samedi 31 août 2013

FEAST le nouveau Annihilator


FEAST

ANNIHILATOR

ALBUM 2013

Thrash Metal

Canada

Après une longue attente insupportable pour les fans de trois ans (!), le dernier album éponyme en date datait de 2010, la bande à Waters revient en très grande forme avec ce "Feast" de haute volée, du Annihilator pur sucre avec toujours l'incroyable Dave Padden au chant et à la guitare...

Le tabassage est de nouveau au rendez vous et ça fait très mal !

Dès le premier morceau "Deadlock" le ton est donné, on n'est pas là pour rigoler mais pour tout annihiler sur place, le rentre dedans étant la priorité !

Mis à part "Perfect angel eyes" (resucée ultra efficace de "The One"), ça n'arrête pas !

Les batteries martèlent comme des missiles, Waters nous gratifie de nouveaux soli toujours incroyables et "Feast" possède une grande originalité, un peu à l'instar de "Schizo deluxe" avec un morceau qui se détache du reste, "No surrender" et son intro dantesque à la basse !

Le plaisir est toujours au rendez vous et l'album passe comme une lettre à la Poste et rend addict dès la première écoute, comme toujours chez Annihilator !

Dans l'édition limitée il y a même un CD bonus des standards réenregistrés pour l'occasion avec un son neuf et Padden au chant, reprenant toutes les époques du groupe, initiative à saluer et véritable aubaine pour les fans !

Un des meilleurs albums de 2013 et je vais aller les voir en concert bientôt !



MISANTHROPE, Extrème metal français


MISANTHROPE

Groupe français de Metal Extrême

Groupe phare de la scène metal hexagonale avec son leader ultra charismatique et incontournable SAS de l'Argilière aka Philippe Courtois, Misanthrope a gravi les échelons à force d'une grande persévérance pour s'imposer comme LE groupe majeur d'extrême metal en France...

Avec une discographie impressionnante comportant de véritables chefs d'oeuvre, Misanthrope brille par son talent et surtout son originalité, ne faisant rien comme les autres et ne pompant personne, ils se singularisent par leur style et leur virtuosité dans les compositions, toutes très complexes mais bien reconnaissables entre mille pour autant...

Ils atteignent le firmament avec "Aenigma Mystica" sorti cette année et nous offrent un coffret avec DVD de toute beauté, comportant 8 titres live et un making of de l'album ainsi que deux video clips, une pièce de choix, référence pour leurs fans...

La sincérité de ce groupe en fait son attachement et les musiciens talentueux qui le composent permettent d'accentuer l'intérêt que l'on peut porter à Misanthrope, qui peaufinera au fur et à mesure des années le genre qu'il perpétue, à savoir le metal extrême avec une touche heavy death mélodique...

Les textes sont également très maîtrisés et originaux, faisant référence au satanisme, à Molière et à son théâtre, à la religion et au domaine épicurien...

Imprimant de leur touche indélébile le panorama du heavy metal français, Misanthrope délivre une musique aboutie, très riche et percutante...

Longue vie à Misanthrope ! ("Long live the Misanthrope" !)





jeudi 29 août 2013

Les égouts du paradis de José Giovanni, 1979


LES EGOUTS DU PARADIS

de José Giovanni

France

1979

avec Francis Huster, Jean François Balmer, André Pousse

Film de gangsters

Dialogues de Michel Audiard

107 minutes

Synopsis :

Albert Spaggiari est un photographe qui tient un magasin à Nice, dans les années 70...

Avec l'aide de gangsters corses et marseillais, il fait des repérages pour dévaliser une banque en traversant les sous sols, c'est à dire en passant par les égouts...

Le film raconte son parcours, des préliminaires jusqu'au "casse" et bien plus encore !

Relations avec le "milieu", trahisons... le film passe au crible cet aventure hors du commun qui défraya la chronique, eu égard à un culot impressionnant et une minutie incroyable dans la préparation du délit effectué "sans armes, ni haine, ni violence" comme se plaira à l'écrire Spaggiari lui même sur le mur de la salle des coffres...

Mon avis :

Ce qui frappe dans la réalisation de ce film, c'est sa méthodologie, on suit tout en "live" sur le casse de la banque et on finit plus par s'attacher aux personnages qu'au fait que la banque sera dévalisée, car la mise en scène de José Giovanni nous les rend sympathiques voire communs et abordables comme dans la vie de tous les jours...

Hormis le personnage joué par André Pousse, tous ces braqueurs n'inspirent ni la peur ni le dégoût, c'est ce qui fait la singularité du métrage...

Huster est parfait et aurait mérité un César surtout dans la scène où il se lève et monte sur la table en vociférant, il s'agit d'un très grand numéro d'acteur, peu donné aux novices....

Giovanni rafle la mise aussi bien pour les décors (on se demande si les égouts ont été reconstitués ou s'ils sont réels, ce qui parait improbable vus les rats et l'odeur pestilentielle des excréments !), quoiqu'il en soit tout est bien conçu, réaliste pour nous faire croire à cette aventure !

La performance des second rôles (Balmer et les autres) est à la hauteur de ce grand film de gangsters pacifiques qui volent mais sans tuer personne, ce qui reste rare dans le panorama du polar hexagonal de l'époque...

On a également la primeur des dialogues ciselés d'un Audiard en grande forme, ce qui rehausse encore plus la qualité de l'oeuvre, déjà bien fournie et passionnante...

Bref, un excellent film qui vous fera passer un bon moment malgré qu'il soit légèrement daté et témoignant d'une époque révolue, sans caméras de surveillance comme maintenant où le casse présenté dans le film aurait été impossible de nos jours !

A regarder donc, un verre et une cigarette à la main, du cinéma de Papa, efficace et simple, se rapprochant de l'époque bénie des Verneuil and co.

Note : 8.25/10





mercredi 28 août 2013

Trois Huit de Philippe Le Guay, 2001


TROIS HUIT

de Philippe Le Guay

France

2001

avec Marc Barbé, Gérald Laroche, Luce Mouchel

93 minutes

Drame/Etude sociale

Synopsis :

Pierre travaille dans une usine de Saint Gobain, spécialisée dans la conception de bouteilles de verre...

Sa femme, Carole, cherche ardemment un travail dans le domaine du commercial et son fils, un garçonnet d'une douzaine d'années prénommé Victor étudie au collège local...

Alors que tout pourrait apparemment bien se passer, il s'avère qu'un des collègues de Pierre, Fred, va commencer à le harceler, à lui faire des crasses...

A répétition, il l'humilie, le frappe ou lui fait les pires méchancetés !

Pierre ne sait plus trop comment réagir et commence à perdre pied...

Fred est tenace dans son harcèlement de tous les instants et souffre d'une psychopathie qui n'arrange pas les choses, bien au contraire !

Jusqu'au jour où Pierre craque et provoque l'irréparable !

Mon avis :

Film choc sur le harcèlement au travail, "Trois Huit" explore un sujet rarement employé au cinéma et grâce à une réalisation fluide et réaliste, explique bien le déroulement et les tenants/aboutissants de cette gangrène, trop souvent hélas présente en milieu professionnel...

Les acteurs sont remarquables et l'ensemble devient vite glauque pour le personnage de Pierre, en souffrance complète face à un Fred impressionnant de méchanceté et de froideur...

Carole, l'épouse de Pierre, d'abord absente de la souffrance de Pierre, va fortuitement se rendre compte de l'abomination subit...

Le fils, Victor, en plein début de crise d'adolescence, commence lui aussi à perdre ses repères et petit à petit, à refuser l'autorité du père, qu'il sent déstabilisé et en perte de force et de confiance en lui...

C'est là que le film bascule vraiment dans l'aspect dramatique et révèle des émotions qui ont comme vecteur central, le harcèlement subi par Pierre...

L'ambiguïté malsaine de Fred réside dans le fait qu'il est mythomane et menteur/manipulateur s'inventant une vie familiale parallèle inexistante lui permettant de gagner/garder la "confiance" apparente de Pierre qui ira même jusqu'à lui prêter de l'argent !

"Trois huit" est conçu par tous ces petits détails qui font la souffrance au quotidien, une perte de confiance de tous les instants qui s'avèreront catastrophiques, bouleversant la vie d'un homme, à priori résistant et fort...

L'épilogue malheureux provoquera une trace indélébile dans la vie de Pierre et il s'en sortira avec de nombreuses séquelles aussi bien morales qu'affectives, mais Philippe Le Guay choisit la pudeur et la retenue et évite les soubresauts ou les scènes chocs malgré quelques passages à vide assez difficiles pour le spectateur si ce dernier est sensible (la scène des douches avec le vomi au sol est particulièrement éprouvante !)...

Le sujet est si rare au septième art que l'intérêt pour ce film en sort grandi et il convient de voir ce film, délicat et simple (mais pas schématique), pour mesurer l'impact du harcèlement moral professionnel sur la vie d'un homme...

A recommander fortement !

Note : 8/10






dimanche 25 août 2013

TIMBERFALLS de Tony Giglio, 2007


TIMBERFALLS

de Tony Giglio

Etats Unis

2007

avec Josh Randall, Brianna Brown, Nick Searcy, Beth Broderick

96 minutes

Production EuropaCorp

Mi slasher mi torture porn

Synopsis :

Michael et Sheryl, un couple de jeunes campeurs décide de faire une randonnée dans un superbe endroit forestier des Etats Unis...

Alors qu'ils s'apprêtaient à faire l'amour, ils se font surprendre par une bande de jeunes du coin...

Finalement et après quelques railleries ces derniers les laissent partir...

Le garde forestier leur conseille un itinéraire idéal et approprié pour ce qu'ils recherchent mais la rencontre inopinée avec une dame prénommée Ida va les faire bifurquer sur le sentier, soi disant sécurisé et à la vue imprenable, de Timberfalls...

L'horreur les attend et va frapper méthodiquement et sournoisement !

Mon avis :

Honnête dans son traitement mais à l'intrigue archi vue et revue, "Timberfalls" vaut plus par sa forme que par son fond...

En effet, ici peu d'esbroufe et les effets chocs sont réservées à minima et arrivent de manière foudroyante, "Timberfalls" est un anti "Détour mortel" ou "I spit on your grave", il se rapproche plus de films comme "Eden Lake" et on constate une intelligence scénaristique indéniable sur un pitch prévisible certes, mais bien orchestré...

Le fait d'intégrer "l'ultra religion" du côté des tortionnaires met un levier dans leurs délires psychopathiques et relève la sauce dans les diverses tortures infligées aux malheureux innocents avec un but pour le moins inédit et saugrenu, que je ne vous dévoilerai pas pour ne pas spoiler, mais qui est vraiment original pour un film de ce genre...

Le cadre est très bien filmé et là l'image Blu ray rend bien et vaut vraiment le coup !

Le charme de Brianna Brown est pour beaucoup dans l'intérêt du métrage et la musculature imposante de Josh Randall rend crédible ses tentatives de fuites où il n'hésite pas à (ab)user de sa force herculéenne en cognant sur tout ce qui bouge !

Au niveau violence, "Timberfalls" réserve une dizaine d'effets gore pas trop mauvais (une décapitation, des gunblastages, des mains cloués...) mais ne se polarise pas principalement sur la brutalité car il aime bien prendre son temps, le temps qu'il faut, pour insérer le spectateur dans un climat de peur latente, ce qui est tout à son honneur...

Vous l'aurez compris, ça ne bourrine pas énormément dans "Timberfalls" et c'est ce qui en fait la principale qualité...

Certains jugeront la dernière seconde du film quelque peu grotesque, en tout cas, elle m'a fait sursauté !

Sympathique et oubliable au bout de quelques jours, "Timberfalls" se regarde pour se changer les idées et finalement on passe un moment agréable car le film a été calibré et fait tout pour être plaisant et nous apporter ce qu'on lui demande...

Il ne faut rien espérer de plus...

Note : 6.5/10






samedi 24 août 2013

Miracle à l'italienne de Nino Manfredi, 1971


MIRACLE A L'ITALIENNE

de et avec Nino Manfredi

Italie

1971

avec Lionel Stander, Delia Boccardo

Comédie de moeurs

125 minutes

Synopsis :

Victime d'un traumatisme crânien après une tentative de suicide (il s'est jeté d'une falaise), Benedetto Parisi tombe dans un coma profond...

Durant cette période, il se remémore certaines étapes de son existence, notamment son enfance où il était élevé par sa tante ou sa vie d'adulte dans un monastère...

Lors de sa communion il fut auteur d'un miracle et érigé au rang de personnage culte par une partie des religieux qui furent témoins de son aventure...

Cette relation avec la religion va le conduire vers une inhibition totale et notamment sur sa position avec l'amour et les femmes...

Seule Giovanna, la fille d'un vieux pharmacien ami de Benedetto, tombera éperdument folle amoureuse de lui, même si la belle famille ne cautionnera guère cette attitude...

Il y aura plusieurs miracles et le tout est raconté avec tendresse et vivacité et non sans émotion...

Mon avis :

Satire féroce voire acide de toute la religion et de ce qui gravite autour, "Miracle à l'italienne" (honteusement inédit en DVD dans l'hexagone) est un chef d'oeuvre d'émotivité porté par des acteurs fantastiques (Nino Manfredi en tête) et qui restera inoubliable une fois visionné...

Empli de métaphores que l'on peut facilement discerner (la scène du serpent renvoie au mythe d'Adam et Eve, l'hypocrisie et la méchanceté du clergé lorsqu'il interdit à Benedetto de vendre de la lingerie, la catin qui vient en douce pour en acheter en pleine nuit...), cette caricature pas si caricaturale que ça, ramène aux vieux démons et à tout ce qui touche de loin ou de près à cette religion, comme lors des pèlerinages à Lourdes où les croyants se voilent la face, refusant de voir la réalité, s'enfermant dans un déni absurde et mythomane...

Il y a même une schizophrénie sourde et qui ne veut pas dire son nom dans le comportement inavouable de Benedetto, comme atteint d'une timidité maladive, contraint de se "bloquer" dans son rapport avec les femmes...

Beaucoup de tendresse également lors de ses bêtises, alors qu'il était minot, franchement désopilantes et dignes des plus grands classiques du cinéma transalpin comme seul un Comencini ou un Risi savaient en faire...

Des cadrages lumineux et une exploitation des décors naturels parviennent à amplifier ce "conte moral" teinté d'érotisme et qui s'avèrera grinçant car décomplexé sur le sujet tabou et intouchable de la sacro sainte religion, sauf que là Manfredi rentre dans le lard de cette institution en déflorant la bêtise par un humour vivace et tranchant comme la lame d'un rasoir...

Delia Boccardo est par ailleurs magnifique et fait passer un fluide salvateur pour Benedetto qui mérite bien un répit après tous les malheurs qu'il a vécu...

Au final, un très grand film, abouti au maximum et qui doit être réhabilité absolument, témoignage d'un cinéma italien alors en pleine expansion et empreint d'une grande liberté de ton...

Note : 8.5/10




vendredi 23 août 2013

MASH de Robert Altman, 1970


MASH

de Robert Altman

Etats Unis

1970

avec Donald Sutherland, Elliott Gould, Robert Duvall, Fred Williamson, Sally Kellerman

111 minutes

Comédie burlesque

Palme d'or Festival de Cannes 1970

Synopsis :

Sur une base médicale militaire américaine, alors que la guerre de Corée fait rage...

Le flot de blessés est incessant, ils sont, pour la plupart, acheminés par hélicoptère et opérés directement et en urgence par une équipe de chirurgiens chevronnés...

Sans doute blasés par un travail stressant et prenant, ces derniers choisissent de tout prendre à la rigolade, multipliant les plaisanteries (le plus souvent graveleuses et axées sur le sexe) et n'hésitent pas à défier leur hiérarchie, ils sont même capables d'insubordination....

L'arrivée d'une nouvelle infirmière va mettre le feu aux poudres, cette superbe blonde volcanique se prend d'affection pour un des militaires réputé prude et "curotin"...

Les deux plus éminents médecins sont amenés à venir soigner un enfant et arrivent en tenue de golfeurs sur les lieux, ce qui provoque un mini incident diplomatique !

Le film suit leurs parcours, leur quotidien et va se conclure par un gigantesque match de football où tout le monde pourra lâcher ses envies, un véritable exutoire où tout ce qui était amorcé auparavant va pouvoir exploser dans des délires improbables !

Mon avis :

MASH est sans conteste le film le plus décomplexé sur un sujet grave : la guerre...

Altman prend le parti pris risqué et courageux de tout tourner en dérision et dès le début du métrage on comprend bien que tout va être du même tonneau jusqu'à l'issue du film, multipliant les gags avec brio et baignant sans cesse dans un délire, que ce soit au niveau des répliques (cinglantes) que de l'histoire racontée (loufoque)...

Mais attention ! Altman est très malin et adopte un traitement résolument intelligent pour nous faire rire ! A aucun moment le film n'est vulgaire ou méchant...

Il se dégage même une finesse d'esprit, un peu à la Desproges, qui se révèlera savoureuse et unique, car hors des conventions du cinéma humoristique d'outre Atlantique...

Avec un ton complètement décalé, Altman nous fait rire de bon coeur mais ne prend pas le contre-pied de son idée première, tourner tout à la dérision certes, mais avec une grande habileté et surtout une maîtrise totale de son sujet...

Les militaires s'extasient sur la plastique des infirmières mais celà ne prend pas une tournure sexiste ou libidineuse, on sent qu'Altman s'en sert comme levier pour amplifier son humour, chaque personnage restant dans la place qui lui incombe et demeurant juste, tout sonne de manière cadrée dans "MASH", rien n'est laissé au hasard !

Certes les personnes aigries auront quelque peu de difficultés à saisir cet humour, ce qui en fait un peu les limites de l'oeuvre, s'adressant à un public déconneur de nature et rigolard...

Autrement, sur l'aspect technique, pas grand chose à dire, c'est du très beau travail, Altman développe une intrigue sur des plans très dynamiques et fouillés, un véritable régal !

Extrêmement sympathique dans sa démarche, "MASH" a le double avantage de détendre le spectateur mais également de révolutionner du cinéma américain par un culot plutôt atypique pour l'époque !

A visionner absolument !

Note : 9/10






mercredi 21 août 2013

RASHOMON d'Akira Kurosawa, 1950


RASHOMON

d'Akira Kurosawa

Japon

1950

Drame

avec Toshiro Mifune

94 minutes

Synopsis :

La ville de Kyoto, au onzième siècle...

Sous une pluie torrentielle, trois individus trouvent refuge sous le porche d'un bâtiment, il s'agit d'un bonze, d'un bûcheron père de famille et d'un passant qui se trouvait là à ce moment...

L'un des hommes semble bouleversé, il raconte ce qu'il a vu il y a trois jours...

Il a découvert le corps d'une femme dans une forêt...

Le film va retranscrire les événements perçus à la fois par le tueur guerrier, par la femme agressée sexuellement et par son époux...

Comme dans un tribunal, mais avec le spectateur comme principal juge, les versions sont données par chacun des protagonistes et s'avèrent toutes différentes les unes des autres, partant du principe que chaque personne, suivant sa propre expérience et selon sa faculté d'analyser les événements, n'a pas la même appréhension des faits...

Mon avis :

Si l'on recadre le film dans son contexte, on peut aisément dire que "Rashomon" fit découvrir le cinéma Japonais au monde entier, et par ce biais le cinéma de Kurosawa, exotique et atypique par rapport aux productions d'alors...

Il y a une mise en scène superbe dans cette oeuvre et un découpage de plans vraiment révolutionnaire au cinéma, créant, recréant et inventant des trouvailles qui seront reprises bien plus tard par d'autres réalisateurs (le soleil brillant à travers les arbres, les mouvements de caméra très fluides et étonnamment dynamiques)...

Il y a des pulsions dans le guerrier qui veut souiller l'innocence de la fille en la violant mais pas non plus de voyeurisme graveleux, celà s'effectuant presque comme une danse ou un ballet lorsque Kurosawa choisit de filmer l'agression, on ne ressent pas de malaise mais plutôt une grande admiration eu égard à la technique narrative employée par le metteur en scène...

Ce qui frappe aussi c'est la musique, un thème lancinant qui reprend note pour note près le Boléro de Ravel, astucieuse idée pour maintenir un aspect lyrique à un film qui transgresse le drame ou le film d'investigation pour se révéler avant tout émotionnel...

Les paysages semblent être le théâtre d'un combat victime/bourreau et Kurosawa a su exploiter avec brio les décors naturels de la forêt, nous faisant profiter de ses moindres recoins, n'importe qui pouvant s'y dissimuler comme dans un refuge de l'inconscient ou au contraire un endroit "exutoire" où tout est permis car loin  de la ville, de la civilisation et de l'ordre représenté la police...

Des plans fixes ponctuent métronomiquement "Rashomon" comme la pluie diluvienne qui s'abat sur les toits du temple ou ces personnages assis au sol pendant plusieurs minutes qui déroulent sciemment leurs histoires...

On se trouve plongé dans du très grand cinéma qui sera l'amorce de la gloire pour Kurosawa et lui permettra de continuer sa carrière, après un tel succès, pour aller au bout dans sa recherche graphique et dans son exploration narrative...

Magnifiquement mis en scène, "Rashomon" recèle de nombre de qualités et se doit d'être visionné pour tout cinéphile curieux et surouvert sur tous les types de cinémas...

Note : 10/10






lundi 19 août 2013

Le septième sceau d'Ingmar Bergman, 1957


LE SEPTIEME SCEAU

d'Ingmar Bergman

Suède

1957

avec Max Von Sydow, Gunnar Bjornstrand, Bibi Andersson, Nils Poppe

Fantastique métaphysique

94 minutes

Synopsis :

Au 14ème siècle dans une province suédoise située au bord de mer...

Antonius, un chevalier et Jöns son écuyer trouvent villégiature sur une plage après avoir combattu leurs assaillants lors des croisades...

Un mystérieux personnage, de grande taille et au visage orné d'un masque blanc se présente auprès d'Antonius comme étant la mort...

Il propose à ce dernier de jouer à une partie d'échecs qui symbolisera l'échéance du décès, le vainqueur de ce jeu funeste retardera ainsi son trépas, sachant que le pays est rongé par la peste...

Dans un second temps, des saltimbanques membres d'une troupe de théâtre sillonne la contrée, avec insouciance et gaieté de vivre (ils viennent d'avoir un bébé de huit mois)...

Un forgeron victime d'adultère cherche à retrouver un des acteurs qui l'aurait trompé avec sa femme, Olga...

De fil en aiguille, les pérégrinations et les rencontres, fortuites ou non, faites par Antonius vont le faire douter du message de la mort...

Mais cette dernière se rappelle à lui un soir où il se retrouve dans un château où il n'était pas allé depuis une décennie...

Une "danse" macabre et ésotérique s'amorce et ramène Antonius face à ses propres démons, ses doutes et ses torpeurs...

Mon avis :

Sans doute le film le plus ambitieux de son auteur, "Le septième sceau" poursuit une trajectoire emplie de métaphores sur l'existence, la fascination religieuse et la crainte de la mort...

Mort omniprésente dans le métrage que ce soit sous forme physique ou latente (la peste), Bergman transgresse les réalités par le biais de séquences imagées ou de sursauts graphiques de toute beauté (comme cet écureuil symbolisant la réincarnation lors de la chute de l'arbre)...

Bergman est l'émetteur et le spectateur le récepteur mais les ondes se brouillent de temps à autre, parasitées par un hermétisme aussi bien scénaristique que dans la mise en images, particulièrement érudite...

Bref, il faut s'accrocher mais au final, celà s'avère payant puisque "le septième sceau" est un régal !

A la mise en scène atypique et flamboyante, le film regorge de trouvailles révolutionnaires pour l'époque et l'on est quasi sûr qu'il influencera bon nombre d'autres cinéastes (je pense à Mario Bava puisque le passage du cheval sur la plage dans la nuit a été repris dans "le Corps et le fouet" et dans "Duel au couteau")...

Doté d'un lyrisme et en même temps d'une modernité graphique, joué par des acteurs "habités" par leurs rôles, à défaut d'être accessible au plus grand nombre, " le septième sceau" fait voler en éclats les conventions du cinéma de l'époque, instaurant de nouveaux codes cinématographiques que peu d'autres metteurs en scènes ne pourront franchir...

Bergman "foudroie" le cinéma d'alors et son film fut salué de toutes parts comme annonciateur d'un nouveau style, à mi chemin entre le drame, le film fantastique et l'onirisme pur...

En outre, "Le septième sceau" a le double mérite de faire s'intéresser à une oeuvre artistique peu commune et de donner une forte leçon de cinéma aussi bien au spectateur lambda qu'aux puristes esthètes avides de films d'auteur...

Proprement unique, un film qu'il faut avoir visionné pour idéaliser clairement ce qu'est le haut niveau au septième art...

Note : 10/10






samedi 17 août 2013

Nous sommes la nuit de Dennis Gansel, 2010


NOUS SOMMES LA NUIT

de Dennis Gansel

avec Jennifer Ulrich, Max Riemelt, Karoline Herfuhrt, Nina Hoss

Allemagne

2010

Fantastique vampirique moderne

95 minutes

Synopsis :

Louise, une superbe blonde, coordonne deux autres jeunes femmes dans des exactions pour le moins discutables : il s'agit de vampires !

De plus elles ont la particularité d'être immortelles et d'avoir énormément d'argent !

Après avoir décimé les occupants d'un avion privé, elles organisent des soirées dans un night club où l'alcool coule à flot et où la musique techno branchée résonne à fond les bananes !

Léna, une jeune marginale vivant dans un quartier sordide d'une banlieue germanique, se rend à une des fêtes par hasard, Louise se sent attirée indiciblement par elle...

Elle va en faire une disciple !

Mais Léna est recherchée par la police pour vol de carte bancaire !

Devenue succube à son tour, les autorités vont, de fil en aiguille, remonter à Louise et ses acolytes...

Pendant ce temps, les carnages se répètent !

Mon avis :

"Nous sommes la nuit" est une réussite dans le genre du film de vampires moderne, les scènes s'enchaînent avec une grande précision, le rythme est formellement dynamique et le jeu des actrices demeure convaincant...

Relecture d'une mythologie où les dance floors ont remplacé les châteaux ou les demeures gothiques, "Nous sommes la nuit" n'oublie pas d'être efficace dans sa démarche même si le métrage ne fait pas du tout peur...

Le début est sidérant et on comprend qu'on a affaire à quelque chose qui sera bien foutu et au budget conséquent...

Habile dans son traitement, le film se suit avec un certain plaisir et fait référence à des prédécesseurs parfaitement identifiés mais arrive à se démarquer de ceux ci grâce à une modernité qui fait figure d'innovation, il ne plagie pas mais donne plutôt une vision globalement différente du mythe vampirique...

Ici les succubes sont des trentenaires sexy qui aiment la vitesse et faire du shopping, elles se révèlent excessives et désireuses de vivre à cent à l'heure ! Et pour cause, les bougresses sont en plus immortelles ! ce qui permet des libertés scénaristiques bienvenues pour amplifier une histoire qui se vit de l'intérieur, avec des séquences "en instantané", presque uniques en leur genre !

L'intrigue policière sert de levier pour redonner plus d'intérêt au film et rajoute ainsi un climat d'oppression voire d'étouffement face à des idées parfois saugrenues (la scène de la piscine, la cigarette dans le restaurant...).

Au final, Dennis Gansel s'en sort plutôt bien et ravive les braises d'un style qui peinait à se revigorer, faisant de "Nous sommes la nuit" un "must have seen" qui ravira aussi bien les jeunes issus de la culture gothique que les amateurs de sensations fortes au septième art...

Je prédis qu'il se bonifiera avec les années...

Note : 9/10