dimanche 27 avril 2014

RAWHEAD REX de George Pavlou, 1986

RAWHEAD REX
Le monstre de la lande
de George Pavlou
1986
Irlande/Grande Bretagne
avec David Dukes, Kelly Piper, Niall Toibin, Cora Venus Lunny
89 minutes
Fantastique
d'après l'histoire de Clive Barker
Synopsis :
Un endroit typique de l'Irlande, 1986...
Howard, un photographe de profession a élu villégiature dans un hôtel, le Tall man (littéralement le Grand homme) avec son épouse, Eilen, et leurs deux enfants...
Il est passionné par les vitraux de la chapelle adjacente et questionne à moult reprises le vicaire du lieu sur l'origine de ces décorations ecclésiastiques qui le fascinent...
Alors qu'il déterre une sorte de menhir, un agriculteur réveille un monstre qui somnolait, enfoui sous terre, et qui a la particularité de mesurer plus de deux mètres cinquante !
Déchaîné, la bête va s'en prendre à toute la population de la bourgade, y compris aux occupants d'un camping...
Lorsque le "raw head" kidnappe et tue le propre fils d'Howard, ce dernier n'a plus qu'une obsession : le retrouver et le mettre hors d'état de nuire !
Aidé par la police et quelques villageois surarmés, ils organisent une battue contre le coriace prédateur...
Mon avis :
D'après une histoire du mythique Clive Barker (que l'on ne présente plus tant il a oeuvré qualitativement pour le cinéma fantastique), ce "Rawhead Rex" s'avère un métrage très sympathique non exempt de quelques défauts scénaristiques (la scène de la voiture lors de l'arrêt pipi ne tient pas du tout la route, c'est le cas de le dire !) mais honnête et sincère dans sa démarche, appuyée par un gigantesque monstre croquignolet et aisément mémorisable...
Pavlou gratifie donc le spectateur de multiples séquences chocs plutôt couillues et faisant la part belle à un gore que n'aurait pas renié Roger Corman dans ses séries B antérieures ("Humanoids from the deep", en particulier)...
A mi chemin entre pur nanar et film fantastique conventionnel, "Rawhead rex" donne une approche païenne à son monstre tueur et apporte une grande place à la religion dans son propos, tout en évitant de tomber dans le satanisme primaire, ce qui est tout à son honneur et le place dans un process scénaristique intéressant, faisant s'articuler des thématiques comme l'héroïsme, le sens de la famille, la peur latente et la géographie hostile voire étouffante...
Parfois lent, le film finit par décoller dès que la police identifie la nature du Rawhead pour stimuler une action qui s'avèrera omniprésente jusqu'au dénouement improbable, jonchée de cadavres et ne ménageant personne (même les enfants sont victimes du monstre qui ne fait aucune distinction lors de ses forfaits !)...
Malgré quelques moments assez balourds (les roulages de pelles à répétition), on peut se laisser prendre au jeu et apprécier réellement un film qui se prend au sérieux mais qui arrive bien à doser son histoire, du moins suffisamment pour la rendre haletante et agréable à suivre...
Dans l'ensemble, "Rawhead Rex" n'est pas le chef d'oeuvre annoncé car victime d'un empâtement dès son entame mais s'en sort pas trop mal sauf pour ceux qui en attendront un métrage transcendental, ici c'est pépère et ça ne décolle qu'à la fin mais ça reste amical et assumé, sans prétention aucune !
A visionner entre amis...

Note : 7.5/10






samedi 26 avril 2014

Le discours d'un roi de Tom Hooper, 2010

LE DISCOURS D'UN ROI
de Tom Hooper
Grande Bretagne
2010
avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush
118 minutes
Biopic dramatique et historique
Synopsis :
Le duc d'York est le descendant du roi d'Angleterre, George V, il est atteint de bégaiement, ce qui constitue un sérieux handicap lorsqu'il doit intervenir pour des discours en public...
Il décide de contrecarrer cette difficulté en faisant appel à un orthophoniste, Lionel, qui va se prendre, petit à petit, de compassion envers lui...
Le frère du duc, Edouard VII, promu à la royauté suite au décès du roi, décline cette distinction, car il vit avec une femme, déjà adultérine à trois reprises auparavant...
La gageure de gouverner revient donc au prince Albert !
Il va lui falloir multiplier les efforts pour enrayer son bégaiement, lui, étant devenu souverain de Grande Bretagne...
En septembre 1939, il devra prononcer un discours crucial entraînant le pays dans la seconde guerre mondiale, face à l'oppresseur allemand...
Mon avis :
Auréolé de multiples récompenses à travers le globe dont plusieurs oscars (notamment celui du meilleur film), "Le discours du roi" est un film magnifique qui traite d'un sujet rarement décliné au cinéma et de plus, par le biais d'un illustre personnage historique, permettant ainsi une composition des acteurs certes académique, mais au potentiel de difficultés énorme, et ces derniers s'en sortent avec brio, rendant justes leurs personnages, le souci du détail de la reconstitution aidant, l'époque étant retranscrite avec faste et précision...
Il se lie rapidement une complicité entre Albert, surnommé Bertie, et Lionel, l'orthophoniste, une relation comme entre deux amis dont l'un veut aider l'autre à surmonter ses difficultés et son handicap, il s'instaure un climat fusionnel qui portera ses fruits, le tout mis dans un séquençage émotionnel re(n)voyant l'humain à l'humain, l'appel de la solidarité au déploiement d'une main tendue vers l'autre...
Le fameux "discours" du titre tient dans un rituel parfaitement élaboré et au timing millimétré qu'Hooper nous dévoile à deux reprises, avec le temps de concentration (aussi bien pour le spectateur que pour le roi) qu'il faut pour appréhender la parole...
Lors du final, on est bouleversés et on ne peut retenir ses larmes, le passage extraordinaire et l'aisance inattendue du speech du roi, l'impact que celui ci a (aussi bien sur la population anglaise que sur le déroulement de l'histoire -l'entrée dans la seconde guerre mondiale !_), la famille qui félicite Albert, tout confère à une tension dramatique et à un apaisement en même temps, filmé avec des cadrages et un défilement de caméra en longueur qui a de quoi bluffer et sidérer (le roi saluant la foule de son balcon, scène impossible à réaliser vu le nombre de figurants demandé, je pense qu'elle a été conçue par Hooper en utilisant des effets numériques)...
Il s'établit un process scénaristique et de direction d'acteurs qui créée rapidement une empathie pour les principaux personnages, le roi Albert en tête, et les seconds rôles (Churchill ou la reine actuelle Elizabeth, alors enfant) sont crédibles...
Fédérateur et engrangeant une partie de l'histoire du vingtième siècle, "Le discours du roi" est doté d'une grande force et d'un intérêt majeur pour mettre en lumière un aspect méconnu d'un moment oecuménique, il ramène ainsi à (dé)montrer que lorsqu'un homme a la volonté de s'en sortir et qu'il est aidé en ce sens, il peut abattre des montagnes et s'acquitter de ses fonctions de la plus belle manière qui soit...
Inoubliable !

Note : 10/10







lundi 21 avril 2014

LA SOURCE d'Ingmar Bergman, 1960

LA SOURCE
d'Ingmar Bergman
Suède
1960
avec Max Von Sydow, Birgitta Pettersson, Gunnel Lindblom, Birgitta Valberg
89 minutes
Rape and revenge métaphysique
Oscar du meilleur film étranger 1961
Edité en blu ray chez studiocanal
Synopsis :
Karin, jeune femme à peine sortie de l'adolescence, vit avec son père Töre, sa mère et sa soeur adoptive Ingeri, enceinte et considérée comme fille volage, ce qui fait qu'elle doit s'acquitter de toutes les tâches ménagères et ingrates, elle est comme "répudiée" au sein de la famille...
Karin doit aller porter des cierges à la paroisse du village, située à quelques kilomètres...
Elle doit traverser une forêt dense, à cheval...
Alpaguée par deux bergers malveillants, Karin est violée sauvagement et tuée d'un coup de gourdin asséné sur le crâne !
La neige et le froid arrivent et les deux bergers, transis, demandent refuge et hospitalité dans une bâtisse...
C'est la maison de Töre !
Dès que la mère se rend compte qu'il s'agit des vêtements de sa fille qu'essaient de lui vendre les deux bergers, un déchaînement de violence va s'emparer d'elle et de Töre !
Mon avis :
Douze années auparavant, "La source" préfigure la même trame scénaristique imparable que "La dernière maison sur la gauche" de Wes Craven avec un côté métaphysique en plus, et le même gimmick du collier appartenant à la jeune victime remplacé ici par des vêtements...
Tout est magnifique dans ce film qui hantera la mémoire du spectateur très longtemps après visionnage, multipliant les passages subliminaux (la fumée qui s'échappe de la lucarne du toit de la bâtisse, les apparitions récurrentes du corbeau -synonyme de la mort-, la grenouille enfermée dans le pain, la neige qui tombe, le gamin terrorisé aux yeux psychotiques)...
Bergman a ce don d'intégrer de la fluidité dans son récit, il se détache du cinéma conventionnel pour accoucher d'une oeuvre hypra maîtrisée, rugueuse et fantasmatique, proche du cinéma de Kurosawa (beaucoup le comparent au maître japonais), cette façon d'enchaîner les plans, cette grâce dans la mise en scène et ce souffle porté par le jeu des acteurs configurent et paramètrent un cinéma de très haut niveau ne ressemblant à aucun autre...
Karin symbolisant l'innocence, la pureté va être souillée par les "hommes démons", renvoyant des métaphores sur la religion (par ailleurs copieusement égratignée dans le film) et la vengeance salvatrice de Töre (extraordinaire Max Von Sydow !) sera moins une libération qu'un poids lourd à porter (lors d'une pantomime, Töre invoque le dieu Odin de lui pardonner ses actes !)...
Karin pensait partir retrouver Dieu, elle trouvera la mort !
Le rapport ambigu entre Karin et Ingeri, personnages ambivalents éloignés l'une de l'autre, et le fait qu'Ingeri assiste au viol et "laisse faire" renverra à la fois à la perversité et au sentiment de post culpabilité...
La scène de la "vengeance" barde sec et rien n'est épargné ni au spectateur ni aux bergers coupables, face à la montagne qu'est Töre, avant tout guerrier et père implacable intraitable si l'on a le malheur de toucher à sa fille !
Le final est poignant lorsque la famille retourne sur les lieux du drame et retrouve le corps sans vie de Karin, faisant s'échapper une source d'eau du sol, allégorie d'une résurrection ou d'une purification pour Ingeri qui se passe de l'eau abondamment sur le visage...
Aux frontières du film fantastique et du drame naturaliste et doté de passages aussi mémorables qu'esthétiquement parfaits, "la Source" est un réel chef d'oeuvre que tout cinéphile se doit d'avoir vu absolument !

Note : 10/10








dimanche 20 avril 2014

La crypte du vampire de Camillo Mastrocinque, 1964

LA CRYPTE DU VAMPIRE
aka La Cripta e l'incubo
de Camillo Mastrocinque
Italie
1964
avec Christopher Lee, Adriana Ambesi, Ursula Davis
81 minutes
Horreur gothique
Distribué en DVD chez Artus films
Synopsis :
Un château isolé, le Comte Karnstein y vit avec sa fille Laura, d'une vingtaine d'années...
Rowena, la gouvernante du lieu semble énigmatique...
Laura fait de violents cauchemars toutes les nuits et rêve de Sheena, une sorcière exécutée par des inquisiteurs il y a des lustres et qui est son ancêtre...
Rowena "entretient" la névrose de Laura, cherchant à tout prix à faire réincarner Sheena dans le corps de la fille Karnstein, pour celà elle invoque le démon lors de messes noires nocturnes dans les couloirs du château...
Le comte fait appel à Monsieur Klaus, un restaurateur de tableaux anciens, pour remettre à neuf les centaines d'oeuvres qui figurent au sein du château...
L'arrivée d'une superbe femme, demandant repos et hospitalité dans la demeure, va bouleverser Laura, installant la jalousie de Rowena et amplifiant les fameux cauchemars de plus en plus récurrents !
Mon avis :
"La crypte du vampire" est un bon film mais n'a de films de vampires que le titre et ceux qui pensaient voir le légendaire Christopher Lee dans un rôle de vampire seront déçus, l'acteur ne figurant pas dans cette composition mais heureusement Mastrocinque connaît les codes atmosphériques du film gothique et les applique à la lettre, dans un pur esprit "bavaien" qu'il cerne à merveille !
L'érotisme illuminant par le biais d'actrices sensuelles est pour beaucoup dans la réussite du métrage, avec un amour lesbien naissant entre les héroïnes, comme imbriquées entre elles par un lien viscéral et pour cause ! Mastrocinque parvient avec une facilité brillante à entretenir cette teneur en relation fusionnelle et appuie avec brio ce postulat pour le faire décoller lors de la révélation finale !
Certains passages sont vraiment terrifiants (le bossu dans le clocher, la fouille de la crypte, les cauchemars de Laura, le flashback du sacrifice de Sheena) et mettent la peur comme levier premier d'une ambiance de folie, à la limite du délire (la main coupée qui sert de chandelier, trouvaille inédite dans le genre !)...
Christopher Lee apparaît en fait très peu, l'intrigue se concentrant surtout sur les personnages de Laura et de la visiteuse, elles sont la pierre angulaire scénaristique du film et servent d'articulation à l'histoire, le tout sublimé par des décors magnifiques, dégageant une atmosphère gothique pure et cristalline, transfigurée par une musique de nappes synthétiques du plus bel effet...
Introduisant un nouveau style bien ancré dans son époque, Mastrocinque casse les codifications instaurées par la Hammer et transmet son savoir et son savoir faire pour un film certes un peu lent, mais passionnant à suivre...
Artus films doit être félicité pour son initiative d'avoir sorti ce film rare et précieux, un vrai régal pour tous ceux qui sont friands de ce genre de productions et l'occasion pour les néophytes de se plonger dans cette oeuvre capitale du cinéma gothique italien...
A posséder impérativement...

Note : 9/10






samedi 19 avril 2014

This is Spinal Tap de Rob Reiner, 1984

THIS IS SPINAL TAP
aka Spinal Tap
de Rob Reiner
Etats Unis
1984
avec Patrick Mac Nee, Angelica Huston, Christopher Guest, Rob Reiner, Michael Mac Kean, Harry Shearer, Tony Hendra
79 minutes
Film musical parodique
Synopsis :
Marty De Bergi, un réalisateur de documentaires, suit le groupe de hard rock, Spinal Tap, lors de ses tournées, de ses galas et de l'enregistrement de ses albums...
Il s'agit en fait d'un groupe qui n'existe pas et Rob Reiner met en lumière sur un ton parodique l'univers des groupes de rock, leurs déboires, leurs succès, les aléas de la production, les annulations in extremis de concerts, bref il passe en revue tous les clichés inhérents aux artistes de rock avec humour et dérision...
Mon avis :
Jubilatoire, jouissif, irrésistible, déjanté, les qualificatifs manquent pour définir ce film improbable qu'est "This is Spinal tap", devenu rapidement culte grâce à des séquences à mourir de rire qui cataloguent les mythes du rock par le biais de musiciens iconoclastes et restés dans le monde de l'adolescence, des situations burlesques à maxima et un délire complet qui ne faiblit pas jusqu'au générique de fin...
Regorgeant de trouvailles humoristiques qui font mouche comme l'ampli de guitare gradué jusqu'à 11, le bassiste bloqué dans son sarcophage lors du concert, le batteur qui explose (?), le groupe qui se paume dans les coulisses et qui ne retrouve plus la scène, les pochettes de disques délirantes ("IntraVenus de Milo", "Shark sandwich"), "Spinal tap" est un LOL filmique avec en prime une excellente musique à mi chemin entre rock et heavy metal !
Les acteurs incarnent leurs rôles à la perfection et y croient à fond, rendant sincère le propos du film et l'apposant comme pierre angulaire du métrage musical parodique (genre très rare au cinéma par ailleurs) et donnent un côté touchant à l'entreprise de Reiner, à la fois par leur naïveté et leur insouciance...
La scène du portique qui bipe résume en quelques secondes le ton de "Spinal tap" qui ne prend jamais rien au sérieux, témoignant d'une dérision de bonne humeur et d'une liberté de ton sidérante, sans complexe et déployant une omniprésence d'humour malgré des situations qui auraient pu être traitées de façon catastrophiste (il y a des plans foireux, les Spinal tap se prenant des coups de "loose" totale -le passage avec la dédicace dans le magasin où personne ne vient !- la censure de leur pochette annulant la distribution de leur disque- le concert dans l'aéroport militaire-)...
Le "menhir" avec une confusion au niveau du diamètre (la conceptrice a confondu mètre et centimètre) qui a pour conséquence la venue des nains sur la scène, alors là il fallait oser !
Reiner va toujours au bout de son délire, ne lâche rien et franchement on se régale !
Je suis sûr qu'il y a des similitudes entre "Spinal tap" et les standards de l'humour actuels ou passés (comme les Nuls, par exemple !), ce film a ouvert la voie à un humour nouveau et revigorant, il tomba à pic en somme !
OVNI total, "Spinal Tap" laissera un souvenir indélébile à tous les chanceux qui l'auront visionné et peut se revoir avec facilité car c'est une cure de jouvence et de bonne humeur, idéal en cas de coup de blues !
Un chef d'oeuvre à découvrir ou redécouvrir, on ne s'en lasse pas !

Note : 11/10 (clin d'oeil à la graduation de l'ampli)






dimanche 13 avril 2014

VORACE d'Antonia Bird, 1999

VORACE
aka Ravenous
d'Antonia Bird
Etats Unis
1999
avec Robert Carlyle, David Arquette, Guy Pearce, Jeffrey Jones
Western cannibalique atypique
97 minutes
Synopsis :
Etats Unis, 1847 pendant la guerre mexicano américaine...
John Boyd, un vétéran ayant combattu contre l'oppresseur est décoré pour avoir tenu en échec un camp ennemi stratégique...
En fait, Boyd est un lâche et ne mérite aucun honneur, ayant fait le mort et ayant laissé le reste de sa cavalerie se faire massacrer par les mexicains...
Il se voit muté en Californie...
Arrive un mystérieux homme nommé Colqhoun, qui prétend n'avoir pas mangé de nourriture pendant trois mois !
Il est recueilli par Boyd et le colonel Hart et leur indique un endroit où reste trois autres survivants...
Ni une ni deux, les hommes de Hart se rendent sur les lieux !
Il s'agit d'un piège et l'horreur va se refermer sur eux !
Mon avis :
Film rapidement devenu culte après le décès d'Antonia Bird, "Vorace" est un modèle du genre et se place au carrefour de différents qualificatifs de métrages, à la fois western, film d'horreur et angoisse pure mâtinée de cannibalisme...
L'excellent acteur Robert Carlyle trouve ici une composition sur mesure et délivre une prestation hors du commun, crevant l'écran et apportant une dimension réellement anxiogène à son personnage, sorte de serial killer improbable et pour ainsi dire d'une originalité inédite jusqu'alors !
Le mythe ancestral indien du "Wendigo" sert de levier pour accentuer cette peur indicible du cannibale et tout se déroule crescendo, à grand renfort de passages gore et où à aucun moment le spectateur ne décroche, pris dans une intrigue passionnante et quasi hypnotique...
Les paysages magnifiés par la neige et les montagnes trônant sur la forêt sont un régal et transcendent un cadre qui colle parfaitement à l'ambiance du film, servant la force de la nature impénétrable face au danger du tueur cannibale qui semble être impossible à éradiquer, car il connaît les moindres recoins de ces lieux...
Le passage dans la grotte semble être un hommage à l'"Anthropophagous" de Joe D'amato tourné 19 années auparavant et met vraiment mal à l'aise par le biais d'un score lui aussi très flippant !
Egalement une flagrante référence au premier "Rambo" lors du passage de la chute vertigineuse dans le vide, freinée par les branches des arbres, il doit s'agir sans doute d'un clin d'oeil que les plus cinéphiles d'entre nous auront noté !
La direction d'acteurs et l'implication de ceux ci dans l'histoire est irréprochable, il est injuste que "Vorace" ait été un bide lors de sa sortie en salles car tous les ingrédients sont réunis pour en faire un chef d'oeuvre du film d'horreur, tout comme l'aurait été "Le silence des agneaux" ou "Se7en" tant le personnage principal est atypique et s'intègre à merveille dans le panel des tueurs en série, le cannibalisme en prime rajoutant dans l'horreur et la peur !
D'ailleurs l'idée de la contagion par l'anthropophagie est bien vue une nouvelle fois et booste le film, entraînant avec vitalité le scénario pour un rebondissement que nul n'aurait pu prédire ou entrapercevoir !
Un bel exemple du renouveau du film d'horreur de la fin des années 90 qui laissera une marque indélébile.

Note : 9/10





samedi 12 avril 2014

LA VIE EST UN MIRACLE d'Emir Kusturica, 2004

LA VIE EST UN MIRACLE
d'Emir Kusturica
Serbie
2004
avec Slavko Stimac, Natasa Tapuskovic, Vesna Trivalic, Vuk Kostic, Nikola Kojo
Love story déjantée
149 minutes
produit par Alain Sarde, Emir Kusturica et Studiocanal
Synopsis :
Bosnie, 1992, le long d'un chemin de fer isolé en pleine montagne...
Luka et son épouse Jadranka sont les tenanciers responsables du relais de la voie ferrée, celle ci doit être l'objet de travaux afin d'agrandir la ligne, il est prévu de percer la montagne afin d'y faire passer le futur train...
Le maire de la bourgade, fervent et ardent instigateur du projet, est abattu lors d'une partie de chasse !
Milos, le fils de Luka et Jadranka, est appelé à entrer sous les ordres, la guerre se profilant à vitesse grand V...
Jadranka, quitte alors Luka pour s'amouracher d'un musicien cymbaliste...
Luka se retrouve seul, désoeuvré, et doit faire face aux bombardements incessants qui font rage...
Se persuadant de tout mettre en oeuvre pour retrouver son fils, il accepte le deal d'héberger Sabaha, une jeune musulmane, en échange de quoi il retrouvera son fils en concluant le marché de ramener Sabaha à sa famille d'origine...
Tout va se compliquer car Luka tombe fou amoureux de Sabaha et refuse de se séparer d'elle !
Mon avis :
Love story iconoclaste et totalement improbable, "La vie est un miracle" multiplie les prouesses techniques et sidère par son originalité et sa singularité, ne ressemblant à aucun film d'amour réalisé auparavant...
Kusturica (s')est déchaîné et a posé tout son talent sur une histoire qui part dans tous les sens, emplie d'un graphisme, d'une manière d'apposer les plans et les mouvements de caméras à la fois grandioses et subliminales...
Tonique, virtuose et fou, le film renvoie à dos toutes les oeuvres sur les idylles du septième art, mixant et démultipliant les équations amoureuses pour tenir la dragée haute à tous les réalisateurs ayant abordé cette thématique, par le biais d'un contraste inhérent à la culture serbe et bosniaque (le film traite du conflit qui débuta en 1992 avec une approche d'une grande intelligence, qui servira à la folie du film - à la fois folie de l'homme et folie d'une relation impossible-)...
Transcendant et explosant tous les codes cinématographiques avec une aisance déconcertante, Kusturica apporte une densité à son film (il dure 2 heures 30 et regorge de dialogues, de situations, d'endroits géographiques différents, ce qui demande une grande implication du spectateur pour bien garder le fil de cette histoire foisonnante !) et parvient à y donner un aspect onirique d'une fulgurance inouïe !
Les animaux ont beaucoup d'importance dans "La vie est un miracle" et le bestiaire est parfaitement représentatif (un chat, un chien, une ânesse, un cheval, des poules, un ours, des rapaces...), eux aussi vivent et font partie intégrante du spectacle magnifié par Kusturica !
La beauté de Sabaha sert de repère vital et psychique à Luka qui semblait perdre pied et retrouve petit à petit confiance en lui avec la venue de cette femme-chimère à la grâce esthétique envoûtante (l'actrice ressemble à Milla Jovovich)...
Bref, pour conclure, je dirai que "La vie est un miracle" est peut être le plus grand film serbe jamais tourné et que c'est un moment de pur bonheur, à la fois électrisant et revigorant !

Note : 10/10







samedi 5 avril 2014

La résidence de Narciso Ibanez Serrador, 1969

LA RESIDENCE
de Narciso Ibanez Serrador
Espagne
1969
avec Lilli Palmer, Christina Galbo
95 minutes
Fantastique envoûtant et ténébreux/film de demeures
Synopsis :
Une ville du sud de la France...
Thérèse, une jeune fille de 18 ans qui a perdu son père et dont la mère travaille dans un cabaret à Avignon, le Tivoli, est introduite par un ami de sa mère, et sur la demande de cette dernière, dans un pensionnat qui fait figure de maison de redressement...
Elle doit y apprendre la couture, la cuisine et diverses autres activités...
A peine arrivée sur place, elle constate une atmosphère tendue et bizarre et un mystérieux personnage voyeur qui reluque les corps des lycéennes, caché derrière de faux murs...
La tenancière de l'établissement s'avère autoritaire à l'extrême et n'hésite pas à châtier les récalcitrantes à son diktat par des coups de fouets et des remontrances diverses...
Un meurtre à l'arme blanche se produit !
Que cache donc cette "résidence" et qui sont les malfaiteurs qui y sévissent ?
Mon avis :
Pour beaucoup "La résidence" fait figure emblématique d'influence majeure pour Argento de son "Suspiria" tourné 8 années plus tard, cette référence est bel et bien justifiée et Serrador emprunte même certaines codifications du cinéma gothique italien (notamment le plan rapide du personnage derrière la fenêtre comme dans "Opération peur" de Bava ou les extérieurs nocturnes qui ne sont pas sans évoquer moult productions transalpines des années 60/70)...
Mais Serrador est très malin et va plus loin que ça, ne se contentant pas de resservir un énième giallo comme ceux qui florissaient à l'époque, il parvient, avec très peu de moyens -que ce soit géographique, la totalité du film est tourné dans les bâtiments de la résidence- ou financiers -le film a un très petit budget- à instaurer un climat de terreur avec trois fois rien et apporte une plus value indéniable grâce au jeu vénéneux des actrices, auxquelles ni Thérèse ni le spectateur ne peuvent/doivent faire confiance...
C'est cette atmosphère rapidement étouffante et claustrophobique qui va déchaîner l'horreur, servant ainsi de levier pour des crimes hypra stylisés et bluffants, même si numériquement réduits (on en compte seulement deux !)...
Il y a également un érotisme glauque sous jacent et prégnant puisque les trois quarts des pensionnaires sont des dépravées sexuelles ne pensant qu'à une seule chose, la venue des hommes dans la résidence et Serrador nous gratifie même d'une séquence paroxystique lors d'une copulation hors champs avec une métaphore sur une pelote de laine manipulée intempestivement et une aiguille de couture qui rentre son chas dans un fil !
Quant à l'ultime révélation, je vous avoue que j'ai été terrorisé !
Les dix dernières minutes du film sont vraiment foudroyantes et mettent très mal à l'aise, comme peu de métrages arriv(ai)ent à distiller la frénésie psychopathique (à l'instar du "Psychose" d'Hitchcock que je catalogue dans la même catégorie !)...
Le seul regret que l'on peut émettre ne vient pas du film mais de la piteuse qualité du DVD René Chateau qui dénature considérablement l'oeuvre avec une copie dégueulasse pan and scannée de tous les côtés (haut et bas, droite et gauche) qui flingue littéralement le plaisir pour savourer ce film !
Autrement, c'est du très bon cinéma, certes daté et peut être vieux jeu, mais franchement étonnant et plastiquement remarquable !

Note : 9/10