lundi 28 mars 2016

Intervista de Federico Fellini, 1987

INTERVISTA
de Federico Fellini
1987
Italie
avec Federico Fellini, Marcello Mastroianni, Anita Ekberg, Christian Borromeo, Sergio Rubini, Antonella Ponziani, Eva Grimaldi
Film hommage
105 minutes
Prix du jury au festival de Cannes en 1987
Synopsis :
Italie, studios de Cinécitta, années quatre-vingts…
L’adaptation du roman de Franz Kafka « L’Amérique » est en préparation et c’est Federico Fellini lui-même qui doit la tourner, des journalistes japonais suivent ses pérégrinations de manière assidue et ne le quittent pas d’une semelle durant tous ses repérages…
Fellini est nostalgique et se remémore tous ses précédents tournages lorsqu’il parcourt les lieux des studios, il fait participer des personnes aux physiques singuliers et particuliers lors de castings hors du commun, jusqu’à ce qu’il retrouve le couple fétiche qu’il avait dirigé pour « La dolce vita », Anita Ekberg et Marcello Mastroianni…
Anita Ekberg convie ses invités à son domicile, une riche demeure gardée par des molosses, Mastroianni se grime en magicien (Mandrake) et fait renaitre sur un simple drap les passages cultes de « La dolce vita »…
Plus tard, les techniciens et acteurs de Fellini se réfugient sous une grande tente lors d’une pluie diluvienne, le lendemain matin, ils sont attaqués par une tribu d’indiens qui portent comme étendards des antennes de télévision…
Fellini se voit vieillissant et commence à douter de l’avenir, les médias modernes prennent le pas sur le vrai cinéma, l’authenticité se perd et le côté fade de la télévision prend davantage de place par rapport aux grands classiques du septième art que Fellini affectionnait plus que tout…
Mon avis :
Avant dernier film de Fellini, « Intervista » est une invitation à un voyage de la part de Fellini, lui qui connut mieux que quiconque les studios de Cinécitta, il est fou amoureux de cette petite ville où furent tournés une grande partie des classiques du cinéma italien, « Intervista » sonne comme un hommage mais aussi comme une veillée funèbre de tout un pan du septième art, les studios étant sur le point de fermer et donc… de mourir, entrainant avec eux tous les souvenirs, une partie de la vie de metteurs en scène dont Fellini fit partie…
Le film en lui-même est enjoué et mouvementé, tout n’y est que vie et vitalité, ça parle sans arrêt, les décors sont dans un mouvement incessant, on se croirait dans une cour de récréation, les protagonistes sont toniques et le tout converge vers un maelström orchestré avec jubilation par un Maestro qui prend plaisir à nous conter son histoire…
Le passage du périple avec le funiculaire est purement magique et l’envers du décor se dévoile avec les éléphants en carton ou la scène surplombant les figurants avec la belle divinité ultra maquillée et peinturlurée, trônant et attirant les foudres du réalisateur irascible suite au retard de son arrivée…
Le caméo Ekberg/Mastroianni déclenche l’émotion et vient appuyer le discours fellinien, rappelant à tout le monde que Fellini savait faire transcender son cinéma auprès des spectateurs, il contait et racontait des histoires d’amour à la fois flamboyantes et atypiques, ce qui l’inscrivait dans la catégorie très fermée des réalisateurs lyriques et populaires, grâce à une sincérité et un respect envers son public que peu d’autres metteurs en scène possédait…
Chant du désespoir, « Intervista » ne se veut pas défaitiste et Fellini y apporte une conclusion rassérénante, le clap de fin n’étant pas forcément un clap d’adieu mais une vision qui doit être conservée…
Combinant tous les codes de la cinéphilie de manière tantôt baroque tantôt mélancolique, Fellini glisse un discours et interpelle les spectateurs mais n’oublie pas de les divertir en même temps…
Il y a une grâce dans « Intervista » qui en fait un de ses plus beaux films…

Note : 10/10




dimanche 27 mars 2016

ZATOICHI de Takeshi Kitano, 2003

ZATOICHI
de Takeshi Kitano
2003
Japon
Aka The blind swordsman
avec Takeshi Kitano, Tadanobu Asano, Yui Natsukawa, Daigoro Tachibana, Yuko Daike, Ittoku Kishibe, Saburo Ishikura, Akira Emoto
Film de sabres
118 minutes
Edité en DVD chez Wild side
Prix du meilleur film et du meilleur réalisateur Festival de Venise 2003
Recettes mondiales : 32 285 593 dollars
Synopsis :
Une ville de la province du Japon, au dix-neuvième siècle…
Zatoichi est un guerrier aveugle qui vit chichement en tant que masseur, il s’adonne au jeu de dés et a un flair bien particulier se repérant aux sons des dés lorsqu’ils sont jetés…
Ginzo, un tyran qui régit la contrée, est aidé dans sa tâche par le ronin Hattori, tous deux répandent la terreur et déciment tous les villageois qui refusent de se soumettre à leur diktat… Le responsable d’un massacre, Kuchinawa, est recherché par les deux jeunes geishas, O-Sei et O-Kinu, seules survivantes lorsque celui-ci a tué toute leur famille…
Zatoichi rencontre les deux jeunes femmes et reste bien décidé à les aider pour retrouver le responsable de la mort de leur fratrie…
Zatoichi est pris dans un guet- apens et Hattori le blesse lors d’une rixe dantesque…
Survivant à ses blessures, Zatoichi n’a plus qu’une idée en tête, armé de sa canne épée, il se rend chez Ginzo afin de rendre la justice…
Mon avis :
Zatoichi est un personnage culte bien connu du peuple japonais, ses aventures ont été déclinées sur une quinzaine de films au pays du soleil levant, cette version de Kitano est donc une relecture moderne du mythe de Zatoichi et Kitano est resté fidèle à l’esprit populaire de ce guerrier aveugle sachant combattre et manier le sabre comme nul autre…
Les combats sont très impressionnants et Kitano gratifie de plans très gore le film qui comporte environ une quinzaine de scènes de sabre, chorégraphiés et millimétrés pour donner de la vigueur et de l’action au métrage, c’est très réussi…
Les personnages secondaires servent de levier à Zatoichi pour qu’il parvienne à asseoir et démontrer sa puissance et la dextérité qu’il déploie rend l’histoire encore plus efficace…
Kitano se sert de beaucoup de flash backs, surtout avec le massacre commis par Kuchinawa, qui n’est pas sans rappeler la trame de certains westerns italiens (on compare Kitano à Sergio Leone, ce transfert est juste et justifié), la thématique de la vengeance via une tierce personne est bien établi et récurrent dans les films d’actions de cette époque…
Mais cela n’empêche pas à Kitano de garder son propre style et de créer une ambiance dont lui seul a le secret, regorgeant de séquences d’attaques qui se mutent en hécatombes stylisées magnifiées par des décors naturels ou par une pluie battante…
La surprise scénaristique qui arrive un quart d’heure avant la fin est de taille et permet de relancer l’intrigue de façon subtile, certains positionnements ou mouvements de caméras prouvent une nouvelle fois que Kitano est un très grand metteur en scène, toujours à l’aise dans les thématiques qu’il explore à chacun de ses films (le polar dans « Violent cop », la chronique sociale dans « Kids return », le film sentimental dans « Hana-bi »)…
Perpétuellement en recherche de la plus- value à son cinéma, Kitano dote « Zatoichi » d’un grand sens de l’humour (le voisin iconoclaste qui se prend pour un samouraï en vociférant qui court le long de la maison) et la séquence finale rassérène et fait exulter le spectateur de manière jubilatoire (la chorégraphie avec claquettes, phénoménale et insensée !)…
Le public ne s’y est pas trompé puisque « Zatoichi » reste, à ce jour, le plus grand succès de Kitano, preuve qu’il est aussi capable d’apporter un cinéma populaire et qui plait, pas forcément en mettant en exergue des films personnels ou trop hermétiques, comme il fit auparavant…
« Zatoichi » c’est quasiment deux heures de bonheur, qui ravira les fans de chambaras et les cinéphiles sensibles et réceptifs au cinéma japonais contemporain…
Une très grande réussite !

Note : 10/10






samedi 26 mars 2016

Viva Zapata d'Elia Kazan, 1952

VIVA ZAPATA
d’Elia Kazan
1952
Etats-Unis
Avec Marlon Brando, Anthony Quinn, Jean Peters, Joseph Wiseman, Arnold Moss, Alan Reed
108 minutes
Fresque historique romancée
Produit par Daryl F. Zanuck
Oscar du meilleur acteur dans un second rôle (Anthony Quinn)
Synopsis :
Au début du vingtième siècle, en 1909 au Mexique…
Les paysans du Morelos, spoliés par des exploitants de canne à sucre, rendent une visite inopinée au gouverneur de la région, ils lui expliquent leur désarroi, ce dernier leur promet de réparer cette erreur…
Lorsque les paysans quittent la salle, un homme, Emiliano Zapata, interpelle le gouverneur de façon irrespectueuse, celui-ci lui demande son nom et le note sur un calepin en l’entourant…
Peu de temps après, la révolte gronde : Zapata, aidé par son frère Eufemio et leur ami Pancho Villa, fomente une rébellion et les nantis sont attaqués dans un bain de sang avec pour point d’orgue un duel sabre contre mitrailleuse…
De fil en aiguille, Zapata devient l’étendard de la révolution mexicaine, il se marie avec la belle Josefa, un membre de l’armée qui le défendait est tué dans un guet- apens nocturne !
Zapata devient la cible du gouvernement et représente une personne gênante, son exécution devient inévitable afin de ne pas entacher les projets politiques du gouverneur…
Mon avis :
« Viva Zapata » est une retranscription de la société dans les pays pauvres qui donne une confrontation entre les politiques et le peuple, ici le postulat s’avère hélas encore d’actualité comme dans des pays sous-développés qui figurent sur la planète…
Le personnage de Zapata représente cette frange contestataire, défenseur d’un peuple opprimé rallié à sa cause et qui semble désespéré, Brando, au teint hâlé et aux yeux fermés, est méconnaissable dans son rôle, Anthony Quinn bénéficie d’un jeu d’acteur qui lui vaudra un oscar, Elia Kazan aurait dénigré Brando auprès de Quinn, pour rendre l’antipathie et la distance fortes entre les deux hommes, ce procédé est discutable puisqu’à la fin du tournage, Kazan n’avoua pas la vérité de cette supercherie à Quinn…
Bourré de poésie (le cheval blanc, sublime métaphore à la fin du métrage, la logorrhée avec les aphorismes débités par Brando, habité par son personnage) et touchant voire déchirant (le pauvre gamin qui mange la nourriture des chevaux, Josefa qui veut empêcher Zapata de partir et qui s’accroche à son cheval), « Viva Zapata » bénéficie de surcroit d’une technique de découpage des plans très habile (les séquences de mouvements de foule filmées en hauteur, les vues intérieures vers le dehors par la fenêtre –déjà utilisées par Orson Welles dans « Citizen Kane-)…
Le film se déroule de façon progressive, alternant passages conflictuels mais n’oubliant pas la belle histoire fougueuse entre Zapata et Josefa, d’abord houleuse (la scène de l’aiguille dans l’église) pour finalement occulter la raison et provoquer le déchirement (Jean Peters est bouleversante lorsqu’elle conjure Brando de ne pas la quitter)…
Dans sa globalité, « Viva Zapata » est et restera un très grand film, sur une thématique (la révolution mexicaine) très peu abordé à Hollywood et qui joue sur le réalisme de la misère d’un peuple avec crédibilité (on se demande si certains figurants ne sont pas réellement de vrais paysans mexicains)…
Brando trouve une nouvelle fois un rôle taillé à sa mesure et apporte en plus-value au film son charisme habituel, prouvant qu’il est à l’aise dans tous les registres…
La scène finale justifie à elle seule la raison de voir « Viva Zapata » et intègre le film dans le rang fermé des classiques du cinéma politique des années cinquante d’outre Atlantique…
Les affres du pouvoir, de la corruption et de la prévarication en prennent pour leur grade dans ce chef d’œuvre d’humanité et d’humanisme qui résonne comme un cri désespéré…
Magnifique !

Note : 10/10





vendredi 25 mars 2016

Pierre André Gilard aka Gary Novak dans PBLV

PIERRE ANDRE GILARD
Gary Novak dans Plus belle la vie
Un acteur phénoménal !
ça fait longtemps que j'ai pas vu un personnage de série française qui déchirait autant !
Gary Novak (Pierre André Gillard) dans PBLV, il explose tout !Un rôle de gangster classe et intransigeant en même temps, qui n'hésite pas à casser les codes du politiquement correct de la série, il brutalise les femmes, est blindé de thunes et martyrise tout le monde…Ce rôle apporte fraicheur et nouveauté à la série, c'est bien que les scénaristes aient eu l'idée de le créer…GARY NOVAK RULEL'héritier du Marseillais de Smuggler de Fulci, rien que pour lui la série vaut le coup d'oeil et le mec sait jouer en plus !
Un pur TUEUR…

Contrairement aux autres au jeu convenu et aseptisé !
Il possède un charisme absolument gigantesque, froid dans ses gestes, il n’a pas besoin de dire grand-chose, on comprend tout de suite, son énervement est contenu, il reste implacable, le pauvre Abdel fait pâle figure à côté de lui…
Gary Novak contrôle tout via ses acolytes et n’y va pas de main morte lorsqu’il doit régler ses comptes…
Sa démarche est toujours sure, son assurance omniprésente dans toutes les séquences où on le voit, il possède une aura qui fera de lui un grand, c’est indéniable !
Il possède un physique et une carrure identifiables entre mille, grand, fin et au regard glaçant et en plus très bel homme…

Je prédis un immense avenir à l’acteur qui l’incarne : Pierre André GILARD, retenez bien ce nom, un géant est né !


dimanche 20 mars 2016

Premiers pas dans la mafia d'Andrew Bergman, 1990

PREMIERS PAS DANS LA MAFIA
d'Andrew Bergman
1990
aka The freshman
avec Matthew Broderick, Marlon Brando, Maximilian Schell, Penelope Ann Miller, Bruno Kirby, Frank Whaley
Comédie policière
98 minutes
Synopsis :
New York, début des années quatre vingt dix...
Clark Kellog, un jeune homme dont le père est décédé quand il avait six ans, quitte le domicile familial dans un coin du Vermont pour se consacrer à des études de cinématographie, à peine arrivé à la gare, Victor Ray, un soi disant taxi, l'interpelle...
Clark, confiant, se fait dérober toutes ses affaires et se retrouve sans argent...
Il retrouve fortuitement son voleur et ce dernier lui présente Carmine Sabatini, un ponte âgé de la mafia qui lui propose un deal lui permettant de gagner mille dollars en une semaine : transporter un varan, reptile du Komodo, espèce en voie de disparition...
La fille de Carmine, Tina, tombe amoureuse de Clark et souhaite l'épouser...
Pendant le transit du reptile, ce dernier s'échappe de la voiture lors d'un arrêt à la station service, il déboule dans un centre commercial situé à proximité et sème la panique !
Mon avis :
"Premiers pas dans la mafia" n'a la peinture de la "mafia" que dans son titre, ceux qui s'attendaient à un polar violent dans la veine des "Affranchis" passeront allègrement leur chemin, ici c'est une comédie loufoque et bon enfant, sans la moindre brutalité, qui vaut surtout pour la composition "caméo" de Brando, reprenant trait pour trait son personnage de Don Corleone de "Godfather"...
Il faudra donc se faire une raison et le film décevra nombre de cinéphiles, souffrant de séquences grotesques et non crédibles (le jeune homme fume sa cigarette sans s'apercevoir que le varan sort de la voiture, il est à un mètre de lui !), l'histoire d'amour entre Clark et Tina est coincée et dépassée, indigne pour Broderick, pourtant bon acteur et pointure de la beaugossitude !
Le scénario est très bancal et les moyens financiers mis en oeuvre sont conséquents mais l'histoire est beaucoup trop simpliste, ne s'articulant principalement que sur le gimmick du varan (le reptile est réel), la farce devient grossière et n'arrive pas à décoller (le banquet, tout ça pour ça !)...
Andrew Bergman est également responsable du catastrophique "Striptease" avec Demi Moore sorti six ans plus tard, et on ressent bien le manque de conviction du réalisateur, empâté dans une intrigue qu'il filme platement et sans tonicité...
Bref, "Premiers pas dans la mafia" est donc un pétard mouillé avec au final une composition vieillissante du mythe de Marlon Brando, s'avérant presqu'une caricature, il aurait fallu plus de densité scénaristique et surtout une plus grande application dans les thématiques abordées (le côté paternaliste saute aux yeux entre Broderick et Brando mais aurait du être plus dense, plus travaillé), on a l'impression que tout est pris à la légère dans l'interprétation, notamment lorsque Broderick et Penelope Ann Miller sourient tout le temps lors de la scène avec le prêtre, comme si ils se foutaient de leurs rôles...
Le personnage cabochard joué par Bruno Kirby est sous employé et au ras des pâquerettes, à mi chemin entre le looser et le sous fifre...
"Premiers pas dans la mafia" n'est guère convaincant et possédait au départ un potentiel énorme, au final, un immense gâchis et un film très peu représentatif des comédies policières américaines des années quatre vingt dix, sans vigueur ni saveur et hors des codes de cette catégorie...
A visionner uniquement pour ceux qui veulent avoir vu entièrement la filmographie de Brando...

Note : 4/10





samedi 19 mars 2016

The score de Frank Oz, 2001

THE SCORE
de Frank Oz
2001
Etats-Unis/Allemagne
Avec Robert de  Niro, Edward Norton, Marlon Brando, Angela Bassett, Gary Farmer
Policier/film de gangsters
118 minutes
Budget : 68 000 000 dollars
Synopsis :
Montréal, Québec, début des années deux mille…
Nick Wells est un spécialiste du perçage de coffre forts, il maitrise toutes les techniques, met à jour ses connaissances dans ce domaine ; alors qu’il semble avoir réalisé son ultime « coup » en s’en sortant de justesse, Max Baron, un vieil homme adepte de malversations, le somme de réaliser un dernier forfait qui pourrait rapporter plusieurs dizaines de millions de dollars, ce qui permettrait à Nick Wells d’éponger ses dettes…
En effet, Nick a ouvert un club dans Montréal et souhaite raccrocher pour vivre une idylle avec une superbe hôtesse de l’air prénommée Diane…
Le bâtiment des douanes canadiennes a dans ses sous- sols une boite en bois où se trouve un sceptre, pièce inestimable appartenant au patrimoine français…
Jack Teller, un homme de main de Max, entraine Nick dans cette aventure, Nick n’a pas du tout confiance en lui ! Teller s’infiltre au sein des douanes comme employé d’entretien sous les traits de Brian, pour couvrir sa présumée innocence il se fait passer pour un attardé mental…
Passant par les égouts de la ville, Nick, aidé par Jack en simultané par radio, réussit à dérober le sceptre in extremis…
Une surprise de taille va l’attendre !
Mon avis :
Film multigénérationnel où trois catégories d’acteurs s’illustrent, « The score » est globalement un bon film même s’il manque le petit grain de folie qui aurait pu le faire basculer au rang de chef d’œuvre…
L’intrigue est bâtie sur des bases solides, développant une histoire qui tient en haleine, soutenue par une interprétation suffisamment convaincante pour retenir l’attention (le trio De Niro/Norton/Brando fonctionne très bien), le personnage d’Angela Bassett symbolise le dénouement de la « carrière » de Nick et l’issue sonne sa consécration, la « surprise » finale est de taille et semble tout à fait crédible, si l’on se réfère à la relation ambiguë entre Jack et Nick…
La plus- value du film vient vraiment grâce aux décors et aux multiples pièces qui foisonnent tout le long du métrage , l’immersion du spectateur se fait grâce à cela dans « The score », la technique pour filmer est, quant à elle, bougrement efficiente !
C’est le dernier film de Marlon Brando, légende vivante du cinéma américain, son personnage est touchant et il est très impressionnant de voir son physique, je vous laisse le découvrir…
De Niro semble particulièrement à l’aise et Edward Norton irradie le film par son culot et son insouciance, « tel est pris qui croyait prendre », l’adage se vérifie une nouvelle fois…
Ponctué de multiples coups de théâtre et doté d’un suspense omniprésent (bravo pour la scène d’ouverture !), « The score » se suit facilement et est un film très plaisant, reprenant un canevas moult fois utilisé au cinéma (on pense même au « Casse » d’Henri Verneuil), son seul bémol reste le sous- emploi de la musique d’Howard Shore, pourtant très grand compositeur et un côté à la Scorsese aurait été très bien venu…
Il ne faut pas être difficile, seuls les plus exigeants pourront éventuellement discerner une fadeur dans le thème du film, mais Frank Oz fait amende honorable et réalise un film commandé qui ravira les fanatiques de polars formatés…
Après tout, « The score » tient bien ses promesses et assure le minimum syndical, on est rassasiés et on reste sur sa faim en même temps…
Niveau détente, on passe deux heures de loisirs, sans jubiler ni exulter mais en oubliant son quotidien…
Peut- être qu’avec le temps, « The score » se bonifiera, un spectacle honnête tout de même, sans être transcendental…

Note : 7/10






dimanche 13 mars 2016

Orloff et l'homme invisible de Pierre Chevalier, 1971

ORLOFF ET L’HOMME INVISIBLE
de Pierre Chevalier
1971
France/Espagne
Aka la vie amoureuse de l’homme invisible
Avec Howard Vernon, Brigitte Carva, Fernando Sancho, Paco Valladares, Isabel del Rio, Evane Hanska
Nanar fantastique gothique
Produit par la firme Eurociné
71 minutes
Synopsis :
Un village d’Europe, vers la fin du dix-neuvième siècle…
Le docteur Garondet, un solide gaillard, est appelé par un mystérieux garçonnet qui lui demande de se rendre fissa au château d’Orloff, prétextant qu’un membre de sa famille est gravement malade…
Pétri de bonne volonté, Garondet parvient à s’y rendre, non sans mal et après avoir dû marcher dans une forêt remplie de branchages…
L’atmosphère au château est incertaine et Orloff raconte au toubib que sa fille, Cécile, a été poignardée il y a cinq ans et enfermée dans la crypte d’un cimetière adjacent…
Orloff fait part à Garondet de ses travaux scientifiques qui lui ont permis de créer une créature hybride mi-homme mi-singe pourvue d’invisibilité…
Cécile réapparait !
Le monstre invisible s’avère être très libidineux et s’en prend à des jeunes femmes, les dénudant et essayant d’abuser d’elles…
Lorsque le monstre s’acharne sur Cécile, Garondet fait tout pour la sauver et met hors d’état de nuire le gorille invisible !
Mon avis :
Dans la plus pure tradition nanardesque des productions « Eurociné » du début des années soixante- dix, « Orloff et l’homme invisible » est un monument de « non cinéma », au même titre que « Zombie Lake » ou « Oasis of the zombies », il fait partie de cette race de films inoubliables et complètement à l’ouest, ce métrage atteint des sommets dans l’incongruité, bourré de faux raccords, de dialogues théâtraux délirants et de sauts des images…
Paco Valladares est constipé comme pas possible et se plante raide comme un piquet, Howard Vernon est fidèle à sa légende et Brigitte Carva (Dame Cécile) rentre en un film dans le panthéon ultra fermé des starlettes de nanars grâce à des passages mythiques où la belle exhibe sans le moindre complexe sa pilosité dans des séquences lubriques et hilarantes…
Mais que s’est-il passé dans la tête du scénariste ? On pense qu’il avait abusé de substances illicites ou qu’il était ivre mort lorsqu’il a enfourché son stylo…
Tout tourne bizarrement, les plans se répètent (il y a huit plans où l’on voit une cheminée !), le décor du domicile du docteur Garondet est le même que celui du salon d’Orloff (moyens faméliques niveau budget), les deux tiers du film se concentrent dans le château et pourtant on se régale de trouvailles intéressantes ! Un plan quasi Bavaien vient illuminer le métrage avec des coloris bariolés lors de la scène où Vernon emmène le valet dans les sous-sols du château…
D’une déviance totalement assumée, « Orloff et l’homme invisible » se crédite d’une ambiance hyper gothique avec tous les codes que cela comporte, on a droit à tout (couloirs, crypte, cimetière extérieur, forêt dense et lugubre…) et au final, c’est un REGAL…
L’incendie lors de l’épilogue est très réaliste et on est quasi sûr que les flammes et la fumée qui sortent des fenêtres ont été réalisées sans trucages !
Pierre Chevalier ne parvient pas à provoquer un seul effroi mais plutôt (et c’est involontaire) l’hilarité, « Orloff et l’homme invisible » est une œuvre à appréhender en prenant impérativement beaucoup de recul, la condition pour savourer un tel film est de se laisser porter dans l’histoire et dans les décors, un peu comme dans un rêve éveillé, on le suit de façon touchante et enthousiaste, un verre et une cigarette à la main…
Un vrai bonheur de cinéphile qui figure dans le haut du panier des productions Eurociné, déviant, iconoclaste et croustillant, un MUST total à découvrir pour se faire une idée juste des nanars de l’époque…
Dédicacé à Phil Flint Chouvel

Note : 9/10





samedi 12 mars 2016

NICO d'Andrew Davis, 1988

NICO
d’Andrew Davis
1988
Etats-Unis/Hong Kong
aka Above the law
avec Steven Seagal, Pam Grier, Henry Silva, Sharon Stone, Michael Rooker, Daniel Faraldo, Ron Dean, Joe Greco
99 minutes
Polar yakayo
Synopsis :
En pleine guerre du Vietnam, Nico Toscani, un fervent amateur de karaté et d’arts martiaux qui a fait ses classes au Japon, désapprouve les méthodes peu orthodoxes de son ennemi juré Kurt Zagon, ce dernier appliquant la torture pour faire parler un prisonnier…
Chicago, 1988, Nico est un ancien membre de la CIA qui officie désormais comme policier, il vit avec sa femme, Sara, et le couple vient juste d’avoir un bébé…
Sa nièce est entrainée par un jeune dealer, ni une ni deux, Nico la tire de là lors d’une passe d’armes musclée…
Delores Jackson, la procureure et collègue/amie de Nico, tente de le dissuader de tremper dans des coups fourrés qui mettent un foutoir pas possible dans la ville à chacune de ses interventions…
Nico essaie de coincer de dangereux trafiquants mais ces derniers sont « couverts » par des autorités véreuses, et derrière tout ce trafic se cache… Kurt Zagon !
Lorsque le père Joseph Gennaro décède dans un attentat à la bombe, Nico pète complètement les plombs, appuyé par Delores il fait une descente chez les présumés trafiquants !
Remontant la piste jusqu’à Zagon, il comprend qu’un attentat est en train de se commettre sur un député qui assiste à un congrès…
Mon avis :
Premier film de Steven Seagal dont il est également coscénariste et producteur, « Nico » est considéré comme son meilleur film, du moins il traite une histoire policière à la trame classique mais rigoureuse, les personnages (Pam Grier en tête) se révèlent attachants et l’action ne faiblit jamais, s’articulant sur des combats, des fusillades et même des attentats à la bombe réalistes et très efficaces…
Seagal use et abuse de sa force et de son agilité au combat de rue, distribuant les torgnoles et les bourre pifs avec un entrain jubilatoire qui fait mouche à chaque fois, ne s’encombrant pas de la quelconque expressivité et débitant des vannes en dessous de la ceinture, parfois incongrues (quand on est bourrin on l’est jusqu’au bout !)…
Il se dégage une sympathie immédiate pour ce personnage incarné par Seagal et l’on prend un réel plaisir à suivre ce métrage rondement orchestré avec aussi une gueule de salopard (Henry Silva, un habitué de ce genre de rôle) qui aide bien à faire détester le « méchant », adepte des tortures avec picouzes au Penthotal et autres joyeusetés…
Gravitant avec une présence charismatique dans tout ce microcosme propre aux actioners des années quatre vingts, Steven Seagal a pu asseoir sa réputation avec ce dépucelage filmique et s’inscrit directement dans le palmarès des yakayo, à l’instar de Chuck Norris ou Jean Claude Van Damme, c’est « Nico » qui va propulser sa carrière !
D’une forme olympique, Seagal assure également l’ensemble de ses cascades avec notamment une course poursuite sur le toit d’une voiture ou sur un train (comme Belmondo dans « Peur sur la ville »), l’ensemble est très plaisant à suivre et le final résume bien où réside le principal intérêt du film : montrer que la police américaine finit toujours par triompher face aux gangsters…
Petit film à visionner pendant le weekend ou avec ses potes pour une soirée bières/pizza…

Note : 8/10





dimanche 6 mars 2016

Dream Theater, live "The astonishing"

DREAM THEATER LIVE THE ASTONISHING
Concert au Palais des congrès Samedi 5 mars 2016
Avec James La brie, John Petrucci, Jordan Rudess, Mike Mangini et John Myung
180 minutes
80 minutes (première partie), entracte de 20 minutes, 80 minutes (seconde partie)
Il est pile vingt heures et me voilà installé dans la salle du Palais des congrès, le mythique grand amphithéâtre, dès l’introduction on se met dans l’ambiance de cet album très complexe qu’est « The astonishing » la cuvée 2016 du non moins légendaire groupe Dream Theater…
Qu’est ce qui a changé ?
TOUT.
La bande à La brie a cassé tous les codes connus par le public de fans traditionnel pour accoucher d’un album concept basé sur le futurisme, à la croisée de « Matrix », « Le seigneur des anneaux » et même « Blade runner », donc ça passe ou ça casse, Dream Theater n’a peut être pas mesuré suffisamment que l’impact de ce choix aurait pu décontenancer les fans de la première heure…
CE N’EST PLUS DU HEAVY METAL, mais plutôt du rock voire de la pop variétés, exit les passages thrashy entrainants connus à l’époque de « Train of through », ici on a pêle mêle de la guitare acoustique, beaucoup de piano (Clayderman sors du corps de Rudess !), les Dream theater ont purement et simplement décidé de rejouer leur album en live, sans aucun ancien morceau ni rappels, ceux qui espéraient écouter les segments de Metropolis partie 2 de 1999 se mettront uniquement sous la dent « The astonishing » en long en large et en travers et en intégralité…
Les lights sont splendides, la technique irréprochable et le son excellent (pas d’acouphènes à la sortie), en fait pour savourer ce concert monumental, l’idéal aurait été d’avoir écouté en boucle « The astonishing » pendant plusieurs semaines avant d’aller voir le live, histoire d’assimiler et mémoriser les morceaux mais en même temps il y a un double sens, on peut redécouvrir l’album après avoir vu le concert (mon cas rentre dans cette catégorie, n’ayant pas eu suffisamment d’écoutes au compteur avant ce soir)…
Les quatre écrans surplombant la scène diffusent des images en rapport avec le concept de « The astonishing », tout est très bien réalisé et conçu de main de maitre, rien à dire…
Sur trois heures de concert, on a beaucoup moins de solos heavy qu’à l’accoutumée de la part de Petrucci (à peine cinq !), les habitudes sont chamboulées et ceux qui avaient visionné les précédents DVD et blu rays le comprendront vite, ce qui manque c’est l’émotion transmise comme, par exemple, lors du double soli clavier / guitare de « Illumination theory » pendant le live de 2014…
OK c’est  très bien mais ça reste convenu, presque mielleux, tous les poncifs bisounours inhérents à Dream theater sont condensés en trois heures et heureusement certains morceaux foutent la patate, alors que d’autres sont plus anémiés avec des finals trop timides, trop classiques, encore une fois je vous confirme que ce n’est plus du heavy metal, il va falloir accepter ça et se faire une raison…
Malgré ces quelques réserves, ça reste un vrai plaisir de les voir jouer sur une scène, ils exécutent les chansons sans accrocs et avec un grand professionnalisme et sont courtois et respectueux avec leur public (un salut avant et à la fin), ils ont pris un risque énorme en privant leurs spectateurs des anciens morceaux (à quand « The Glass Prison », « The Ytse jam » ou « Honor thy Father » en live dans l’hexagone ?), mais ça reste très bon, tout de même, il ne faut pas être trop exigeant…
Bref, un concert très réussi et qui dévoile une nouvelle fois l’autre facette des Dream theater, groupe qui se renouvelle sans cesse et pousse plus loin à chaque fois dans les expérimentations soniques, ça reste et restera du très haut niveau aussi dans la composition que dans le rendu, live ou studio…
Je n’oublierai jamais ce concert !

10/10