samedi 26 juillet 2014

BARRY LYNDON de Stanley Kubrick, 1975

BARRY LYNDON
de Stanley Kubrick
1975
Grande Bretagne/Etats Unis
177 minutes
avec Ryan O'Neal, Marisa Berenson, Patrick Magee
Fresque historique
Synopsis :
Au dix huitième siècle, Redmond Barry, un jeune homme fougueux issu d'une famille pauvre, va connaître une existence aventureuse et hétéroclite via les guerres traversées par cette époque...
Solide gaillard et combattant hors pair, il se retrouve prisonnier suite à une mascarade où il se faisait passer pour un officier prussien...
Puis, de fil en aiguille, il intègre l'aristocratie et tombe amoureux d'une Lady, qu'il épousera et à qui il donnera un enfant...
Jalousies, complots, conflits internes et ruines financières auront raison de lui et lors d'un duel il perdra l'usage de sa jambe...
Le film retrace son parcours avec à la fois son ascension puis sa déchéance...
Mon avis :
D'un lyrisme flamboyant, "Barry Lyndon" est un film monumental qui a nécessité des moyens techniques et financiers colossaux !
Kubrick a passé deux ans à effectuer des repérages pour son film et, poussant l'exigence de la perfection à maxima, a fait refaire certaines prises plus d'une centaine de fois !
Au final, on a un cinéma graphique à son apogée avec des plans picturaux proches de tableaux de maîtres de la peinture, Kubrick utilise le zoom arrière une bonne vingtaine de fois pour amplifier la beauté du cadre de l'image et, bien entendu, l'interprétation s'avère exemplaire et la reconstitution fabuleuse et imparable...
Il y a du Kurosawa dans les scènes de batailles avec ces centaines de soldats qui gravitent autour des explosions et du lyrisme dans ces duels à l'épée ou au pistolet, millimétrés et suivant un protocole parfaitement rodé et méthodique...
La tension dramatique est également de la partie et le conflit néo oedipien fils/beau père permet de faire s'articuler l'équation autorité/soumission/vengeance post adolescence avec une justesse rare, notamment lors de passages éblouissants et tournoyants (le concert qui finit en pugilat)...
D'un académisme assumé mais jamais ennuyeux, "Barry Lyndon" est une oeuvre à part dans la carrière de Kubrick, tant il y transparaît une dimension assez espiègle mais où rien n'est gratuit, chaque plan ayant sa place pour le déroulement du film...
Devenu un grand classique, "Barry Lyndon" reste une flamboyance d'effets picturaux et peut être le film le plus abouti sur le dix huitième siècle jamais imaginé et conçu...
Plastiquement parfait, il se doit d'être vu impérativement pour mesurer le talent de génie de son auteur et également pour le plaisir que l'on a à le visionner...

Note : 10/10




CHROMOSOME 3 de David Cronenberg, 1979

CHROMOSOME 3
de David Cronenberg
Canada
1979
avec Samantha Eggar, Oliver Reed, Art Hindle
87 minutes
Fantastique organique
Synopsis :
Le docteur Raglan est un psychiatre qui dirige une clinique considérée comme singulière car il y fait figure de gourou et est décrié par ses congénères pour ses méthodes pour le moins étonnantes !
Une de ses patientes, Nola Carveth, est la femme de Frank Carveth et le couple a une petite fille d'une dizaine d'années...
Les troubles comportementaux dont souffre Nola se caractérisent par une névrose appelée "psychoprotoplasme", ce terme très technique a pour conséquence la poussée d'excroissances ou de pustules causée par des délires névrotiques...
Suite au décès inexpliqué de sa belle mère, Frank décide de mettre toute la lumière sur les procédés pour le moins discutables de Raglan...
Il va découvrir l'horreur absolue !
Mon avis :
Troisième volet du triptyque "fantastique organique" de Cronenberg, peu de temps après les inoubliables "Frissons" et "Rage", "Chromosome 3" est une nouvelle fois une grande réussite, une plongée incontestable dans l'horreur et qui met KO par son audace et grâce à un scénario parfaitement maîtrisé !
Des créatures enfantines hybrides terrifiantes sont l'apanage d'une terreur sournoise qui se glisse dans le quotidien (la scène de l'école est, à ce titre, monstrueuse et nous plonge dans une angoisse viscérale !) et Reed est véritablement habité par son personnage de psychiatre dégénéré !
Des trouvailles scénaristiques permettent d'amener une horreur crescendo pour exploser dans un catharsis final qui restera dans les annales et Cronenberg ne se contente pas de simplement nous faire peur, il va plus loin en poussant le raisonnement sur un caractère sociétal (la psychiatrie démocratisée dans les pays occidentaux) et les pouvoirs de la médecine en corrélation avec les dangers de celle ci...
A la mise en scène sobre mais efficace, "Chromosome 3" parvient aisément à capter l'attention du spectateur oscillant entre film d'investigation, angoisse pure et parabole à dimension métaphysique...
Une nouvelle fois, Cronenberg a mis le paquet sur les décors glauques (papiers peints verdâtres, moquette orange) et la porte en contreplaqué qui cède suite aux assauts des monstres belliqueux évoquera un passage de "Frissons", Cronenberg trouve ses marques et se réinvente son cinéma obsessionnel avec un brio sidérant, qui confirmera son talent aux yeux du grand public...
Un modèle du genre à visionner impérativement  !
Note : 8.5/10





samedi 19 juillet 2014

SKYLINE de Colin et Greg Strause, 2010

SKYLINE
de Colin et Greg Strause
Etats Unis
2010
avec Eric Balfour, Scottie Thompson, Donald Falson, Brittany Daniel, Crystal Reed
Science fiction
94 minutes
Budget : 10 millions de dollars
Synopsis :
Une métropole des Etats Unis, années 2010...
Jarrod et sa petite amie Elaine sont conviés à une fête organisée par leur ami, Terry, un riche artiste...
Leur couple vacille et subit des hauts et des bas et Elaine "annonce" sa grossesse à Jarrod qui le prend avec une certaine distance...
Après une gigantesque beuverie, les jeunes gens s'endorment dans le luxueux appartement de Terry...
A 4 heures 27 minutes, les voilà réveillés par un étrange halo bleuté qui perfore les stores du logement...
Il s'agit de signaux lumineux envoyés par des extra terrestres hostiles qui ont envahi la terre !
Alors qu'ils sont attaqués, les occupants doivent faire face à ces phénomènes inexplicables et lutter pour sauvegarder leurs vies !
Jarrod propose de quitter l'immeuble...
Lui et ses amis tentent de passer par le parking souterrain...
De gigantesques aliens les attaquent !
Mon avis :
"Skyline", malgré une bonne volonté évidente, fonctionne à plat et souffre d'un scénario écrit sur un post-it et d'une direction d'acteurs sommaire voire absente, les comédiens manquant totalement d'expressivité et d'implication dans leurs rôles...
Le métrage tourne très vite en rond et semble faire du surplace jusqu'au final, grotesque et non avenu, et l'infériorité numérique géographique fait pâtir le film qui est victime de nombreux défauts (tout se passe dans l'immeuble ou à ses abords pendant une heure trente !, le spectateur perdant pied comme engoncé dans des lieux répétitifs desservant l'intrigue)...
Les actrices font figure de bimbos écervélées (surtout la blonde de service qui bien sûr n'hésite pas à se mettre en bikini pour faire valoir ses attributs !) et Balfour s'avère aussi charismatique qu'un veau avec son regard absent et décalé face à la gravité des situations rencontrées...
Même les effets spéciaux en CGI sonnent lourdingues et font dans le pataud avec des aliens un peu à la "Cloverfield" mais un sentiment de travail bâclé prédomine...
Les frères Strause montrent ainsi leur manque de talent et cachetonnent sur un film m'as tu vu et claqué de thunes, mais sans la moindre âme ni la moindre transparence d'émotion...
Ce qui aurait pu/du être un solide film de SF et une aventure humaine sans précédent ne reste qu'un vulgaire navet sinistre qui ne peut même pas être catalogué dans la catégorie des nanars car sa prétention l'empêche d'avoir un humour involontaire...
Criblé de clichés, "Slyline" fait la part belle aux effets téléphonés et le manque de relief et de consistance du film est d'autant plus rageant que n'importe quel autre réalisateur habitué du genre aurait certainement pu faire mieux, eu égard aux capacités financières mises sur la table (dix millions de dollars, ce n'est pas rien !)...
Bref, encore du cinéma SMS, vite consommé, vite oublié, à proscrire aux puristes des films de SF et à éviter comme la peste !

Note : 3.5/10







samedi 12 juillet 2014

The Murderer de Na Hong Jin, 2010

THE MURDERER
aka The Yellow sea
de Na Hong Jin
Corée du sud
2010
avec Ha Jung Woo, Kim Yun Seok, Jo Seong Ha, Lim Ye Won
Polar intelligent et atypique
141 minutes
Synopsis :
Yan Bian, province chinoise, 2010...
Gu Nam, un chauffeur de taxi, est endetté jusqu'à la moelle suite au départ de son épouse, cette dernière lui ayant mis à charge de rembourser une caution exorbitante...
Il essaye tant bien que mal de rattraper ses dettes de jeu mais n'y parvient guère, enchaînant pitoyablement embrouilles et bagarres...
Myun, un mafieux de la pègre locale, lui propose un marché pouvant le sortir du marasme dans lequel il se trouve...
Il doit assassiner un riche industriel et ramener le pouce de ce dernier comme preuve de sa mort à Myun...
Gu Nam accepte !
Arrivé sur les lieux, il élabore un plan minutieux qui devrait marcher au quart de tour...
Rien ne va se passer comme prévu !
Mon avis :
Deux années se sont écoulées après le formidable "The chaser" et Na Hong Jin n'a rien perdu de sa fougue et de sa fulgurance, récidivant avec "The Murderer" qui assoit définitivement sa patte stylisée et son cinéma empreint de violence(s) par un polar foudroyant et très imaginatif...
Les soi disants "bons" sont en fait les pires des crapules et le personnage principal se démène avec vigueur pour échapper à des hordes de tueurs, qu'ils soient flics ou mafieux, le film, dès qu'il prend son essor, part dans tous les sens et à 300 à l'heure !
Mené à vive allure et grâce à un scénario habile, "The Murderer" déchaîne une violence surréelle doublée d'un sens de l'action qui (re)tient en haleine jusqu'au dénouement...
Imparable dans la mise en scène, le métrage déploie toute une énergie à la fois radicale et oppressante, propre au cinéma coréen et à mille lieues des codes du polar d'outre Atlantique, il y a des trouvailles qui servent de levier à des rebondissements scénaristiques (les briquets) et les décors semblent arrivés de nulle part (les taudis dans lesquels vivent la population du film)...
Une monumentale poursuite nocturne en voitures/camion, filmée par plusieurs caméras en même temps et en une seule et unique prise, sert de tremplin à une histoire déjà riche en rebondissements et où tout semble être conçu pour déclencher l'urgence, alors que paradoxalement rien n'est fait en urgence mais bien calculé et préparé au millimètre près : le rendu est saisissant !
Un aller simple pour l'enfer où Gu Nam passera par toutes les situations possibles, inextricables malgré son tempérament vindicatif et pugnace, où le spectateur souhaite de tout coeur qu'il remporte la mise et se sorte du bourbier dans lequel il est plongé, face à des yakusas manipulateurs et sadiques, où chaque "combattant" doit se doter d'une force physique et d'une intelligence mentale pour déjouer tous les pièges, car ceux ci sont nombreux...
Allant droit au but, Na Hong Jin enfonce le clou avec "The Murderer" et privilégie autant l'aspect cérébral (on y réfléchit beaucoup) que les combats mortels (le plus souvent avec des couteaux voire des haches !)...
A l'instar du héros, le spectateur sort de là totalement collapsé !
A mi chemin entre polar actioner et film d'auteur made in Corée, "The Murderer" est à voir absolument pour comprendre la démarche du réalisateur, pilier d'un cinéma en plein essor qui s'ouvre sur le monde avec brio et vivacité...

Note : 9/10






dimanche 6 juillet 2014

MINORITY REPORT de Steven Spielberg, 2001

MINORITY REPORT
de Steven Spielberg
Etats Unis
2001
avec Tom Cruise, Colin Farrell, Max Von Sydow, Samantha Morton
Science fiction/thriller futuriste
d'après la nouvelle de Philip K. Dick
146 minutes
Synopsis :
Washington, 2054...
John Anderton est le responsable d'une unité spéciale des forces de l'ordre, la cellule "Précrime" qui a réussi en quelques mois à enrayer les meurtres et autres forfaits, grâce à des mutants ultra mediums qui prédisent l'arrivée des assassinats en temps réel, déclenchant des signaux par des focus pour qu'Anderton et ses équipiers se rendent sur place pour arrêter les criminels juste avant qu'ils ne commettent leurs actes...
Une femme adultérine est sauvée in extremis avant que son époux ne la trucide avec une paire de ciseaux, bref tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes grâce à Précrime !
Danny Witwer, le nouveau chef d'Anderton, débarqué fraîchement révèle une réelle antipathie pour ce dernier...
Lamar Burgess, la branche politique du ministère dont dépend "Précrime" s'avère également insidieux et arriviste !
Jusqu'au jour où les médiums prédisent un homicide par balle impliquant John directement !
Ce dernier s'échappe immédiatement du bâtiment...
Une chasse à l'homme impitoyable est dès lors engagée !
Mon avis :
Adapter une nouvelle de l'immense auteur de SF Philip K. Dick est toujours ultra casse gueule mais avec Spielberg à la barre, on peut dire que le métrage tient aisément la route et qu'il s'en sort avec les honneurs...
Avec un scénario aussi difficile à retranscrire, Spielberg évite le gloubiboulga futuriste et s'intéresse également à ses personnages et à leur dimension psychologique, donnant ainsi une âme à ces derniers, les valorisant, ce qui apporte un levier à l'intérêt suscité par l'histoire (passionnante) de "Minority report"...
Bourré d'action et regorgeant d'effet spéciaux sensationnels, "Minority report" se suit avec grand plaisir et il n'est pas anodin d'établir une comparaison avec "Total recall" (adaptation d'un autre roman de K. Dick, tournée onze années auparavant) et même avec "Blade Runner" pour la froideur de l'ambiance et des décors délavés aux bâtiments sombres et gris...
Dans les vingt dernières minutes, le postulat s'éclaire enfin et tout devient limpide grâce à un montage au cordeau et une restitution habile des événements écoulés précédemment...
Et là Spielberg se fait plaisir et NOUS fait plaisir, il n'oublie rien et les méchants sont punis et le bien triomphe, mais sans mièvrerie ni manichéisme outrancier, tout est subtil et bien amené...
Malgré une sémantique rébarbative voire incompréhensible inhérente à l'entame du film, Spielberg est parvenu à déployer tous les process qui font les qualités d'un film de science fiction contemporain pour ériger "Minority report" dans les rangs de ses meilleurs métrages dans le domaine de la science fiction, au même titre que "Rencontres du troisème type" ou même "E.T."...
Débordant de trouvailles visuelles et narratives et avec un Tom Cruise au meilleur de sa forme, "Minority report" est une grande réussite !

Note : 9/10