samedi 30 août 2014

LIFEFORCE, l'étoile du mal de Tobe Hooper, 1985

LIFEFORCE
L'étoile du mal
de Tobe Hooper
Grande Bretagne
1985
aka Space vampires
avec Steve Railsback, Mathilda May, Peter Firth,  Patrick Stewart, Frank Finlay
116 minutes
Fantastique
Production Cannon films (Menahem Golan et Yoram Globus)
Synopsis :
Lors d'une exploration spatiale de la comète de Halley, un vaisseau de la NASA remarque une activité extraterrestre, l'équipage découvre trois sarcophages avec deux hommes et une femme à l'intérieur...
Les membres du vaisseau sont tous tués sauf un, et après leurs découvertes, les aliens, à apparence humaine, sont rapatriées au SRC, un centre d'études commandé par l'armée britannique...
La femme s'échappe et "vampirise" plusieurs personnes en leur ôtant leur énergie, leur force vitale par un fluide bleu qu'elle puise par la bouche en les embrassant !
A leur tour contaminés, les mutants deviennent des zombies affamés et envahissent Londres, détruisant tout sur leur passage !
Deux rescapés essayent d'enrayer cette épidémie, le couvre-feu est instauré !
L'entité cosmique d'où provenaient ces vampires de l'espace se rapproche dangereusement de la Terre...
Quelle sera l'issue de ce cauchemar et à qui peut on faire confiance, l'épidémie devenant foudroyante et se propageant à vitesse grand V ?
Mon avis :
Soyons clairs, "Lifeforce, l'étoile du mal" possède une idée de départ très attrayante mais souffre un peu d'une anémie dans l'action et son manque d'envergure reste son défaut majeur, le début très prometteur finit par faire tourner le film en rond, ce que déplore en premier le spectateur qui était de prime abord captivé par ce mélange entre "Alien", "Le retour des morts vivants" (avec de surcroît des scénarii signés également O' Bannon) et même un soupçon de "L'exorciste"...
C'est d'autant plus rageant que le film avait d'énormes capacités et un gros potentiel scénaristique mais il y manque une densité, un relief dus en majorité au fait que tout se déroule en intérieur, en studios et qu'il y a énormément de parlotte...
Malgré une interprétation assez crédible, "Lifeforce" a bien du mal à convaincre, peut être aussi à cause d'effets spéciaux rudimentaires ou mal amorcés et du manque d'"hollywood" le film étant britannique et flegmatique comme un lord en fin de vie alors qu'une réalisation "à l'américaine" aurait certainement apporté plus de crédit, l'apanage du film fantastique étant plus du côté outre atlantique qu'outre manche (je vous laisse imaginer ce qu'un Carpenter aurait pondu avec un sujet pareil !)...
Film de commande pour Tobe Hooper où l'on ne retrouve nullement le style de l'auteur de "The Texas chainsaw massacre", métrage fade avec un rythme aux abonnés absents, voilà ce qui ressort de ce "Lifeforce" où l'on arrive à peine à distinguer une âme comme au temps des années 50 dans des oeuvres sincères et épris de passion, ici tout paraît vide, presque creux et c'est vraiment dommage, si l'on compare ce film avec "Le retour des morts vivants" sorti la même année (1985) bah il n'y a pas photo !
Avec un minimum d'investissement et une envie plus poussée de "raconter une histoire" et surtout de se lâcher un peu (je suis sûr que Hooper avait des contraintes avec la Cannon), "Lifeforce" y aurait beaucoup gagné...
Vraiment dispensable...

Note : 6.5/10






vendredi 29 août 2014

La grande bouffe de Marco Ferreri, 1973

LA GRANDE BOUFFE
de Marco Ferreri
France
1973
avec Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Michel Piccoli, Marcello Mastroianni, Andréa Ferréol, Monique Chaumette, Bernard Menez
Comédie dramatique
126 minutes
Coproduction franco italienne
Synopsis :
Quatre hommes d'une quarantaine d'années, Philippe, juge, Marcello, pilote de ligne, Ugo, restaurateur et Michel qui travaille dans l'audiovisuel décident de se regrouper au domicile de Philippe, une luxueuse bâtisse pour festoyer et appliquer des principes épicuriens poussés à l'extrême, en effet, ils ont fait le choix de se suicider par l'excès de nourriture !
Trois prostituées et Andréa, une institutrice de l'école voisine du quartier, vont leur tenir compagnie jusqu'à leur funeste issue...
Luxure, gastronomie à outrance auront raison des quatre hommes, le plaisir se transformant en cauchemar...
Mon avis :
Ayant déclenché un énorme scandale (justifié) au festival de Cannes, "La grande bouffe" est un film à double tranchant...
En effet, il nous faut supporter énormément de provocation, de scènes obscènes ou peu ragoûtantes avant de capter le "message" du film, qui est le suivant : "NOUS MANGEONS TROP"...
Parabole ambitieuse et pas si sotte que ça, portée par un Marco Ferreri particulièrement inspiré avec des performances d'acteurs incroyables et des métaphores à foison (les toilettes qui explosent, renvoyant l'homme à ses propres excréments), le "pari funeste" des quatre quadragénaires est subi comme une PUNITION, punition par l'opulence constatée par les pays industrialisés, à contrario des pays sous développés où la population meurt de famine...
Ferreri renvoie le spectateur à ses propres excès, le rendant presque coupable, mais ne l'épargne pas non plus de flatulences, de vomi ou de défécation...
A ce titre, il est à souligner qu'il faut avoir le coeur bien accroché malgré un désamorçage par "l'humour" certes grivois et graveleux, mais particulièrement efficace !
Devenu culte au fil des années car se caractérisant par une singularité hors normes, "La grande bouffe" offre la vision d'un microcosme (les quatre hommes sont enfermés et confinés à l'intérieur de la maison) et le catharsis initial va se muter en "piège" avec des décès dans des circonstances atroces...
Bénéficiant de moyens visuels et de plans techniquement très intéressants, "La grande bouffe" est une oeuvre intense, parfois rude mais inoubliable car elle flirte presque avec le fantastique et fait preuve d'un culot rare, surtout à cette époque !
Un tel postulat serait impossible à sortir de nos jours !
Et puis, voir Ugo Tognazzi grimé en Brando Corleone, quel numéro d'acteur !
Et le rôle d'Andréa Férreol est très très dur à composer, elle a fait preuve d'un courage exemplaire ce n'était pas évident (l'actrice s'est faite incendier de tous les noms lors de la sortie du film par les ligues puritaines, elle a dégusté, c'est le cas de le dire !)...
"La grande bouffe" est l'exemple typique du cinéma pour cinéphiles "OUVERTS", il ne peut en être autrement pour apprécier ce métrage et y être sensible...
Piccoli, Noiret, Mastroianni, Tognazzi et Férreol sont des comédiens exemplaires et il fallait OSER faire ce film...
S'ils avaient été lâches, ils auraient décliné la proposition de Ferreri, ce qui n'est pas le cas, leur courage et leur implication est à saluer !
Le final, juste avant le générique, avec l'image qui se trouble, symbolise bien le trouble également provoqué au spectateur de cette oeuvre monumentale, qu'il faut avoir visionné impérativement pour se proclamer cinéphile...
Bref, "La grande bouffe" se vit comme une expérience, presqu'à la frontière du cinéma expérimental et malgré les outrances à répétition inhérentes à cette oeuvre, s'avère bien plus sincère que certains autres films prétentieux et "pète sec"...
Dans son genre, un réel classique !

Note :10/10





jeudi 28 août 2014

FOXY BROWN de Jack Hill, 1974

FOXY BROWN
de Jack Hill
Etats Unis
1974
avec Pam Grier, Antonio Fargas, Sid Haig
Polar blaxploitation
Musique produite par la Motown
84 minutes
Synopsis :
Etats Unis, 1974...
Foxy sauve son frère Link lors d'une altercation avec de dangereux gangsters...
Son petit copain, Michael Anderson, est un ancien agent qui a démantelé un cartel de trafiquants de drogue régi par Katherine Wall qui gère également un réseau de prostitution où des notables, notamment le juge Fenton, sont clients...
Aidée par Claudia, Foxy Brown intègre le réseau en se faisant passer pour une call girl...
Elle n'a plus qu'un seul objectif : venger son mari !
Mon avis :
Pam Grier est l'emblème, la figure iconique du mouvement apparu dans les années 70, la "blaxploitation" qui révolutionna le polar américain en mettant comme personnages principaux majoritairement des personnes de couleur noire...
"Foxy Brown" est une grande réussite et s'impose comme petit classique avec un scénario bien troussé et des effets assez fulgurants et inhabituels pour l'époque, comme pléthore de violences aussi bien physiques qu'avec une arme...
Jack Hill rivalise d'ingéniosité et n'épargne pas au spectateur les séquences de tortures, de prise forcée d'héroïne voire une émasculation (filmée heureusement en hors champ !)...
"Foxy Brown" est un métrage qui barde, porté par une Pam Grier au meilleur de sa forme, prête à tout pour assouvir sa vengeance et ne reculant devant aucun stratagème ni aucune manipulation pour mener à bien ses desseins...
Une caricature assez réjouissante des grands pontes de la justice ici avilis et crapules de la pire espèce, baignant dans l'opprobre de la corruption et de la prostitution, permet ainsi de donner de la sympathie au personnage de Foxy et de cautionner ses actes, face à des salauds exemplaires de sadisme et de dépravation...
Parfois amoral (un fratricide est à déplorer) et dénué du moindre humour (on n'a pas le temps de plaisanter, le spectateur veut de l'action !), "Foxy Brown" renouvelle un genre en perte de vitesse et parvient aisément à créer de nouvelles règles scénaristiques par le biais de la culture noire, ce qui reste intéressant et louable comme démarche...
Ce n'est pas innocent que Tarantino, grand amoureux du cinéma, ait repris 23 ans plus tard l'actrice Pam Grier pour son "Jackie Brown", rendant ainsi un hommage appuyé à toute une codification cinématographique...
Sympathique au plus haut niveau, "Foxy Brown" fera passer un agréable moment aux cinéphiles fanatiques d'action vrombissante et de compositions de méchants (le film en regorge), c'est cette multiplicité des styles et ce mélange qui bonifie "Foxy Brown" et qui en fait tout son intérêt exotique...
A découvrir si ce n'est pas déjà fait...

Note : 8/10





mercredi 27 août 2014

La déesse des sables de Cliff Owen, 1968

LA DEESSE DES SABLES
de Cliff Owen
1968
Grande Bretagne
aka The vengeance of She
avec Olga Shoberova, John Richardson, Edward Judd, Colin Blakely
101 minutes
Aventures fantastiques
Production Hammer films
Synopsis :
Carole, une superbe blonde, fait une fugue de chez elle...
D'abord agressée par un routier libidineux et alcoolique, elle trouve refuge inopinément sur le yacht d'un riche plaisancier, George, qui accepte de l'héberger malgré des doutes persistants...
Dépressive, Carole se jette à l'eau !
George parvient à la secourir mais décède d'un arrêt cardiaque...
Arrivé sur un port d'Afrique du Nord, Philippe, un psychiatre ami de George, promet à Carole de veiller sur elle, cette dernière lui fausse compagnie...
Attirée et envoûtée, Carole croit être la réincarnation d'Ayesha, une déesse imaginaire...
Capturée par des touaregs malveillants, elle atterrit dans un endroit étrange, le royaume de Kuma, qui lui semble familier...
Philippe parvient à retrouver sa trace...
Mon avis :
Voulant se démarquer des récurrents films de vampires qui firent mondialement sa réputation, la Hammer décide d'explorer d'autres voies du cinéma fantastique via une imagination débridée et baroque...
"La déesse des sables" est exactement ce type de métrages qui est là pour revigorer et redorer le blason de la Hammer, créant ainsi une diversité et une diversification dans le bestiaire instauré par la firme culte...
Malgré un scénario abracadabrant et proche du délire, il va sans dire que "La déesse des sables" tient vraiment bien la route et se suit avec attention grâce à une trame suffisamment rodée pour captiver, et surtout grâce à la superbe plastique de Olga Shoberova, qui porte le film sur ses épaules avec brio et élégance...
Certes il y a des anachronismes vestimentaires (les gardes en tenue de soldat romains) ou des faux raccords (problème de distance, comment Carole a pu nager et arriver sur le yacht en partant de la plage sachant que celui ci est à 5 kilomètres de la côte ?), mais "La déesse des sables" est avant tout un spectacle honnête qui n'a pour d'autre prétention que celle de divertir...
Parfois quelque peu naïf mais avec de l'action à revendre et des bagarres, le métrage privilégie un aspect narratif autant qu'une direction d'acteurs bonne dans l'ensemble et un soin tout particulier sur les décors (il est certain qu'il a été tourné en décors naturels)...
L'inventivité de la photographie, notamment avec les cadrages en vue haute et plongeante lors de l'entame avec le camion, confère singulièrement à rendre crédible et intéressant un film doté de toutes les qualités pour plaire et faire plaisir...
Tout en restant fidèle à la tradition des Hammer, "La déesse des sables" est une déclinaison parfaite de ce qu'était le film d'aventures teinté de fantastique à la fin des années 60 outre Manche...
C'est une initiative louable et donc à encourager fortement...

Note : 8/10







mardi 26 août 2014

GOMEZ ET TAVARES de Gilles Paquet Brenner, 2003

GOMEZ ET TAVARES
de Gilles Paquet Brenner
France
2003
avec Stomy Bugzy, Titoff, Noémie Lenoir, Daniel Duval, Jean Yanne, Elodie Navarre
Comédie policière
109 minutes
Synopsis :
Ville de Marseille, années 2000...
Max Tavares est un flic ripou qui détourne l'argent subtilisé par des gangsters lors de casses spectaculaires, il est orphelin et son oncle surnommé affectueusement "Tonton" le loge et profite de son "business" juteux et illégal...
Lors d'une sombre affaire de meurtre maquillée en suicide, Tavares est secondé par un coéquipier fraîchement débarqué de région parisienne, Carlos Gomez...
Leur cohabitation s'avère difficile, Gomez ne tolérant pas les détournements incessants et le caractère volubile et insolent de Tavares...
Tavares tombe amoureux de la soeur de Gomez, Gina, qui vit dans une villa richissime...
Paulina, la ville de l'homme tué par le gang de malfaiteurs, est une ancienne stripteaseuse et le duo de flics doit assurer sa protection...
Alors que l'enquête semble avancer et toucher au but, Paulina se fait kidnapper !
Mon avis :
Tourné comme un polar "à l'américaine", mix improbable entre "Bad boys", "Taxi" et "L'arme fatale" et postulat du duo de flics impossible au départ et "qui apprend à se connaître", "Gomez et Tavares" demeure tout de même une comédie policière extrêmement sympathique et au rythme soutenu...
Stomy Bugzy, le leader du groupe de rap mythique "Ministère AMER" troque ici les platines et son micro pour endosser la carrure d'un policier champion de taekwondo et s'en sort très bien face à un Titoff cabotin et libidineux, ce qui nous vaut des passages de franche rigolade, le tout baignant dans la bonne humeur...
Jean Yanne (dont c'est l'ultime rôle) est exceptionnel dans son rôle de patriarche et déploie sa bonhomie, mettant son grain de sel lors de répliques savoureuses et bien amenées...
Noémie Lenoir et Elodie Navarre, les deux atouts charmes du film ne sont pas reléguées uniquement à faire les "potiches" mais ont bel et bien une importance scénaristique dans le métrage, puisqu'elles sont les pierres angulaires des motivations de Gomez et Tavares...
Dès la première scène, le spectateur est pris en immersion dans le film et la tonicité ne faiblit pas jusqu'au final, ponctuée par des rebondissements inattendus et de nombreuses courses poursuites alimentées par pléthore de supports (voitures, hélicoptères, hors bords...)...
Le charme citadin de Marseille et la beauté des côtes filmées près de Toulon lors d'embardées ont sans nul doute nécessité d'importants moyens techniques et dans l'ensemble, l'efficacité dont témoigne le réalisateur fait mouche tout comme certains dialogues...
Gilles Paquet Brenner ne tombe pas dans le piège de la facilité et ne rameute pas le spectateur sur la plastique des actrices (il aurait pu utiliser des procédés graveleux), le film étant un spectacle familial et tous publics...
Bref, ce n'est pas l'ultime comédie policière hexagonal ni le chef d'oeuvre attendu, mais au moins, "Gomez et Tavares" contribue à faire passer un moment agréable lors de son visionnage, ce qui n'est déjà pas si mal !

Note : 7/10






lundi 25 août 2014

LE HOBBIT, la désolation de Smaug de Peter Jackson, 2013

LE HOBBIT, LA DESOLATION DE SMAUG
de Peter Jackson
Etats Unis, Nouvelle Zélande
2013
avec Ian Mac Kellen, Martin Freeman, Richard Armitage
Fantastique épique
d'après le roman de J.R.R. Tolkien
160 minutes
Synopsis :
Bilbon Sacquet, le hobbit et le magicien Gandalf sont accompagnés de treize nains, ils ont pour mission d'effectuer un périple vers le royaume d'Erebor, une contrée détruite et en partie décimée par Smaug, un dragon qui crache des flammes et qui possède un trésor de pièces d'or enfoui à l'intérieur du cratère d'une montagne...
Dans leur tâche, ils sont épaulés par Thorin (Ecu de chêne) et font la rencontre de Legolas et Tauriel, deux elfes, après avoir vaincu les terribles araignées de la forêt noire...
Les sanguinaires Orques ne sont pas très loin et la haine qu'ils ont pour les nains n'a d'égale que la cruauté dont ils font preuve à l'égard de ces derniers !
Semé d'embûches, le parcours de Bilbon Sacquet n'aura pas raison de sa pugnacité puisqu'il finira par retrouver Smaug, mettant sa vie en danger et aidé par son anneau sacré qui lui permettra de contrecarrer les malédictions !
Mon avis :
Second et avant dernier volet de la saga préquelle du "Seigneur des anneaux", "Le hobbit, la désolation de Smaug" offre au spectateur une extension de tous les thèmes explorés précédemment par Peter Jackson mais il est à noter, cette fois ci, un aspect plus solennel que chez ses prédécesseurs...
De plus, Bilbon n'est plus le héros principal de l'intrigue mais des personnages connexes viennent s'imbriquer dans l'histoire, toujours évidemment Gandalf, mais Thorin prend une grande importance dans le film, au même titre que Legolas, cette fois avec une femme elfe combattante hors pair nommée Tauriel...
On se régale avec des séquences de morceau de bravoure parfaitement rodées voire chorégraphiées (la descente dans les rapides à tonneaux, scène clef du film au niveau de l'action, le combat contre les araignées ou le final grandiose avec Smaug), autant d'instants magiques et malgré un appui poussé d'effets numériques, ça passe comme une lettre à la poste...
Epaulé par Guillermo Del Toro à l'écriture du scénario, Peter Jackson privilégie en premier lieu le pragmatisme et refuse de sombrer dans la répétition des précédents opus, renouvelant toujours un peu plus qualitativement son oeuvre, tour à tour grandiloquente et d'une grande efficacité narrative...
L'issue du "voyage" nous a fait visiter de magnifiques paysages magnifiés par un ciel où le soleil darde ses rayons et Jackson en profite pour nous glisser des mouvements fantastiques de précision avec sa caméra par des vues aériennes de toute beauté, au niveau esthétique c'est un pur plaisir !
On attend impatiemment le troisième et ultime volet qui sortira fin 2014 mais il va sans dire que cette saga tient toute sa place dans le cinéma d'héroïc fantasy de haut niveau et procure un réel bonheur, tant par sa qualité graphique que scénaristique...
Piliers du genre, "Le hobbit" et "Le seigneur des anneaux" sont deux mastodontes que l'on ne peut éviter !

Note : 9/10







dimanche 24 août 2014

VIGILANTE de William Lustig, 1983

VIGILANTE
VIGILANTE, JUSTICE SANS SOMMATION
de William Lustig
1983
Etats Unis
avec Robert Forster, Fred Williamson, Joe Spinell, Woody Strode
Polar urbain self defense ultra brutal
83 minutes
Synopsis :
Etats Unis, années 80...
Eddie Marino est un ouvrier qui travaille dans la sidérurgie, il vit dans une maison en quartier périphérique avec sa femme et son fils, à peine d'une dizaine d'années...
Alors que son épouse est dans une station service, le pompiste est pris à partie par une bande de voyous qui refuse de régler son plein d'essence, la femme s'interpose et est violentée rudement avant d'infliger une claque au meneur de la bande...
Peu de temps après, les malfrats retrouvent la maison d'Eddie, tuent son fils d'une décharge de chevrotine et massacrent son épouse...
Lors du procès, le juge et l'avocat de la défense sont achetés par un des complices de l'accusé, qui s'en tire avec deux ans de prison avec sursis !
Fou de rage, Eddie provoque une esclandre dans l'assemblée, il se retrouve, paradoxalement, emprisonné pour outrage à magistrat !
Après avoir purgé sa peine, il décide d'intégrer une armée secrète de self défense, coordonnée par un de ses anciens collègues...
Sa vengeance sera terrible et il va retrouver un par un les meurtriers de sa famille !
Mon avis :
Initiés par les "Death Wish" ("Un justicier dans la ville") dans les années 70 via la présence charismatique de Charles Bronson, les polars urbains dits "self defense" ont toujours été l'apanage des films américains et s'avèrent un thème porteur qui plait beaucoup au public, friand de violence et d'action couillue...
"Vigilante" ne déroge donc pas à la règle et n'hésite pas à trancher dans le lard niveau violence, quasiment rien n'est épargné au spectateur, ce qui valut au métrage une interdiction aux moins de seize ans et une solide réputation de film brutal réservé à un public averti...
Au niveau de la mise en scène, Lustig s'en sort parfaitement bien, intégrant une action tonique mêlant même des poursuites aussi bien en voitures que lors d'échappées dans des bâtiments désaffectés...
L'interprétation est crédible et les comédiens sont bien impliqués dans leurs rôles, avec en levier une ambiance dramatique voire nihiliste et une parabole sociétale sur l'inefficacité de la police avec la nécessité d'intervenir par soi même pour régler certains délits...
Postulat certes discutable voire nauséabond et à la limite de l'illégalité (on ne peut faire justice en étant soi-même hors la loi) mais qui fonctionne à plein régime niveau efficacité dans le film, avant tout distrayant et évitant de donner des leçons (Lustig ne prend aucun parti pris pour qui que ce soit mais privilégie l'efficience de sa mise en scène)...
Réaliste dans sa mise en images (les gunfights sanguinolents pullulent, la scène des douches montre bien l'horreur carcérale et l'introduction avec le viol est hyper glauque !), "Vigilante Justice sans sommation" fut un grand succès à sa sortie et l'impact qu'il dégage encore 31 ans après ne faillit nullement, grâce à une dynamique survoltée et une précision scénaristique d'une linéarité bluffante...
Bref, les fans de polars brutaux en auront pour leur argent, quant aux autres, les plus sensibles ou le public féminin, je leur déconseille fortement "Vigilante" car ce film est quand même très dur à regarder et ne s'adresse qu'à des spectateurs aguerris niveau violence...

Note : 8.5/10






samedi 23 août 2014

LE DERNIER EMPEREUR de Bernardo Bertolucci, 1987

LE DERNIER EMPEREUR
de Bernardo Bertolucci
France/Italie/Chine/Grande Bretagne
1987
aka The last emperor
avec John Lone, Peter O'Toole, Dennis Dun, Joan Chen, Victor Wong
Fresque historique
9 oscars en 1988, César du meilleur film étranger en 1988
Budget : 23,8 millions de dollars
160 minutes
Synopsis :
Puyi est né en 1905, il fait partie de la dynastie des Qing, en 1908 il accède au trône à l'âge de 3 ans et il est vénéré comme une quasi divinité...
Le film raconte sa vie, à la fois mouvementée et hors du commun, ses tumultes avec les eunuques, à la base ses serviteurs soumis, ses deux épouses, Wan Rong et Wen Xiu et l'arrivée de Johnston, le précepteur venu d'Ecosse qu'il nommera lors des "réformes" qu'il entreprendra tout le long de son règne...
En 1935, les Japonais le placent à la tête du Mandchoukouo, mais le trahissent, cherchant à piller les ressources minières du Mandchourie...
Il sera arrêté par les Soviétiques en 1945 alors qu'il fuyait vers le Japon, puis envoyé dans une "prison de rééducation" en Chine, loin de la cité interdite où il vécut...
Il décèdera en 1967, les vestiges de sa gouvernance restent dans un musée à la vue des touristes...
Mon avis :
Habitué aux productions fastueuses, Bernardo Bertolucci délivre ici avec "Le dernier empereur" un film qui a nécessité des moyens logistiques colossaux et en même temps une réflexion sur le pouvoir et la déchéance via un destin hors du commun, reconstitué ici avec une précision exemplaire...
Tout est grandiose que ce soit les trouvailles de plans, les mouvements amples de caméras qui captent l'environnement dans lequel Puyi vit ou l'avènement de son déclin, retranscrit avec pudeur et retenue, sans la moindre esbroufe complaisante...
La séquence de l'alcôve avec ses corps entrelacés sous les draps de soie satinée, la récurrence des portes du palais qui s'ouvrent pour enchaîner sur le plan suivant, l'interprétation de John Lone habité par son personnage ou l'imparable prestation d'un Peter O'Toole, tous ces éléments amènent à dire que Bertolucci a fait preuve d'une rigueur totale dans sa mise en scène...
L'évolution de l'histoire avec ses bouleversements incessants amèneront Puyi vers un déclin inévitable, précipitant les événements tel un tsunami et la magnification de cette grande aventure humaine basée sur le faste et l'opulence se déclinera de façon fluide et linéaire, avec finesse et sans parti pris, Bertolucci relatant son histoire avec la plus grande objectivité...
Puyi n'est ni un héros ni un monstre mais bien un être HUMAIN qui réagit suivant les difficultés situationnelles qu'il devra surmonter...
La symbolique du criquet retrouvé dans la boîte peut signifier l'immortalité ou du moins l'empreinte laissée par les grands de ce monde, il y a toute une allégorie d'une force et d'une intelligence dans "le dernier empereur" qui amène à douter de l'humanité, entraînée par la corruption et l'avidité du pouvoir...
Magnifiquement appliqué et doté d'une efficience commune au budget dont il bénéficie, le film de Bertolucci se visionne avec passion et délectation et on ne voit pas les deux heures quarante passer...
Les récompenses raflées autour du globe sont la confirmation de l'importance phénoménale de ce métrage, à avoir vu au moins une fois dans sa vie, une leçon de maître, un cinéma de très haut niveau, au même rang qu'un Kubrick ou qu'un Kurosawa...

Note : 10/10






vendredi 22 août 2014

la vengeance de Lady Morgan de Massimo Pupillo, 1965

LA VENGEANCE DE LADY MORGAN
de Massimo Pupillo
Italie
1965
avec Erika Blanc, Barbara Nelli, Gordon Mitchell
Fantastique gothique
Edité en DVD chez Artus films
83 minutes
Synopsis :
Un château d'Ecosse, 1868, Susan Blackhouse, une jeune et très belle femme qui soufflera ses 21 printemps dans quelques mois est promise à un châtelain, Harold Morgan, mais elle est éperdument éprise de Pierre Brissac, un architecte venu ici pour restaurer les multiples recoins de la bâtisse...
Pierre doit rentrer chez lui et les deux amoureux se promettent de se retrouver très vite...
Sur le bateau qui l'emmène, Pierre est poussé par un mystérieux inconnu et tombe dans l'eau, il est laissé pour mort !
Ne se remettant pas de son décès, Susan est bientôt en proie à de terribles hallucinations nocturnes !
La nouvelle domestique semble l'avoir ensorcelée et la manipule lors de crises violentes de somnambulisme...
Roger, l'homme toutes mains du château s'avère, lui aussi, bizarre et énigmatique...
Pris d'une pulsion de possession, Susan grimpe sur le toit du château et se jette dans le vide, les occupants maquillent alors son décès en suicide et pensent pouvoir hériter de la fortune de la belle !
Un soir, celle ci réapparaît sous la forme d'un spectre pour se venger !
Mon avis :
Massimo Pupillo est un très bon artisan du bis gothique et puise son talent dans les racines de ce genre, qu'il maîtrise avec une grande application et un sens de la précision faisant de lui un des maîtres du genre, au même titre que Bava et Freda, malgré une filmographie moins importante...
Cette "Vengeance de Lady Morgan" est un petit chef d'oeuvre d'intensité et d'inventivité et ne déroge pas à la règle au niveau créativité et rigueur scénaristique, tous les éléments du gothique italien se retrouvent dans ce somptueux métrage, qui fait la part belle aux décors inhérents au genre avec en plus value une interprétation convaincante qui se met en synergie avec l'histoire (ra)contée...
Les multiples thématiques exploitées ici, que ce soir l'amour fou/impossible, la manipulation, la possession sont rendues habilement avec en bonus un aspect vampirique/cannibalique lors du final qui servira de tremplin dans l'horreur pour un film non exempt de frayeurs et réellement passionnant dans la terreur qu'il procure...
Erika Blanc actrice au charisme sidérant se fait voler la vedette par une Barbara Nelli à la sensualité fiévreuse, ce qui nous vaudra des passages frénétiques dotés d'un catharsis incandescent peu communs à cet aspect du gothique italien, même si Pupillo ne s'y attarde pas énormément, privilégiant vraiment l'horreur à l'érotisme dans son oeuvre...
Reflet d'un cinéma populaire et réservé à une poignée de passionnés, "La vengeance de Lady Morgan" reste globalement un excellent film qui ravira les plus férus de cinéma gothique, ces derniers ne peuvent être déçus !
Encore une fois, un travail exceptionnel de la part d'Artus films est à noter ainsi qu'une adaptation pour les sous titres français très bien réalisée par Marija Nielsen, bref vous l'aurez aisément compris, "La vengeance de Lady Morgan" est à visionner impérativement, exhumé des oubliettes pour lui aussi, à l'instar de l'héroïne, renaître au grand jour et déployer sa beauté qui enchantera bien des cinéphages...

Note : 9/10