plein pot, donnant encore plus de relief à une musique particulièrement vitaminée et d'une rapidité hors normes !

Le chant de Schmier est égal à lui même et Destruction n'a plus rien à prouver depuis un bail, mais parvient encore à entériner un style unique, les confortant dans leur piédestal de leaders du genre !

Nous gratifiant même d'une reprise de Dio "Stand up and shout", qui viendra clore une claque sonique, "Day of reckoning" fait un bien fou aux oreilles et fourvoie une efficacité que très peu de groupes Métal arrivent à retranscrire, dans le domaine du Thrash, cercle plutôt fermé et réservé aux cadors !

De plus la cover est magnifique, emblématique de leur pensant satanique ou du moins anti chrétien, représentant une créature Luciférienne transfigurée dans la rétine d'un oeil où gravitent des insectes, sortant de flammes symbolisant l'enfer...

Un album inoubliable et addictif !

Du jamais entendu jusqu'à maintenant, sidérant, parfait et bétonné !

10/10



samedi 2 mars 2013

La nuit des diables de Giorgio Ferroni, 1972


LA NUIT DES DIABLES

aka La Notte dei Diavoli

aka Night of the devils

de Giorgio Ferroni

Italie

1972

avec Gianni Garko, Agostina Belli

Fantastique baroque

91 minutes

édité en blu ray chez Raro Video

Synopsis :

Nicola, un homme d'une quarantaine d'années, est enfermé dans la chambre d'un hôpital avec une camisole de force...

Il semble devenu névrotique et la visite d'une charmante femme, Sdenka, le rend fou furieux et littéralement terrorisé, il se débat et refuse catégoriquement que cette femme l'approche, alors que cette dernière se réclame être son amie !

Les médecins sont perplexes...

Peu de temps auparavant, suite à un problème de voiture, Nicola avait trouvé refuge dans une maisonnette abandonnée en pleine forêt, où vivaient Sdenka et sa famille...

Mais que s'est-il passé entre temps ?

On raconte qu'une légende de vampires appelés "Vourdalaks" serait inhérente à cet endroit...

Nicola n'est pas au bout de ses peines et, tombant amoureux de Sdenka, une issue funeste l'attend !

Mon avis :

Démarquage moderne du célèbre sketch segment des "Trois visages de la peur" de Mario Bava, "Les Wurdalaks", "La nuit des diables" va encore plus loin que son prédécesseur et Ferroni s'avère particulièrement inspiré dans cette relecture qui ne lésine pas sur les effets chocs et sur le gore : on suppose que Fulci se serait inspiré d'un passage de décomposition pour la scène de l'hôpital dans "L'au delà"...

Quoiqu'il en soit, "La nuit des diables" est un modèle de narration, à la mise en scène appliquée et au timing rigoureux...

Gianni Garko symbolise l'honnêteté et Agostina Belli la perversion, la combinaison des deux étant électrique !

Cet amour impossible, transgressé par une mort inévitable et imminente, propulse alors le spectateur vers un levier dans l'angoisse, amplifié par des trouvailles baroques particulièrement anxiogènes (les enfants zombis qui dévorent leur mère, les ricanements glauques...) et l'ensemble devient vite vecteur d'un malaise où l'oppression est légion...

L'apparition de sangliers ou de biches renvoie directement à un côté naturaliste et le héros incarné magistralement par Garko semble comme condamné, pris dans un piège sysiphien où l'ultime délivrance se traduit soit par la folie à vie soit par la mort !

Le prologue du film disponible dans la version unrated du blu ray fait apparaître la dimension paranoïaque de Nicola via un encéphalogramme empli d'images/flashs horribles mêlant nudité et atrocités sanglantes, permettant de discerner le degré de pathologie névrotique dont il est atteint...

Les cadrages parfaits et la photographie surprenante du métrage contribuent à en faire un modèle du genre, le hissant au sommet du fantastique italien baroque des années 70, proche d'une aura bavaienne mais ne pompant nullement ce dernier...

Un film rare à réhabiliter d'urgence !

Note : 10/10