dimanche 28 septembre 2014

Jour de fête de Jacques Tati, 1949

JOUR DE FETE
de Jacques Tati
France
1949
avec Jacques Tati, Paul Frankeur, Guy Decomble, Santa Relli
Comédie
87 minutes
Edité en blu ray chez Studiocanal
Synopsis :
France, petit village de Sainte Sévère dans les années 40...
Marcel et Roger font partie d'un groupe de forains qui investit la place principale du bourg...
Ils doivent installer leurs manèges et diverses attractions réunis ici pour l'occasion...
François, le facteur local, gaffeur à l'extrême, les aide à ériger la grande poutre, non sans mal...
La fête bat son plein avec son lot de badauds tous plus curieux les uns que les autres...
Un mini cinéma sous une tente projette un documentaire sur les moyens colossaux de la poste aux Etats Unis...
Galvanisé, François décide d'imiter ses homologues d'outre Atlantique et va se lancer dans de folles tribulations, cibles de moqueries d'autres habitants...
Mon avis :
"Jour de fête" est une oeuvre majeure du cinéma humoristique populaire d'après guerre, même soixante cinq ans après, sa fraîcheur communicative fait qu'il n'a nullement pris une ride...
Tati utilise un comique gestuel et de situations pour faire mouche à chaque gag, propulsant son "héros" (le facteur François incarné par Tati himself) dans des pérégrinations cocasses et touchantes à hurler de rire (le gars qui louche, l'arrivée en vélo au troquet, l'homme sur son lit de mort...).
Il y a un côté "Chaplin hexagonal" et le film se dote d'un humour très ancré dans la "vieille France" mais personne ne pourra (re)nier cette inventivité et surtout la modernité pour l'époque (les cadrages, amples, la tonicité des plans, le jeu dimensionné des acteurs qui tourne à la dérision et à la nonchalance)...
Le "défi" lancé à François avec la poste "à l'américaine" renvoie à la naïveté et dès lors, une succession de maladresses va illuminer "Jour de fête", calibrée au millimètre (l'apprentissage de la rapidité pour poster les courriers, le vélo qui part tout seul en pleine campagne avec François vrombissant, tentant de le rattraper)...
C'est tout un pan de la France bucolique d'antan qui est mis en avant loin de la violence d'aujourd'hui, il y a une pureté dans "Jour de fête" qui rassérène et une insouciance qui fait réellement plaisir à voir, d'ailleurs c'est bien ce qui fait le charme premier et l'atout majeur du métrage...
Toutefois, très atypique et quand même "spécial" car à la portée des plus ouverts uniquement (le public fan de Van Damme ou d'Harry Potter risque de trouver "Jour de fête" trop long et d'un autre âge - ce qui est aisément compréhensible-), les autres y trouveront leur compte, leur rappelant le cinéma adulé par les générations antérieures...
L'édition blu ray a fait preuve d'un travail remarquable et s'avère un régal à visionner, immanquable pour les curieux et les cinéphiles fans de vieux films...
Encore une fois, un film authentique voire rustique mais qui figure parmi les fondations et les prémices du comique français, bien plus sincère et efficace pour déclencher les zygomatiques que les comédies essoufflées actuelles qui pullulent sur les écrans avec comme seul optique de rapporter de l'argent !
"Jour de fête" est un film si louable qu'il convient de ne pas l'occulter, c'est pourquoi je vous le recommande vivement...

Note : 10/10





samedi 27 septembre 2014

DARK WATERS de Mariano Baino, 1994

DARK WATERS
de Mariano Baino
Italie/Grande Bretagne/Russie
1994
avec Valeri Bassel, Mariya Kapnist, Louise Salter
Fantastique insolite
87 minutes
Edité en DVD chez The Ecstasy of films
Synopsis :
Une petite île isolée loin d'un continent européen vers le milieu des années 70...
Un prêtre subit les assauts d'une gigantesque inondation, il est tué sur le coup et le vicaire où il officiait est entièrement détruit...
Seuls survivent et y vivent de mystérieuses nonnes aussi énigmatiques que silencieuses, avec comme endroit de prédilection une crypte souterraine où des catacombes leur servent de repaires pour y mettre leurs effigies ecclésiastiques...
Vingt années se sont écoulées, Elisabeth, une jeune femme britannique se rend sur l'archipel, c'est son père qui fut le généreux donateur du monastère...
Depuis le décès de sa mère, Elisabeth veut mettre toute la lumière sur des événements qu'elle juge inexpliqués et pense trouver réponse à ses questionnements lors de ce périple...
Elle va vite déchanter lorsqu'elle découvrira l'horrible vérité !
Mon avis :
Mariano Baino pourrait bien être l'héritier de toute une culture du cinéma fantastique italien, instaurée notamment par Dario Argento ou Michele Soavi, mais la comparaison trouve ses limites car Baino possède un style proprement UNIQUE...
On sent une précision, un sens du travail et de la recherche graphique certain et un goût pour l'insolite et le glauque très prononcé...
Pas toujours facile à suivre, "Dark waters" bénéficie d'une mise en scène qui fait que la forme prend plus sur le fond mais là où ça devient inédit c'est que le fond, justement, est déjà ultra balaise, donc il y a une grande richesse, une grande densité à appréhender par le spectateur qui se doit d'être très attentif et ne pas se laisser distraire ou emporter par la forme qui, elle, est exubérante et baroque...
On pense à "Inferno", à "Suspiria", à "Sanctuaire", c'est l'héritage de tout un pan filmique qui est retravaillé, de nouveau codifié pour que Baino accouche d'un monstre hybride où des passages trépidants côtoient des moments de pure grâce graphique, avec une sensation onirique omniprésente du début à la fin...
L'eau dans le film, c'est la mort et non plus une source de vie, l'eau représente le danger, bien plus que les nonnes zombifiées et c'est cette substance qu'il faut combattre, Baino réussit donc un film ORGANIQUE, plus organique que les banales oeuvres réalisées précédemment avec un danger identifié facilement par le spectateur (des sorcières, des zombies, un tueur...)...
C'est bien cela l'accroche de "Dark Waters", la peur est multiple, déclinée en plusieurs combinaisons, qu'elles soient à caractère humain ou par des éléments (le feu également joue un rôle crucial, par exemple avec la multitude de bougies ou de torches accrochées sur les murs du bâtiment)...
La séquence de la montée sur la colline avec les croix érigées connote même un clin d'oeil à Bergman et son "Septième sceau" !
Métrage à part en tous points, "Dark waters" a le triple mérite de renouveler le genre, de redonner des lettres de noblesse à un cinéma en déclin et de faire s'interroger le spectateur sur les limites de l'imagination car il ouvre des portes supplémentaires à celle ci...
Il faut remercier "The Ecstasy of films" pour avoir sorti et exhumé ce chef d'oeuvre sur un support DVD remarquable, enrichi d'une image magnifique !
L'aspect exotique de "Dark Waters" est évident, il en devient une raison supplémentaire pour que l'on y prête la plus grande attention, Mariano Baino ayant réussi là un vrai coup de maître qui sera à marquer d'une pierre blanche, indicible et inoubliable !

Note : 10/10







samedi 20 septembre 2014

F comme Fairbanks de Maurice Dugowson, 1976

F COMME FAIRBANKS
de Maurice Dugowson
France
1976
avec Patrick Dewaere, Miou-Miou, Michel Piccoli, Diane Kurys, John Berry
avec Thierry Lhermite, Christian Clavier (figuration)
110 minutes
Comédie dramatique
Musique coécrite par Patrick Dewaere
Synopsis :
Banlieue parisienne, milieu des années 70...
André Fragman sort de son service militaire avec un diplôme d'ingénieur chimiste, son père est projectionniste dans un cinéma de quartier et tous deux sont des cinéphiles invétérés, notamment fanatiques d'acteurs hollywoodiens des années 20...
Une connaissance d'André, Etienne Lambert, un riche entrepreneur possédant un appartement cossu à La Défense, dissuade ce dernier de vivre sur des chimères et lui ressasse que le marché du travail est saturé et qu'il est très dur de trouver un job facilement...
André erre de droite à gauche et rend visite à Jean Pierre, un metteur en scène de pièces de théâtre, celui ci lui présente Marie, une jeune comédienne au charme ravageur et à la beauté juvénile...
André tombe amoureux d'elle de façon fulgurante...
De fil en aiguille, leur relation va se déliter, André sombrant dans une dépression incurable...
Mon avis :
Véritable hommage aux amoureux du cinéma et drame foudroyant en parallèle, "F comme Fairbanks" est une oeuvre bouleversante et poétique, portée par un Patrick Dewaere survitaminé et mélancolique voire nostalgique en même temps...
NOSTALGIE, c'est bel et bien le mot qui prédomine pour définir l'atmosphère du film, touchant le sensoriel du spectateur, aussi bien sur le plan cérébral que viscéral...
On assiste à des séquences rondement menées (l'escalade d'André de la maison pour accéder à la fenêtre, le tout filmé en un seul plan, s'avère incroyable !), des numéros d'acteurs savoureux (Thierry Lhermite, ici à ses débuts, qui pète un câble à l'ANPE, Christian Clavier en serveur de brasserie décontenancé) et des séquences proches de l'onirisme (le tapis volant, la barque qui file sur le canal, la chevauchée chez Lambert, la poupée gonflable sur le manche de la grue...).
Chaque protagoniste a une personnalité double voire triple (Marie est kleptomane, André hyperactif et dépressif, Etienne inspire confiance alors qu'en fait c'est le pire des salauds, à décourager la bonne volonté d'André !) et l'écosystème dans lequel ils vivent ou végètent semble bien noir et sans issue...
Dugowson n'hésite pas à soigner son propos par une réalisation sans fautes et le passage en plan fixe des estrades est une leçon de technique, laissant place à la magie du septième art comme seuls les grands metteurs en scène savent l'élaborer...
L'interprétation est authentique et le film défile de manière fluide, relevant un intérêt pour une intrigue passionnante, desservie par des décors d'époque, donnant un caractère "témoignage" du quotidien dans les années 70 (l'architecture, les bâtiments, les commerces...)...
L'épilogue pourra même vous décrocher une larme tant il est touchant...
Un très grand film qui gravite loin de tout ce qui a été tourné à l'époque, gardant une singularité et un style d'ambiance hors du commun.

Note : 9.5/10





mercredi 17 septembre 2014

CHAOSIS EP "The sun will never rise again"

CHAOSIS
EP "The sun will never rise again"
France
sortie le 11 septembre 2014
9 titres
Mon avis :
Tant attendu, voici enfin le presqu'album de CHAOSIS puisqu'il comporte 9 titres (7 chansons et une intro et une "outtro") EP par la durée mais largement digne d'un support le considérant comme album...
Après une intro particulièrement tranchante et qui prépare à la tuerie annoncée (rappelant la scène de Sarah Connor dans "Terminator 2" au parc avec les enfants qui chantonnent), les CHAOSIS tranchent direct dans la barbaque avec "They don't play", voix beuglante, guitares assaisonnées de brutalité et très enjouées, son de batterie un peu à la Dave Mac Clain (avec l'ami Ollie aux commandes, ici à son zénith niveau maîtrise), grosse basse également ancrée dans un son studio où l'on voit les efforts faits, c'est professionnel à 100 %...
Puis vient "Scum", considéré comme l'hymne de l'album avec les choeurs qui reprennent derrière le chant, ce qui permet de cristalliser le côté entraînant de la musique créée par CHAOSIS... Rien à redire, du boulot d'orfèvre, alternant rythmiques denses et groove...
"Beautiful War" morceau déjà connu du groupe ici retravaillé avec des plans nouveaux de batterie, une voix plus lourde, le tout agrémenté de breaks mid tempo oppressants - presque du Meshuggah, en tout cas on s'en rapproche parfois-...
Vient la claque "Fool dreams", avec une intro de basse posée et douce (les Chaosis évoluent sans cesse et n'hésitent jamais à remettre en question leur style), malgré les guitares toujours aussi saturées, le morceau se dote d'un chant clair qui n'est pas sans rappeler du goth à la Paradise Lost époque début années 2000 ("Symbol of life" notamment), les breaks de batterie étant toujours autant habiles et efficients...
"Are you ready", démarrant avec une voix off sur fond de piano, est un morceau hypra entraînant, Chaosis utilise des samples de voix féminines, l'accroche rend bien et le résultat s'avère satisfaisant...
Le morceau le plus Core reste "Suffering" avec des passages à la Slayer post 2010 et des arrangements efficaces, les Chaosis sont doués pour créer des ambiances, ici cela ne déroge pas à la règle !
"Alone" clôture l'album de façon magistrale, selon moi c'est le meilleur morceau de l'album...
Violent, rapide, entraînant et raffiné en même temps, avec des choeurs en arrière plan un peu à la Hatebreed, du tout bon !
Quant à l'outtro (épilogue) il reprend le thème de l'intro, comme guise de final...
A noter la participation sur cet album de Crass de CRUSHER et de Steeve de ZUUL FX...
Conclusion :
Par cet album exceptionnel à tous les niveaux, CHAOSIS prouve qu'il a atteint le stade de sa maturité, les progressions sont évidentes, ils ont exploré de nouvelles thématiques Métal et s'en sortent haut la main...
Chaosis se distingue par son style et Chaosis se distingue des autres styles...
Je leur prédis une carrière à la hauteur de leurs ambitions car ils le méritent !
ENCORE BRAVO LES GARS !
CHAOSIS TIL DEATH !

Note : 6/6

dimanche 14 septembre 2014

AVIATOR de Martin Scorsese, 2004

AVIATOR
de Martin Scorsese
Etats Unis/Japon/Allemagne
2004
avec Leonardo Di Caprio, Alec Baldwin, Cate Blanchett, Kate Beckinsale, Gwen Stefani, Jude Law, Willem Dafoe
Biopic
170 minutes
Synopsis :
Etats Unis, années 30...
Déclarant les symptômes du syndrome d'Asperger (autisme à forte capacité intellectuelle) dès son plus jeune âge, le milliardaire Howard Hughes est un personnage à la fois mégalomane, intransigeant et d'une pugnacité hors normes...
Il projette de mettre en scène des films aux budgets gigantesques, piquant des crises d'hystérie lors de tournages plus épiques les uns que les autres, fustigeant les moyens qui lui sont alloués et exigeant toujours plus dans l'excellence et la minutie...
Peu regardant financièrement, il n'hésite pas à mettre en péril ses financeurs, persuadé que les films qu'il produit rapporteront plus que la somme engagée initialement...
Passionné d'aviation et lui même aviateur, il multiplie les coups d'éclats et s'engage dans des traversées aéronautiques à la fois périlleuses et hypramédiatisées...
Après un grave accident, Hughes, estropié, frôle la ruine...
Ses troubles obsessionnels compulsifs se densifient pour atteindre un stade critique...
Mon avis :
Film "fleuve", "The Aviator" met en lumière la vie d'un homme aux ambitions démesurées, Howard Hughes, souffrant d'une pathologie voire un handicap qu'il veut cacher à tout prix, ce personnage est ainsi "verrouillé" et c'est au spectateur de s'approprier les "clefs" pour ouvrir les portes de son subconscient et appréhender ainsi l'entité et la complexité de son caractère...
Film hors normes, héros hors normes, budget hors normes, "Aviator" bénéficie de tous les éléments pour sidérer et étonner, et ne ressemble à aucun film réalisé précédemment, même en considérant la filmographie de Scorsese, qui signe ici un de ses métrages les plus personnels...
Hughes étant lui même conscient de sa pathologie, cela devient encore plus ardu pour lui de la contrôler, une césure entre son monde intérieur et la réalité distanciée qu'il perçoit le laissant dans le trouble avec, paradoxalement, une grande capacité de jugement et de discernement lorsqu'il se confronte à des difficultés (son environnement ne lui fait pas de cadeau, jalousant son argent !)...
Incroyable dans son jeu et explosant toutes les possibilités qui s'offraient à lui, Di Caprio est méconnaissable, authentique à 100% et se projette corps et âme dans Howard Hughes, donnant tout dans une composition à la Marlon Brando, il incarne avec subtilité et une rigueur exemplaire un rôle qui décline à la fois la beauté, la folie et la (sur)puissance...
Les cinéphiles friands d'action aéronautique se régaleront de séquences aériennes miraculeuses car, outre l'aspect psychologique du personnage principal, Scorsese n'oublie pas le rêve et le dépaysement, la reconstitution au millimètre est, quant à elle, phénoménale et rien n'est laissé au hasard...
"Aviator" est une oeuvre monumentale qui pousse très loin dans la recherche intérieure, le seul support possible pour mettre en cristallisation le personnage de Hughes ne pourra trouver mieux que cette mise en forme de génie, appuyée par un Di Caprio éblouissant  et un Scorsese surréel dans sa créativité...
Note : 10/10

Dédicacé à Pierre






samedi 13 septembre 2014

Le bal des vampires de Roman Polanski, 1967

LE BAL DES VAMPIRES
de Roman Polanski
Grande Bretagne/Etats Unis
1967
aka The fearless vampire killers
avec Jack Mac Gowran, Roman Polanski, Sharon Tate, Ferdy Mayne, Iain Quarrier
Comédie parodique des films de vampires
Scénario de Roman Polanski et Gérard Brach
108 minutes
Budget : 2 millions de dollars
Synopsis :
Transylvanie, en pleine zone montagneuse...
Le professeur Abronsius et son assistant Alfred sont des chasseurs de vampires...
Ils trouvent refuge dans une auberge dirigée par Chagall...
Alfred tombe amoureux de la fille de l'aubergiste, Sarah, mais cette dernière est mordue et enlevée par le Comte Von Krolock, un vampire qui vit dans un château à quelques kilomètres de là...
Ni une ni deux, Abronsius et Alfred décident de la sauver et suivent Koukol, le valet de Von Krolock !
Ils arrivent sur place alors que Von Krolock et son fils ont organisé un bal avec tous les vampires de la contrée, invités pour l'occasion...
Une lutte est désormais amorcée avec la difficulté pour Abronsius et Alfred de ne pas être démasqués !
Mon avis :
Avec "Le bal des vampires", Polanski nourrit l'imaginaire et l'imagination des cinéphiles fanatiques de films de vampires, notamment ceux initiés par les films de la Hammer, auxquels Polanski rend un hommage appuyé...
Il y rajoute une touche humoristique via les deux personnages principaux, à la fois maladroits et iconoclastes et brise ainsi les codifications auxquelles le film de vampire traditionnel nous avait habitués...
Inspiré par un style ouvert voire décloisonné, Polanski laisse libre cours à ses trouvailles et se dote de paysages fabuleux pour appuyer son récit privilégiant les séquences nocturnes, magnifiées par une neige omniprésente qui transcende encore plus l'angoisse suscitée, tout en émerveillant par sa grâce picturale...
Le charme de la belle Sharon Tate, le jeu bourru de Jack Mc Gowran et l'entêtement de Polanski sont pour beaucoup dans la réussite du métrage mais le réalisateur arrive à doser l'équilibre entre angoisse et rire, distillant des passages à la fois satiriques et terrifiants (à ce titre, la course poursuite entre Alfred et le fils Von Krolock est un monument de cinéma !)...
Créant de nouvelles idées, expérimentant pour revigorer un genre qui commençait à décliner, "Le bal des vampires" est un pur régal, un sommet de fascination et un film d'une subtilité plus immense qu'il ne pourrait y paraître, accumulant les cocasseries sans dévier de son but initial : le film de vampires !
Arrivant même à rendre attachants tous les personnages (aussi bien les bons que les méchants), "Le bal des vampires" a acquis une notoriété de classique du cinéma et reste une des oeuvres les plus marquantes et mythiques de Polanski, témoignant de son génie et de son habileté à retranscrire sa vision des genres qu'il explore...
Audacieux, graphiquement parfait, le film n'a rien perdu de son pouvoir d'attraction même après plus de quatre décennies...
Immanquable !

Note : 10/10






dimanche 7 septembre 2014

LE CRIME FARPAIT d'Alex de La Iglesia, 2004

LE CRIME FARPAIT
d'Alex de la Iglesia
Espagne
2004
avec Guillermo Toledo, Kira Miro, Monica Cervera, Enrique Villén
Comédie policière
106 minutes
Synopsis :
Une grande ville d'Espagne, années 2000...
Rafael Gonzalez est chargé de vente dans un grand centre commercial, il est affecté au rayon des vêtements pour femmes et multiplie les conquêtes auprès des hôtesses qui travaillent avec lui...
Son collègue du rayon hommes fait plus de bénéfices que lui et se voit promu responsable d'exploitation...
Fou de rage, Rafael se bat avec lui dans une cabine d'essayage et, non intentionnellement, le tue !
Un mystérieux témoin a assisté au pugilat !
Il s'agit de Lourdes, une des vendeuses, dénigrée par Rafael...
Lourdes accepte de "couvrir" Rafael et de ne rien dire à la police sous la condition que celui ci sorte avec elle...
Acculé, Rafael accepte...
Mon avis :
Depuis plusieurs décennies le cinéma espagnol est en pleine expansion, revigorant et réinventant ses propres codes, Almodovar, Bigas Luna et consorts se sont positionnés comme des génies du septième art...
Alex de la Iglesia fait partie de ceux là avec ses films novateurs, bourrés d'audace et dotés de scénarii époustouflants de maîtrise, "Le crime farpait" ne déroge pas à cette règle...
Que ce soit au niveau de la technique (des cadrages surprenants comme le tournoiement incessant de la caméra, le rideau de fer du parking qui s'ouvre ou la scène de panique lors de l'incendie final) ou du jeu des comédiens, De La Iglésia réalise pratiquement un sans faute !
La gageure est telle que le film démarre sur les chapeaux de roue alors on se dit immédiatement "mais va t-il tenir le rythme pendant 1 heure 40 ?" et bien OUI, il y réussit  !
Grâce à un sens de la loufoquerie mais jamais du ridicule, De la Iglesia contrôle son métrage alors que n'importe quel autre réalisateur aurait tout fait partir en vrille...
Il y a du Roberto Benigni dans "Le crime farpait", des éclairs de génie mais aussi une tonicité qui ne vire jamais à la surdose d'hyperactivité mais garde bien ses repères et sa trame sans s'écarter du départ, conservant ainsi une rigueur imparable !
La démystification du personnage de Rafael, soudainement confronté à un homicide involontaire, apparaît comme celle d'un Don Juan déchû, authentique homme à femmes contraint d'accepter l'inhabituel, à savoir le personnage de Lourdes qui le dégoûte...
Cette dernière semble tirer parti de tout ce jeu, tout ceci dans un réjouissant duo, à la fois hilarant et improbable !
On revoit le macchabée avec le hachoir planté dans le crâne post crime pour donner des "conseils" à Rafael, ce qui fait penser un peu au fantôme du "Loup garou de Londres" de Landis, encore une trouvaille géniale de plus de la part d'Alex de la Iglesia !
Délirant et excellemment mis en scène, "Le crime farpait" est une oeuvre à voir absolument, elle apporte une grande plus value au cinéma ibérique et consacre un réalisateur à son zénith !

Note : 9.5/10