dimanche 2 février 2014

Un chien andalou de Luis Bunuel et Salvador Dali, 1929

UN CHIEN ANDALOU
de Luis Bunuel et Salvador Dali
France
1929
16 minutes
avec Pierre Batcheff, Simone Mareuil, Luis Bunuel, Salvador Dali, Jaime Miravilles
Court métrage onirique
Synopsis :
"Un chien andalou" est une succession de saynètes issues de rêves faits par ses auteurs, Bunuel et Dali...
Les deux hommes ont retranscrit sur pellicule leurs propres imaginaires dans un dédale de plans saugrenus et n'ayant aucun rapport entre eux, mêlant des situations baroques et improbables dans la vie de tous les jours...
Un homme tranche l'oeil d'une femme avec un rasoir, une main se retrouve remplie de fourmis, un homme chute à vélo sans raison apparente, un couple se retrouve pris dans le sable d'une plage, des ânes aux yeux ensanglantés sont fixés sur des pianos reliés à une corde qu'un personnage semble tirer pour se rapprocher d'une femme, acculée à un mur...
Il s'agit, avec cette oeuvre, de "capter" le surréalisme de Dali car les pans du métrage font souvent et principalement références aux peintures abstraites du maître...
"Un chien andalou" se vit et se découvre comme une expérience insensée, magique et globalement insolite, loin des stéréotypes du cinéma traditionnel...
Mon avis :
Bourré de métaphores amplifiées par une mise en scène virtuose d'une fluidité absolue, "Un chien andalou" fait référence par le biais d'allégories subliminales à des thématiques visant à critiquer et dénoncer la bourgeoisie de l'époque (on est en plein dans la crise financière de 1929) ou la perception qu'ont les gens de la société (la scène introductive de l'oeil coupé peut renvoyer à la vision déformée puis annihilée brutalement, notamment avec la lune "souillée" par ces nuages noirs, comme sortis des enfers)...
Tout comme la main, "outil" de l'onanisme se retrouve mortifère avec cette invasion inopinée de fourmis, puis sera coupée et retrouvée au sol en pleine rue, titillée par une très jeune femme et son bâton, ou encore le papillon avec la tête de mort, pouvant symboliser la rétrogradation de la vie suite à des événements négatifs ou anxiogènes...
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce film, c'est que chacun pourra, à sa guise, interpréter comme bon lui semblera cette ouverture vers l'inconnu, vers les portes de l'imaginaire et du subconscient : c'est une approche personnelle du cinéma, hors codes et hors conventions que peu de (pratiquement aucun) metteurs en scène n'a eu l'idée de (re)créer au cinéma, ce qui en renforce indéniablement l'intérêt et le niveau de performance...
"Un chien andalou" est un condensé sur un peu plus d'un quart d'heure d'heures entières de "rêves" qui auraient pu se dérouler sur plusieurs heures, tout y est si dense que le temps en est presque occulté, floué et sur quinze minutes on peut en dire beaucoup plus long et fort que sur de longs discours ou diatribes cinématographiques sans relief, ici Bunuel et Dali ont transgressé les éléments basiques pour emboîter sur des récits à l'amplitude onirique poussée à maxima, sans la moindre compassion ni concession de condescendance vis à vis du spectateur, mis dans une posture inconfortable et le forçant à se "masturber le cerveau"...
Techniquement parlant, "Un chien andalou" a révolutionné le septième art et peut se considérer comme archétype artistique grâce à des prises de vues en hauteur et en oblique en même temps, sidérantes pour l'époque !
Un court métrage à voir absolument pour se rendre compte de l'ambition qui peut être donnée à des artistes, proche du génie et totalement atypique, ce qui en renforce l'attractivité et l'attraction sur le spectateur...
Visionnaire, décalé : jamais ces deux adjectifs n'auront trouvé meilleures significations avec "Un chien andalou"...

Note : 10/10






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