mercredi 29 octobre 2014

Pour une poignée de spaghettis de Pascal Frezzato, 2014

POUR UNE POIGNEE DE SPAGHETTIS
de Pascal Frezzato
France
2014
aka Per un pugno de spaghetti
avec Bruno Dussart, Christophe Krust Masson, Patrick Lalande, Adrien Erault, Dominique Botras
Une production Gremlinz' Prod et Philippe Blanc
Musique de Valentin Simonelli
10 minutes et 14 secondes
Court métrage
Western hommage iconoclaste
Synopsis :
1884, dans une contrée isolée de l'Ouest américain...
Un homme désigné comme personnage principal se retrouve pris à partie par quatre autres hommes, aux intentions belliqueuses envers lui...
Ni une ni deux, les quatre pistoleros mettent en joue notre solitaire gaillard !
Pris d'un accès de délire, ce dernier sort de son poncho une paire de lunettes humoristiques !
Alors que pendant un temps, les hors la loi rient, ils dégainent leurs colts et tirent tous azimut !
Protégé par quelque chose d'indicible, le gringo parvient à éviter les balles des belligérants !
La suite s'avère pour le moins inattendu, je vous laisse la découvrir !
Mon avis :
Après les très réussis "Règne des insectes" et "Memory of the dead", Pascal Frezzato décide de prendre des "vacances" voire des libertés avec un genre qu'il affectionne particulièrement (comme nombre de passionnés cinéphiles, il est vrai) : le Western spaghetti...
Dès l'entame de ce court très réussi, l'hommage à Sergio Leone est nettement visible, Frezzato reprenant les gimmicks et les postures inhérentes au western italien et s'en approprie les codes... pour mieux les détourner !
Instaurant sa patte et son sens consciencieux de la mise en scène (il est, comme toujours, très appliqué dans son ouvrage), Pascal fait dévier à 360 degrés une intrigue connue par le plus grand nombre des spectateurs en un délire total, malicieux et taquin, qui fait mouche instantanément !
"Pour une poignée de spaghettis" c'est un peu comme si on détournait  un film, comme si un trouble fête venait titiller les conventions et le pré établi pour laisser exploser et explorer de nouvelles codifications d'un genre nouveau, hybride et presque baroque !
Le mieux est encore de visionner ce savoureux court métrage et de se laisser (em)porter mais ce qui est sûr c'est que le PLAISIR est au rendez vous !
No prise de tête, no malaise, tout est contrôlé et rien n'est laissé au hasard, pour "in fine" dix minutes de pur bonheur, avec un casting bien rôdé (Bruno Dussart en tête, impliqué comme jamais dans son rôle et ses quatre acolytes aux trognes bourrues et bien senties -Eli Wallach, la relève est assurée !-)...
Bref, on nage dans la dérision et le comique "non sense", à mi parcours entre Monty Python et un classique de Leone, on ne s'ennuie pas et on en redemande !
Encore une fois, Pascal Frezzato a réussi son pari et prouve qu'il est aussi bien à l'aise dans la chronique futuriste et dans le métrage zombiesque métaphysique que dans le western spaghetti iconoclaste...
Un film de potes revigorant et bien troussé pour une sincérité et un sens de la cinéphilie qui fait bien plaisir à voir et qui fait honneur aux métrages auxquels il s'apparente !
Une grande réussite !

Note : 9/10



samedi 25 octobre 2014

THE KILLER de John Woo, 1989

THE KILLER
de John Woo
Hong Kong
1989
avec Chow Yun Fat, Danny Lee, Sally Yeh, Kenneth Tsang
Polar lyrique
105 minutes
édité en DVD chez HK vidéo dans la collection dirigée par Christophe Gans
Synopsis :
Hong Kong, fin des années 80...
Jeff est un tueur à gages, lors d'une mission qui tourne au vinaigre dans un club de jazz, il blesse accidentellement Jenny, la chanteuse, qui se trouvait présente lors d'une fusillade monstre...
Cette dernière est sur le point de devenir aveugle suite à la détonation qui lui a brûlé la rétine...
Devenu fou amoureux de Jenny, Jeff, suite à un désir de rédemption, veut se dédouaner de son forfait et accepte une ultime fois de tuer quelqu'un pour une forte somme d'argent, qu'il escompte exploiter pour une opération de la cornée, vitale pour Jenny...
Lors d'une fête fluviale, Jeff tue un élu de la ville, il est pourchassé par ses sbires qui assuraient sa protection, un nouveau carnage se produit !
Tiraillé entre son désir de raccrocher et le souhait de mener une vie normale avec Jenny, Jeff est alors la cible de gangsters ultra violents qui jurent d'avoir sa peau coûte qu coûte...
Bon gré mal gré, un flic démis de ses fonctions fait équipe avec Jeff, afin de venger les morts qui s'amoncellent partout...
Ils se retrouvent dans une église isolée afin d'y passer la nuit, sachant pertinemment que la mort rôde et qu'ils seront retrouvés...
Mon avis :
Film sans doute le plus personnel de John Woo, "The killer" est un florilège de gunfights auxquels Woo nous avait habitués, mais explore aussi habilement le côté sombre et l'aspect psychologique de ses personnages, qui semblent (désab)usés et en proie à une rédemption inévitable, malgré ce déluge d'hémoglobine et ces fusillades excessives...
Le personnage de Jeff est emprunté au cinéma de Jean Pierre Melville, que John Woo revendique et dont il ne se cache pas, le personnage de Jenny est un prétexte pour le tueur Jeff de redonner de la vigueur à son existence afin d'effectuer une rédemption libératrice, son unique but étant de sauver la vue de la jeune femme, comme si inconsciemment, cela le ramènerait, lui aussi, à la vie...
Dès lors, il aura une volonté de fer, ce qui nous vaut des séquences dantesques, filmées par la maestria d'un Woo au firmament de son art (notamment lors des fusillades dans l'église ou sur la plage avec la fillette)...
Fortement inspiré, Woo met en scène des passages inoubliables et régale le spectateur à la fois par le côté tonique de l'action mais aussi par le jeu des comédiens impeccablement dirigés et laissant bien transparaître leur malaise (ces derniers sont particulièrement expressifs, chose rare pour les films d'action hongkongais)...
Il est allé encore plus loin dans l'exploration de la violence avec "Hard boiled" - "A toute épreuve" réalisé trois ans après, mais "The killer" fait figure de prémices avec une entame de ce style déjà confirmé...
Polar sombre, noir et presque désespéré, à l'issue incertaine et dramatique, "The killer" laisse un souvenir fort et peut s'ériger au rang de film culte, pierre angulaire pour réceptionner le cinéma de John Woo et appréhender ses codes voire ses manies (les colombes qui s'envolent, les multiples ralentis, les allégories traumatiques...).
"The killer" ravira aussi bien les spectateurs attentifs à la stylisation que les fans purs et durs de gunfights, ce qui en fait une oeuvre à l'atout double...
L'édition collector de HK vidéo est magnifique mais il me semble qu'elle est épuisée, aussi une sortie Blu ray s'impose largement pour redécouvrir ce film, qui reste un grand moment de cinéma et une oeuvre auquel John Woo tient énormément, puisqu'elle permit de "démocratiser" son style et lui fit acquérir une notoriété internationale et méritée !

Note : 10/10






samedi 18 octobre 2014

THE CRAZIES de Breck Eisner, 2010

THE CRAZIES
de Breck Eisner
Etats Unis
2010
avec Timothy Olyphant, Radha Mitchell, Joe Anderson, Danielle Panabaker
Fantastique
101 minutes
Synopsis :
Etats unis, une ville du Middlewest, années 2010...
David Dutton est le shérif de la ville et  Judy, sa femme, l'aime passionnément...
Un jour, en plein milieu d'un match de base ball, David est obligé d'abattre un vieil homme qui menaçait des jeunes avec son fusil de chasse...
Plus tard, des événements inexplicables ont lieu...
Un paysan laisse tourner sa moissonneuse batteuse en pleine nuit et incendie sa maison... Avec Russell, son adjoint, David découvre qu'un avion contenant un virus radioactif s'est échoué dans un lac voisin, sous l'eau...
Dès lors, la ville devient le théâtre de meurtres déments, ses habitants s'entretuant les uns les autres !
Seuls quelques survivants parviennent à éviter l'épidémie...
Des soldats de l'armée nationale habillés en combinaisons thermonucléaires et lourdement armés investissent la bourgade, ou du moins ce qu'il en reste...
David, Judy et Russell doivent non seulement leur échapper mais aussi lutter contre les zombies infectés !
Mon avis :
Remake du film de George Romero sorti trente sept années plus tôt, "The Crazies" souffre de beaucoup de lacunes et d'une codification moins empruntée à des oeuvres sincères qu'à un business mercantile, au détriment de la crédibilité de son scénario...
Tout y est convenu et, malgré un début prometteur, le film tourne vite en pétard mouillé malgré un budget colossal ("The Crazies" est en partie financé par des fonds qataris)...
Certains passages font dans une surenchère de gore qui décrédibilise l'intérêt et, comme de bien entendu, on nous ressert la même soupe de clichés et d'invraisemblances (le mari qui, "comme par hasard" arrive à temps pour sauver sa femme, la scène du snack bar ne tient pas la route une seule seconde, bourrée de faux raccords et d'incohérences timingesques)...
Se revendiquant mixage entre "28 jours plus tard" et "Zombie, le crépuscule des morts vivants" que Danny Boyle et Romero (qui a pourtant donné son aval) se rassurent, "The Crazies n'est en rien l'homologue de ces deux métrages, souffrant d'une anémie scénaristique et peinant à déployer la fougue inhérente aux oeuvre précitées...
Malgré tout, les images sont magnifiquement filmées (beaucoup de plans aériens ou des vues du ciel par des satellites) mais cela ne suffit malheureusement pas pour rehausser l'aspect du film, embourbé dans une réalisation pataude et banalement mise en place...
Quant à l'issue, il est simplement inconcevable (une explosion nucléaire sur plusieurs kilomètres à la ronde n'empêche pas le shérif et son épouse de s'en sortir !) et quelques passages sont inventifs (le lavage de voiture, l'entame avec le match de base ball, la folie progressive) mais se diffusent au compte goutte...
On aurait aimé plus de folie, de peps', un peu comme à la "Planète terreur" par exemple...
Fade, sans âme ni transcendance, "The crazies" perd tous ses moyens au bout de dix minutes et fait figure de cinéma "Mac do" vite (in)géré et même ennuyeux...
Son seul mérite est de nous redonner envie de revoir le Romero, c'est dire !

Note : 3/10






vendredi 17 octobre 2014

Secrets de famille de Niall Johnson, 2005

SECRETS DE FAMILLE
de Niall Johnson
Grande Bretagne
2005
avec Rowan Atkinson, Kristin Scott Thomas, Patrick Swayze, Maggie Smith, Tamsin Egerton
Comédie de moeurs réjouissante
103 minutes
Synopsis :
Little Wallop, petit village des Cornouailles, dans les années 2000...
Walter Goodfellow, le pasteur de la bourgade vit avec sa femme, Gloria, et ses enfants...
Holly, l'aînée de 17 ans est nymphomane et le fils, plus jeune, se fait persécuter par ses camarades de classe qui le martyrisent...
Walter doit participer à une convention et cela le met sous pression, il devra prononcer un discours devant des dizaines de prêtres dans l'enceinte d'un congrès...
Gloria, malheureuse dans son couple, le trompe avec Lance, le professeur de golf  américain...
L'arrivée de Grace Hawkins en tant que gouvernante de la maison va tout bouleverser...
Cette dernière est une tueuse en série !
Mon avis :
Doté d'un scénario astucieux, "Secrets de famille" est une comédie savoureuse qui se différencie des précédentes oeuvres satiriques d'outre Manche par le fait d'oser tout le temps et de faire exploser les tabous...
Décomplexé en tous points, le métrage est un carnaval de situations cocasses et souvent désopilantes avec des comédiens déjantés (Mister Bean, rien qu'à sa tête, on est en pleine hilarité, il n'a pas besoin d'en faire des tonnes !) et également de splendides décors (le film a été tourné sur place, dans la région des Cornouailles)...
Gentiment amoral (Holly est une folle furieuse au niveau de ses conquêtes, le professeur de golf est un pervers voyeur) mais jamais graveleux, "Secrets de famille" a le double mérite de déclencher les zygomatiques et de déployer des répliques qui font mouche !
Sur un fond plus grave, il est abordé des situations plus dramatiques (le harcèlement au collège) mais les "méchants" sont sévèrement "punis" de façon réjouissante par le biais du personnage de Grace Hawkins qui semble débouler de nulle part et prend le rôle de "libératrice"...
Sur un ton libre et délicieusement anarchiste, "Secrets de famille" redonne de la vigueur au cinéma britannique et emploie toute son énergie à rehausser le style de la comédie...
Les acteurs s'en donnent à coeur joie et contribuent à transmettre une énergie communicative au spectateur...
"Secrets de famille" est aussi l'occasion de revoir le regretté Patrick Swayze dans un rôle à contre emploi où ce dernier s'en sort brillamment...
Un bon moment de rire en perspective à conseiller en cas de sinistrose, idéal pour se requinquer tout en appréciant un spectacle de qualité...

Note : 8.5/10






LES DIABLES de Ken Russell, 1971

LES DIABLES
de Ken Russell
Grande Bretagne
1971
aka The devils
avec Oliver Reed, Vanessa Redgrave, Dudley Sutton, Michael Gothard, Gemma Jones
Film historique débridé
117 minutes
Synopsis :
Loudun, au dix septième siècle, au sein d'un couvent de nonnes...
Soeur Jeanne, la responsable des religieuses, les Ursulines, voue un culte à Urbain Grandier, grand ecclésiastique...
Dépravé, Grandier, couche avec de jeunes femmes et les met enceintes...
Bientôt le scandale éclate ! Le père Barré, appelé à la rescousse pour éradiquer le mal condamne Grandier à la mort si ce dernier n'avoue pas ses multiples adultères et transgressions au code religieux...
Conspué, tondu et dénigré au plus haut point, Grandier est brûlé comme un hérétique, après avoir semé désolation et opprobre au sein de la petite communauté !
Mon avis :
Film objet de culte (comme la plupart des oeuvres de Ken Russell), "Les diables" est un immense pamphlet sur la religion qui se sert de cette dernière comme levier pour en dénoncer les absurdités et les contradictions...
Accumulations de plans séquences paroxystiques, "Les diables" va très loin dans la transgression et parvient à contrôler via des images surréelles une intrigue menée tambour battant, servie par un Oliver Reed incroyable, le tout baignant dans un imaginaire ésotérique que n'aurait pas renié le peintre Jérôme Bosch...
Il existe la version originale contenant des raccords pornographiques, Russell n'hésitant pas à aller loin dans la provocation et l'extrême, le film étant très difficile à visionner, même pour les plus aguerris des spectateurs...
Comportant des séquences de flagellations, de copulations et des crises d'hystérie, "Les diables" est surtout accessible à un public ouvert et anesthésié au niveau de la violence, les autres auront du mal et risquent de décrocher rapidement tant la brutalité et la bestialité sont inhérentes au film...
Oliver Reed sidère par la maîtrise de son jeu et les autres personnages sont totalement impliqués dans le film, que Russell parvient à coordonner de façon à la fois habile et démesurée, il place la barre très haut et atteint un niveau que peu de réalisateurs peuvent dompter avec autant de talent...
Techniquement, "Les diables" comporte des idées fascinantes (le final est apocalyptique !) et met du relief sur des séquences graphiques presque picturales, toujours dans cette atmosphère maladive et putride...
Viscéral au niveau de la douleur lors des sévices (les guêpes dans les ventouses, atroce !) et peu ragoûtant lors des passages de sexe, "Les diables" est un modèle de cinéma extrême qui fera date dans cette catégorie, et beaucoup de cinéphiles vouent une adoration sans failles à ce film, ce qui est justifié...
Note : 10/10







mardi 14 octobre 2014

La poursuite impitoyable d'Arthur Penn, 1966

LA POURSUITE IMPITOYABLE
d'Arthur Penn
Etats Unis
1966
aka The chase
avec Marlon Brando, Jane Fonda, Robert Redford, Robert Duvall, Angie Dickinson
Polar sombre
133 minutes
Synopsis :
Une petite ville du sud des Etats Unis dans les années 60...
Bubber Reeves, un prisonnier notoire dans la bourgade parvient à s'évader avec un de ses acolytes de cellule...
Lors de leur échappée, ils blessent mortellement un automobiliste et Bubber se fait trahir par le forçat qui était en cavale avec lui...
Il se retrouve seul et affamé...
Le shérif en charge de faire régner l'ordre, Calder, a été pistonné par un richissime magnat du pétrole qui contrôle tout, Val Rogers...
Pour son anniversaire en grande pompe, Rogers donne une cérémonie dans son ranch avec son fils, Jake, où sont conviés la presque totalité des habitants sauf Edwin Stewart et sa femme Emily, persona non grata...
Reeves, par l'intermédiaire d'un garagiste, retrouve sa femme, Anna, qui doit épouser Jake...
La rumeur se répand comme une traînée de poudre et tous les administrés de la ville, lourdement armés et alcoolisés veulent retrouver Reeves pour le tuer et appliquer la justice de façon arbitraire...
Ruby Calder, la femme du shérif, assiste impuissante au tabassage de ce dernier !
Une longue traque nocturne commence...
Mon avis :
Peinture au vitriol d'une Amérique décadente où whisky et argent coulent à flots, "La poursuite impitoyable" est un modèle de mise en scène avec des personnages dévoilés à contre-emploi (Brando n'est pas indestructible malgré sa carrure monolithique, les femmes sont des dépravées hystériques sauf Jane Fonda, qui tire son épingle du jeu brillamment, Redford est un forçat en cavale désabusé et Robert Duvall semble subir une frustration immense dans sa vie de couple)...
Techniquement, les plans se succèdent habilement et Arthur Penn nous gratifie de couchers de soleil magnifiques mais sait, mieux que quiconque, exploiter la nuit, nuit d'où vient le danger et qui efface toute limitation, où tout devient permis pour les "chasseurs", littéralement galvanisés par l'alcool, comme exempts de l'autorité du shérif, et voulant faire appliquer eux mêmes la "punition divine" (il y a également une critique sévère de la religion dans le film)...
Empreinte d'un racisme latent, cette "Amérique profonde" devient progressivement folle et ne discerne plus de limites, avec le levier éthylique et l'effet de masse, faisant ainsi boule de neige malgré l'autorité (représentée par le shérif Calder) qui s'avèrera bafouée et souillée...
Comme un rouleau compresseur de démence que nul ne peut stopper, la "justice" s'appliquera jusqu'à un final apocalyptique d'une violence rarement vue dans le panorama du cinéma américain des années 60...
Arthur Penn met en exergue la lâcheté des hommes lors de la séquence incroyable où le shérif dévale les escaliers, la chemise et le visage couverts de sang, personne ne lui vient en aide, personne ne fait le moindre geste mais chacun reste figé sans donner mot !
Imparable et sans compromis, "La poursuite impitoyable" est non seulement une oeuvre grandiose appuyée par des comédiens hors pair mais également une vision effrayante d'une société devenue victime de ses excès et cherchant à se donner raison alors qu'elle va droit dans le mur...
Véritable film "à part" et indélébile après visionnage, "La poursuite impitoyable" est, outre un immense mo(nu)ment de cinéma, le témoignage d'une Amérique incarnée par ses excès et ses outrances, où Arthur Penn ne ménage personne, que ce soit ses personnages ou le spectateur qui assiste, médusé, à un métrage hors du commun et sidérant par sa manière d'oser montrer les choses, si crûment et de façon si réaliste...

Note : 10/10






dimanche 12 octobre 2014

FURIE de Brian De Palma, 1978

FURIE
de Brian De Palma
Etats Unis
1978
aka The fury
avec Kirk Douglas, Amy Irving, John Cassavetes, Carrie Snodgress, Andrew Stevens
Thriller fantastique
118 minutes
Musique de John Williams
Edité en blu ray chez Carlotta
Synopsis :
1977, sur une plage très fréquentée d'Israel...
Peter Sandza et son fils, Robin, sont là en touristes avec Ben Childress, un ami de Peter...
Soudain, des terroristes arrivent par la mer en zodiac et tirent sur tout ce qui bouge, provoquant une hécatombe !
Dans la panique la plus totale, Robin est forcé de fuir in extremis, son père est laissé pour mort, après une défense épique contre les attaquants !
Un an s'écoule, Peter, bien en vie mais traqué inlassablement, fait tout pour retrouver Robin...
Ce dernier, doué de pouvoirs de télékinésie est sous l'égide du docteur Mac Keever, confiné dans le mystérieux institut Paragon...
Peter fait la connaissance de Gillian Bellaver, une jeune femme possédant les mêmes pouvoirs que son fils...
Aidé par Gillian, Peter infiltre l'organisation qui la trahit et va tout faire pour sauver Robin de leurs griffes...
Mon avis :
Métrage très intéressant dans la carrière virtuose de Brian De Palma, "Furie" reprend et met en exergue des éléments scénaristiques de son précédent film "Carrie" et révolutionne le cinéma d'alors, instaurant en équations film d'espionnage, thriller et passages horrifiques teintées de gore...
Kirk Douglas est ici en roue libre, et son tandem avec la jeune Amy Irving tient bien la route, apportant un aspect touchant et paternaliste à l'histoire...
Chargé en anxiogénéité, "Furie" fait déployer des séquences anthologiques de pur cinéma techniquement parlant (beaucoup de plans filmés du plafond, de longs et superbes ralentis, des cadrages aériens alternant nocturne/diurne splendides, on observe avec délectation un sens inné de la maîtrise de De Palma)...
Il y a beaucoup de séquences filmées dans la population (la sortie de la plage, la fête foraine...), ce qui a du demander énormément de préparation, quant aux personnages secondaires ils apportent de la saveur au film (les deux flics en fin de service, les retraités ligotés, les pauvres saoudiens tués lors de l'effondrement du manège)...
De Palma emprunte des codes propres à Alfred Hitchcock mais en y intégrant une modernité totale et une singularité propres aux années 70, de par leur outrance et leur opulence...
Parfois vicelard (la relation entre Robin et la trentenaire riche et alcoolique) et délirant (l'institut Paragon, sorte d'antre improbable pour adolescents perturbés et psychotiques avec ses expérimentations technologiques complètement barrées), "Furie" préfigure même un peu le "Scanners" de Cronenberg tourné deux ans plus tard, notamment lors du final incroyable où le protagoniste "explose", à l'instar du métrage de Cronenberg, par des pouvoirs sensoriels (ici la télékinésie)...
"Furie" est un enchevêtrement de scènes chocs mais qui servent l'histoire de façon habile, afin que le spectateur s'immisce profondément dans une intrigue riche et d'une intensité poussée à maxima...
Il a toute sa place dans la filmographie du grand De Palma et se doit d'être vu, aussi bien pour passer un moment agréable, mais aussi pour apprécier le sens cinématographique du réalisateur, qui explore ses capacités imaginatives avec un brio évident...
Le blu ray de Carlotta vidéo est très réussi, avec une image sublime et l'ensemble est un régal pour les cinéphiles adeptes de thrillers fantastiques de haut niveau...
Bref, un must have total !

Note : 9/10






samedi 4 octobre 2014

Chasse à l'homme de John Woo, 1993

CHASSE A L'HOMME
de John Woo
Etats Unis
1993
avec Jean-Claude Van Damme, Yancy Butler, Lance Henriksen, Wilford Brimley, Arnold Vosloo, Kasi Lemmons
aka Hard Target
Action Yakayo
97 minutes
117 minutes (version uncut)
Produit notamment par Sam Raimi
Synopsis :
Etats Unis, une ville de la Nouvelle Orléans, années 90...
Natasha Binder, une jeune femme, est à la recherche de son père, ayant perdu sa trace depuis plusieurs années...
Ses investigations l'amènent à faire connaissance de Chance Boudreaux, qui la défend vigoureusement suite à une agression...
Emil Fouchon, commanditaire de "chasses à l'homme" sur des sans domiciles fixes, financées par de richissimes "clients" en mal de sensations fortes, semble être responsable de la mort du père de Natasha !
Impliqué contre son gré dans cette histoire, Boudreaux devient la cible, lui aussi, de cette impitoyable traque !
Mon avis :
Quand John Woo, le maître du "polar gunfight" made in Hong Kong rencontre l'inénarrable Jean Claude Van Damme ça donne un film plein d'énergie et qui fait plaisir à voir, alternant flingues et coups de tatanes, mixant mandales et fusillades burnées tout en revigorant le mythe de la chasse humaine, les proies étant devenues cette fois ci de pauvres SDF !
Scénar délirant, raccourcis scénaristiques et ralentis à outrance, Woo décline un style propre à Hollywood et perd son "âme" de cinéaste des précédentes oeuvres auxquelles il nous avait habitués mais garde quelques clins d'oeils (les tourterelles volantes, déjà vues dans "The Killer")...
Le père Van Damme assaisonne le film de sa castagne innée qui fait sa marque de fabrique et s'en sort parfaitement, malgré un jeu inexistant... Quant à Yancy Butler elle demeure crédible et on se demande pourquoi le cinéma d'outre Atlantique l'a autant sous employée !
Il y a quand même des passages bien nanardesques et à hurler de rire dans "Chasse à l'homme", le serpent qui se prend un bourre pif (?), l'oncle de Van Damme vif comme l'éclair sur son cheval malgré ses 75 ans affichés, des répliques bien trempées fines comme un kilo de gros sel et quelques invraisemblances (quid des passants lors de la mort de la commissaire en pleine rue)...
Les cascades sont très efficaces même si Van Damme a été doublé, notamment lors de la scène de la moto, et la dernière demie heure est un festival d'action bien rôdée où ça tire dans tous les sens, à grands renforts d'explosions et de castagne testostéronée !
Henriksen et Arnold Vosloo ont vraiment les trognes de l'emploi, plus salopards qu'eux c'est difficile !
En conclusion, "Chasse à l'homme" est un très bon moment à passer, un pur bonheur de cinéphile et défile fluidement, on ne voit pas le temps passer !
Van Damme est très attachant et a su insuffler à ses rôles un charisme universel qui donne envie de voir ou revoir ses précédentes prestations, il dégage une sympathie immense et une sincérité globalement indéniable !
97 minutes de pur plaisir !

Note : 7.5/10