dimanche 31 juillet 2016

Les inassouvies de Jess Franco, 1969

LES INASSOUVIES
de Jess Franco
Espagne/Allemagne/Etats unis
1969
avec Christopher Lee, Marie Liljedahl, Maria Rohm, Jack Taylor, Anney Kaplan, Paul Muller, Ingrid Swenson
85 minutes
Film érotique
DVD édité chez Artus films
Musique de Bruno Nicolai
D’après l’œuvre du Marquis de Sade « Philosophie de boudoir »
Synopsis :
L’ile de Madère, 1969…
Eugénie de Mistival est une très jeune et superbe femme au sex appeal incendiaire, elle vit avec ses parents et a des rapports souvent conflictuels avec ces derniers, Eugénie aimerait s’émanciper et quitter son cocon familial qui lui pèse énormément, étant fliquée en permanence pour le moindre appel téléphonique par sa mère…
Un jour, Eugénie est contactée par Madame Saint Ange pour un séjour en villégiature dans une demeure luxueuse, sur l’ile de Madère…
Elle fait la connaissance du frère de son hôte, Mirvel, ainsi que d’Augustin et de Thérèse, la femme de chambre sourde et muette ; très vite Madame Saint Ange va pratiquer une « éducation sexuelle » à Eugénie, d’abord par des jeux saphiques, puis par l’entremise de Mirvel, des rapports de soumission et de domination par des parties carrées teintées de sadomasochisme…
Eugénie perd alors pied avec la réalité et a des visions cauchemardesques récurrentes, dans ses fantasmes oniriques elle se voit battue et fouettée brutalement par un homme, Dolmance, et sa horde, une bande de pirates dépravés…
Mirvel fait preuve de sadisme et de malveillance avec Eugénie, abusant d’elle, alors qu’un sombre complot semble se dessiner…
Eugénie serait-elle un prétexte au jeu incestueux entre Madame Saint Ange et Mirvel ?
Le personnage de Dolmance serait-il au final bien réel ?
Mon avis :
« Les inassouvies » est un des multiples métrages de la période « Sadienne » de Franco ; il s’approprie le mythe et les codes créés par le Marquis de Sade pour décliner ses obsessions et là, tout y passe : fétichisme (Franco filme comme personne les jambes de ses actrices), nudité appuyée et décomplexée, sadomasochisme, inceste (les deux protagonistes sont frère et sœur !), humiliations en tous genres, nous sommes en présence d’un film relativement extrême !
Le charme et l’aura dégagés par les deux actrices principales, Maria Rohm et Marie Liljedahl (une comédienne suédoise, Franco sait y faire pour le casting !), contribuent à la crédibilité du film et apportent un intérêt certain à cette histoire, où Franco a eu des moyens financiers beaucoup plus conséquents qu’à l’accoutumée, le résultat est net et l’originalité des « Inassouvies » se fait sentir dès le début, Franco nous gratifie de séquences « pop art » avec un rouge sanguin qui imprègne l’écran, renforçant le côté latin et « chaud » du film…
Avec une grande application, Jess Franco nous fait dérouler une trame fluide sur la lente descente aux enfers d’une jeune femme, il brise sa juvénilité pour en faire une victime, une femme souillée par la perversité à l’innocence qui vole en éclat, Franco ne prend aucun parti pris, ni pour les bourreaux ni pour la martyre, il reste neutre et la magie de son cinéma opère de telle sorte que le spectateur n’est ni pour ni contre les personnages, il essaie de comprendre jusqu’à un dénouement clair comme de l’eau de roche, l’explication finale est limpide et même amorale, puisque les « méchants » recommencent leurs forfaits…
La musique de Bruno Nicolai colle parfaitement à l’aspect vintage du film et nous transporte dans un environnement fait de luxe et de luxure, de stupre et de déviances…
Christopher Lee joue un rôle en dilettante et Franco, assez malin il faut l’avouer, l’a dupé puisque Lee refusait de jouer dans des films de nudité, le montage habile du film a fait le reste et on n’y voit que du feu, pensant que l’illustre acteur participe aux scènes de copulations ! Ce procédé n’est pas très honnête de la part de Franco et Lee lui en voulut très longtemps !
Quoiqu’il en soit, « Les inassouvies » est une grande réussite et un des meilleurs films de Franco, le rythme est alerte, les filles superbes et l’ambiance qui règne rappelle celle des meilleures productions érotico-horrifiques européennes où Jess Franco allait se spécialiser plus tard, en faisant son fonds de commerce…
Le DVD d’Artus films est encore une fois impeccable avec une très belle jaquette et des bonus où nous avons le plaisir de retrouver les très érudit Alain Petit qui nous apprend une mine d’or d’informations, connaissant la carrière de Jess Franco sur le bout des doigts…
En somme, du très bon travail pour un film inoubliable et qui fera date…
Une seule réserve cependant, un film à réserver aux personnes majeures à cause de son côté « extrême »…

Note : 10/10




samedi 30 juillet 2016

Shock waves de Ken Wiederhorn, 1977

SHOCK WAVES
de Ken Wiederhorn
1977
Etats Unis
Avec Peter Cushing, Brooke Adams, John Carradine, Luke Halpin, Fred Buch
aka Le commando des morts vivants
aka Zombie commando
82 minutes
Film d’angoisse/Fantastique
DVD sorti dans la collection Mad Movies
Blu ray sorti chez Blue underground
Budget : 200 000 dollars
Synopsis :
Au large des Antilles, au milieu des années soixante-dix…
Rose est la seule rescapée d’une équipée de touristes partis sur un bateau de plaisance, elle est recueillie in extremis par deux pêcheurs, le film raconte ce qui lui est arrivée…
Après que leur navire ait heurté l’épave d’un cargo, les jeunes touristes finissent leur traversée sur une ile déserte ; ils y découvrent une demeure désaffectée…
Intrigués, ils prennent possession des lieux ; un homme est présent, il s’agit d’un ancien Waffen SS qui, trente ans après la fin de la guerre, avait créé et hébergé une dizaine de soldats aguerris et amphibies censés être invulnérables, mais après la chute du Troisième Reich, ces derniers furent abandonnés à leur sort…
Lorsque le capitaine du bateau est retrouvé mort dans d’étranges circonstances, il n’y a plus de doute à avoir !
Rose et Chuck, son compagnon, ainsi que leurs amis font la corrélation avec les mystérieux zombies SS ; ils comprennent qu’ils n’ont plus que deux alternatives s’ils veulent sauver leurs vies : combattre les morts-vivants et fuir l’île…
Mon avis :
« Le commando des morts vivants » (titre original « Shock waves ») est un film auréolé d’une réputation très flatteuse et le fait est qu’en le revoyant il est indéniable que la construction scénaristique est parfaite dans ce film…
Dès le début, le spectateur comprend qu’il s’est passé quelques chose de grave, d’inquiétant, avec cette jeune femme retrouvée hagarde dans cette chaloupe ; Wiederhorn est très habile et nous raconte son histoire en faisant une remontée dans le temps…
Le procédé a maintes fois été exploité au cinéma mais ici, il est traduit par une rigueur, un sens de la montée dans l’angoisse crescendo qui fera date ; les comédiens jouent tous à merveille et Peter Cushing, il illumine le métrage dans une apparition fugace mais qui vaut toutes les explications pour bien comprendre le film…
De manière obstinée et méthodique, les zombies SS vont annihiler ou tenter d’annihiler la totalité des touristes avec une froideur, une pugnacité rarement vues dans un film d’horreur des années soixante-dix ; « Shock Waves » est une gigantesque partie de cache-cache qui se transforme en jeu de massacre et étonnamment sans le moindre effet « gore » !
A part quelques maquillages assez craspecs, il n’y a pas une seule goutte de sang versée dans « Shock waves » !
Et cela ne gêne aucunement l’efficacité du film ni ne désamorce l’angoisse provoquée…
Tout comme les protagonistes, le spectateur subit une sensation d’étouffement (à l’instar du jeune homme claustrophobe dans la chambre froide) et le métrage abonde de plans séquences insolites (la vue des poissons dans l’aquarium à maintes reprises, le gramophone au sol, la scène des marécages, la sortie de l’eau légendaire des zombies amphibies)…
Le tout est calibré au centimètre près par un Wiederhorn hyper consciencieux et surtout avec un budget ridicule (seulement 200 000 dollars !), il parvient à faire quelque chose d’exceptionnel avec deux bouts de ficelle ; vous prenez une ile vide de ses habitants, une dizaine de zomblards et autant de premiers rôles pour obtenir un classique du genre qui n’a pas pris une ride même quarante années plus tard…
Sans compter sur des prises de vues sous-marines envoutantes et très bien filmées qui vont emmener encore plus le spectateur en immersion, non là, vraiment c’est du très beau boulot !
Rien à dire de plus « Shock waves » est un pur régal, un OVNI dans le genre du film de zombies et il se distingue par sa singularité et son sens qualitatif dans la réalisation…
C’est du tout bon, que tout cinéphile fan de films fantastiques a obligation de visionner, facile d’accès et doté d’un charme absolu, « Shock waves » n’a pas usurpé sa réputation !

Note : 9.5/10





samedi 23 juillet 2016

Les pieds dans le tapis de Nader Homayoun, 2015

LES PIEDS DANS LE TAPIS
de Nader Takmil  Homayoun
2015
France/Iran
avec Babak Hamidian, Golab Adineh, Michel Vuillermoz, Aurélia Petit
Comédie satirique
91 minutes
Téléfilm diffusé sur Arte
Synopsis :
Brive La Gaillarde, Téhéran, 2015…
Sader Farshtchi est un très grand industriel iranien qui a fait fortune dans la tapisserie, ses employés se retrouvent non payés suite à des chèques en bois de la majorité de ses clients, l’entreprise a une activité qui semble compromise…
Parvaneh, sa femme et Morteza, son fils, apprennent son décès dans un lieu pour le moins étonnant : Sader a fait un arrêt cardiaque dans le restaurant « Chez Francis » situé en Corrèze à Brive La Gaillarde !
Shirine, la femme de Morteza, communique avec son époux par SMS, alors que ce dernier et sa mère, devenue veuve, décident de se rendre en France pour rapatrier le corps du défunt…
Lors de leurs pérégrinations, ils font connaissance d’Aurore Rousseau, une éducatrice d’un centre pour autistes, et l’administration, particulièrement tatillonne, refuse de céder le corps de Sader à sa famille, sous prétexte de l’embargo entre l’Iran et la France…
Morteza se débrouille comme il peut et trouve une interprète asiatique qui pourrait l’aider dans ses démarches, celle-ci essaie de le séduire…
Un viticulteur de renom va dénouer ce problème car il est le frère du maire de la ville…
Parvaneh et Morteza parviendront-ils à rapatrier le corps du patriarche en Iran ?
Le couple Morteza/Shirine patira t-il de ces déboires administratifs et de la confiance entachée après l’escapade hexagonale de Morteza ?
Mon avis :
Auréolé de récompenses multiples au festival de Luchon en 2016, « Les pieds dans le tapis » est un téléfilm à part et à contre- courant des productions télévisuelles classiques, il se démarque de ses homologues par une finesse dans son scénario très subtil qui met en corrélation moult thématiques sur un ton humoristique et intelligent, évitant les clichés et les gags lourdingues pour se consacrer sur une trame inédite, un peu comme un pamphlet sur les rouages de l’administration et l’impossibilité à communiquer correctement…
Les acteurs (aussi bien iraniens que français) jouent à merveille et la bonhommie constante de l’histoire se suit avec le plus grand intérêt, nous assistons aux aventures d’une mère iranienne et de son fils venus en France avec un but précis (rapatrier le corps du père décédé) mais confrontés sans arrêt à des problématiques quasiment kafkaiennes, ici pas de violence, pas de racisme, mais un constat vu sur le ton de l’humour…
Nader Takmil  Homayoun fait tourner son film à cent à l’heure mais dégage une finesse de propos, une combinaison de situations qui rendent « Les pieds dans la tapis » proprement irrésistible, on rit de bon cœur devant ce déploiement de séquences jamais grossières et au final très touchantes…
L’administration française et ses contradictions et législations débiles en prend pour son grade avec une caricature des « mille feuilles » administratifs et Parvaneh et Morteza semblent bien démunis au départ pour établir une démarche, à priori banale, mais qui va se compliquer du fait du soi-disant « embargo » sur l’Iran, Homayoun joue de la bêtise de ces lois et codes administratifs et s’en sert de levier pour appuyer son humour qui évite la causticité et reste toutefois poli (ça aurait pu facilement partir en vrille !)…
Le personnage d’Aurore, l’éducatrice pour autistes, apporte une seconde jeunesse au film et donne un plus grand intérêt à l’aspect familial et au personnage du père qui s’exilait régulièrement en Corrèze…
Les scènes de pleurs des iraniens sont touchantes et justes mais ne virent jamais dans le pathos, pas de voyeurisme, personne ne surjoue, tout est crédible et réaliste…
Apportant une immense fraîcheur au panorama des téléfilms actuels, « Les pieds dans le tapis » est une grande réussite, œuvre intelligente, ouverte et sincère, il est rare d’avoir affaire à un téléfilm de cette qualité et de ce niveau à la télévision de nos jours…
A voir absolument…
Note : 9/10





La confrérie des loups de Victor Vicas, 1975

LA CONFRERIE DES LOUPS
de Victor Vicas
1975
France
Episode de la série des « Brigades du tigre »
avec Jean Claude Bouillon, Pierre Maguelon, Jean-Paul Tribout, François Maistre, Myriam Boyer, Raymond Bussières
55 minutes
Synopsis :
Paris, au début du vingtième siècle…
Une organisation de gangsters contrôle tous les trafics de la ville, une prostituée qui allait donner des renseignements au commissaire Valentin est poignardée…
Pour endiguer ce fléau, les brigades mobiles tendent un piège au châtelain de Sermeuze, le chef de la mafia, Pujol se fait passer pour un malfrat et fait évader Spaggiari, un spécialiste du perçage de coffres forts, une fois ce dernier évadé, il est filé et surveillé par Terrasson, sous le contrôle de Valentin et de la brigade…
Spaggiari mord à l’hameçon et Pujol s’introduit dans le château de Sermeuze…
Hélas il est capturé par un des hommes du marquis ; très vite, les gangsters comprennent qu’il est infiltré et policier !
Comprenant que leur stratagème a mis en danger Pujol, Terrasson et Valentin investissent le château de force !
Mon avis :
« La confrérie des loups » est sans conteste un des meilleurs épisodes de la série des « Brigades du tigre », tous les codes sont respectés et l’action ne faiblit jamais…
Il y a beaucoup de personnages parmi les « gangsters », une belle brochette de malfrats est réunie pour notre plus grand plaisir et Spaggiari joue un rôle clef, le scénario est particulièrement ingénieux tout comme la parade créée par les policiers pour démanteler l’organisation, installée dans un luxueux château…
Ce qui est proprement génial dans cet épisode c’est tous les passages secrets de la demeure qui sont exploités à maxima dans l’intrigue et ce, jusqu’au dénouement…
On a droit à de la savate, des combats au surin, bref l’ensemble est particulièrement tonique et enjoué…
L’occasion de voir l’actrice Myriam Boyer dans un de ses premiers rôles à l’écran, ici en prostituée et Raymond Bussières, un vieux briscard du cinéma populaire, dans le rôle de « l’Africain », un membre de la confrérie…
« La confrérie des loups » est l’ancêtre français du syndicat du crime de Chicago et même de la mafia italienne…
Avec tous ces éléments, vous avez tout pour passer cinquante- cinq minutes de pur bonheur, le DVD est disponible en coffret ou à l’unité…
A voir et revoir sans aucune modération !
Note : 10/10



La main noire de Victor Vicas, 1975

LA MAIN NOIRE
de Victor Vicas
1975
France
Episode de la série des « Brigades du tigre »
avec Jean Claude Bouillon, Pierre Maguelon, Jean-Paul Tribout, François Maistre
55 minutes
Synopsis :
Paris, 1907…
Des hommes d’origine serbo croate sont kidnappés par une organisation appelée « La Main Noire » qui les contraint à fabriquer de faux billets de banque pour créer une inflation…
Beba, la fille de Bekelevitch, est impliquée dans ce trafic malgré elle, lorsque le commissaire Valentin la questionne, elle lui ment, ne sachant que faire, et prétexte que son père est parti à la campagne pour se reposer…
Valentin se fait passer pour un pêcheur et suit à la trace la jeune femme…
Arrivé en Province, il comprend que l’usine de l’espérance cache en fait un sous- sol où les ouvriers serbes préparent leurs forfaits…
Pujol et Terrasson arrivent en renfort et font croire à une panne d’électricité…
Sur le point d’ouvrir la trappe qui les mène au lieu du trafic, Valentin les somme d’attendre : l’endroit est piégé et une bombe peut sauter à tout moment et à toute intrusion !
Mon avis :
« La main noire » est un épisode très dense, bien construit et qui s’avère prenant du début à la fin, bénéficiant d’importants moyens, aussi bien financiers que scénaristiques…
Les décors sont plus champêtres et bucoliques que d’habitude et le côté « historique » très prégnant (les motivations de la « Main noire » allaient précipiter les pays d’Europe concernés dans la première guerre mondiale !)…
L’actrice qui joue Beba est d’une beauté sidérante et on regrette qu’elle n’ait pas fait carrière dans le cinéma ou la télévision car son visage est indélébile…
L’histoire est haletante et le dénouement minuté à la seconde, on a frôlé la catastrophe, il s’en ait fallu de peu !
Les membres de la « Main noire » préfigurent même les commandos suicide des terroristes vus plus tard car ils sont prêts à avaler un poison pour ne pas divulguer leurs informations, cette organisation est jusqu’au-boutiste et ceux qui ont rallié sa cause savent qu’ils peuvent périr à tout moment !
Très efficace et sans temps morts, « La main noire » est un modèle de série TV, bien charpenté, rigoureux et construit sur le fil du rasoir, c’est un épisode des « Brigades » passionnant !
Une nouvelle fois, l’étendue du talent de Victor Vicas et des scénaristes n’est plus à prouver…
A voir sans modération aucune !

Note : 10/10


vendredi 15 juillet 2016

Un ange pour Satan de Camillo Mastrocinque, 1966

UN ANGE POUR SATAN
de Camillo Mastrocinque
1966
Italie
Avec Barbara Steele, Anthony Steffen, Claudio Gora, Marina Berti, Ursula Davis, Maureen Melrose
Fantastique gothique
88 minutes
Musique de Francesco de Masi
aka An angelo per satana
Edité en DVD chez Seven sept
Synopsis :
Un petit village côtier d’Italie, au début du vingtième siècle…
Roberto Merigi est mandaté par le comte de Montebruno pour restaurer une statue qui était restée engloutie pendant deux cents ans… Juste après son arrivée, Roberto apprend que les deux bateliers qui l’avaient fait accoster sont morts noyés…
Harriet de Montebruno, la nièce du comte arrive dans leur luxueuse demeure et Roberto tombe instantanément sous le charme de la belle, une superbe brune au regard charismatique…Rita, la domestique, sort avec l’instituteur du village, Dario…
La statue dont Roberto a la charge cache un douloureux secret et semble envoûter Harriet qui, tour à tour, change de personnalité et devient par moments acariâtre et agressive…
Harriet fomente une malédiction et manipule tous les hommes qu’elle rencontre comme Carlo, un gaillard très costaud qui n’hésite pas à employer la force lors de rixes à répétition dans l’auberge du village…
Désormais, Harriet se fait appeler Belinda, et tous les habitants la perçoivent comme une sorcière, comme un signe du démon, elle est chassée de la bourgade par ces derniers !
Roberto va comprendre qui se cache derrière toute cette machination machiavélique et diabolique, et le fait que la statue soit enfin restaurée est un prétexte pécunier fomenté par le comte lui-même !
Mon avis :
Réalisateur talentueux mais peu prolixe si l’on le compare à ses homologues Antonio Margheriti et Mario Bava, Camillo Mastrocinque est un metteur en scène très doué et appliqué pour créer des ambiances dans ses films, il fait preuve d’un grand raffinement et d’une rigueur absolue dans le déroulement de son scénario…
Par conséquent, pratiquement aucun défaut n’est à déplorer dans « Un ange pour satan », sublimé par la présence de la « déesse » Barbara Steele qui illumine le film par son regard ténébreux et iconique, une nouvelle fois elle apporte une gigantesque plus-value à son personnage…
La bipolarité flagrante d’Harriet/Belinda est pour beaucoup dans la réussite d’une trame dense et riche en rebondissements, les autres comédiens étant, eux aussi, parfaits…
On constate une certaine modernité dans le déroulé des événements et Mastrocinque n’hésite pas à lorgner vers de le politiquement incorrect lors de séquences époustouflantes (l’instituteur découvert pendu dans sa salle de classe, des viols –ou du moins des tentatives-, Barbara Steele qui se touche la poitrine, un jeu saphique entre elle et Rita, un gamin brûlé lors d’un incendie)…
« Un ange pour Satan », par son noir et blanc, se démarque des œuvres colorées et bariolées de Bava mais son postulat est très proche des films de ce dernier, toujours avec cette rigueur et ce côté latin propre au cinéma italien, qui culmina à son firmament à cette période de la fin des années soixante…
Inspiré de l’œuvre de Mérimée, « La Vénus d’Ille », « Un ange pour Satan » est un spectacle honnête à la mise en scène très carrée où chaque plan compte, ici pas de superflu, on est pris dans une atmosphère riche et rapidement envoûtante, les trois quarts de l’envoûtement étant surtout grâce à la Miss Barbara Steele, elle est un atout de premier choix pour tous les réalisateurs qui l’ont fait tourner, et chacune de ses apparitions bonifie indéniablement le film…
La révélation finale a lieu dans les dix dernières minutes et tout tient la route, on ne s’y attendait pas du tout !
Bref, une nouvelle fois le cinéma italien prouve qu’il est pourvu de cinéastes de talent et il n’a pas à rougir de ses homologues britanniques qui y allaient plein pot (on est en 1966) avec les films de la Hammer…
Si l’on veut s’intéresser à l’ensemble du panel gothique transalpin, il est indispensable de visionner « Un ange pour Satan »…

Note : 9/10





jeudi 14 juillet 2016

L'antéchrist d'Alberto de Martino, 1974

L’ANTECHRIST
d’Alberto de Martino
1974
Italie
avec Carla Gravina, Mel Ferrer, Anita Strindberg, Alida Valli, Arthur Kennedy, George Coulouris
Horreur/film de possession
107 minutes (version intégrale)
aka L’antichristo
aka The antichrist
Photographie de Joe d’Amato
Musique en binôme d’Ennio Morricone et Bruno Nicolai
Edité en DVD chez Le chat qui fume
Synopsis :
Rome, début des années soixante-dix, Ippolita Oderisi est invalide depuis un grave accident de la route où sa mère a été tuée, elle est paralysée des deux jambes ; Massimo, son père, l’emmène lors d’une procession de fidèles dans un lieu ecclésiastique, espérant qu’un miracle opère et qu’elle retrouve l’usage de sa motricité…
Rien n’y fait !
Ippolita est frustrée de ne pas avoir de relations sexuelles et se retrouve possédée par le démon à la suite d’une expérience établie par un psychiatre parapsychologue ; Ippolita est en fait la réincarnation d’une sorcière et un évêque de sa famille (son oncle), se révèle impuissant à endiguer son penchant satanique…
Ippolita est jalouse de Greta, la maitresse de son père, et sombre dans la démence ; elle parvient momentanément à recouvrer l’usage de ses jambes, mais ses crises deviennent de plus violentes !
Seul le père Mittner, un illustre prêtre exorciseur, pourra la tirer d’affaire ; un combat dantesque entre le bien et le mal va avoir lieu dans la demeure des Oderisi !
Mon avis :
Débutant par une scène paroxystique, « L’antéchrist » est un film qui met le spectateur tout de suite dans l’ambiance, et cela ne faiblira nullement, nous sommes dans une déclinaison du film de possession à la sauce italienne, qui apporte son outrance et sa gouleyance, servie par des acteurs convaincants et, en tête, une Carla Gravina habitée (c’est le cas de le dire !) par son rôle ; l’habileté de son réalisateur réside justement dans le physique de ce personnage d’Ippolita, agréable mais pas trop canonique, ce qui renforce la crédibilité de cette femme, possédée par le démon, mais à la prestance à la fois charismatique et plausible…
Un film atroce par certains moments mais toujours classieux dans les décors, De Martino fait preuve d’une application digne des plus grands (Fellini ou Leone) et les points communs avec « L’exorciste » de Friedkin se voient plus dans le fond de l’histoire que dans la forme (les moyens visuels employés, avec notamment D’amato himself responsable de la photo)…
La séquence de la vision des enfers avec le Diable fantasmé par Ippolita restera un grand moment de cinéma, surréaliste et onirique et il est certain que les peintures de Jérome Bosch auront surement influencé cette débauche de baroque absolument hystérique, à l’instar des malades titubant et vociférant lors de l’entame avec la procession…
Les personnages convulsent, le spectateur aussi, pris dans un tournoiement de passages effrayants et même plus efficaces que les plans de l’homologue américain réalisé par Friedkin…
C’est ce qui explique l’immense succès de « L’antéchrist » au box-office lors de sa sortie, il est la version latine et chaude de « L’exorciste » avec un côté sexué et sexuel beaucoup plus appuyé et recentré sur la pathologie d’Ippolita, vrai personnage principal du film et point d’orgue de toutes les attentions…
Elle quitte la demeure familiale, contrairement à Regan qui restait cloitrée dans sa chambre, et fait figure d’envolées scénaristiques inédites (l’étudiant dans les catacombes, proie sexuelle idéale) ou de trouvailles très intéressantes qui relancent l’intrigue (l’adultère incestueux avec le frère –hors champ-, la liaison du père, Massimo, avec une superbe femme de trente années sa cadette, boostant le côté vicieux déjà inhérent au film)…
L’arrivée du père Mittner, symbolisant le Messie, et tout ce qui suit derrière (il va en chier des ronds de chapeaux) pour sauver Ippolita donne un aspect épique voire jusqu’au-boutiste au dénouement du métrage, la ville de Rome, que ce soit de jour comme de nuit, est exploitée par De Martino de façon prodigieuse…
La musique en binôme d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai est époustouflante et hyper stressante et colle parfaitement à l’esprit du film, à la fois torturé et anxiogène…
Le DVD du Chat qui fume est monumental et nous offre la version intégrale d’une heure quarante- sept et il faut saluer le travail de l’immense David Didelot dans la partie des bonus qui décortique le film comme personne et qui connaît absolument tout sur le bout des doigts…
Bref, du travail d’orfèvre et un must have absolu pour tout fan de films fantastiques italiens esthétisés et empreints de viscéralité…
« L’antéchrist » est un film d’une rigueur exemplaire qui marque à jamais quiconque l’aura vu…
Une grande réussite, LE film de possession italien par excellence…

Note : 10/10





DERSOU OUZALA d'Akira Kurosawa, 1975

DERSOU OUZALA
d’Akira Kurosawa
1975
Japon/Russie
avec Maksim Mounzouk, Youri Solomine, Suimenkul Chokmorov, Svetlana Danilchenko, Mikhail Bychkov
Fable humaniste
141 minutes
Oscar du meilleur film étranger
Edité en DVD chez MK2
Synopsis :
Dans une contrée de Sibérie, la Taïga, proche de la frontière chinoise, au début du vingtième siècle…
Vladimir Arseniev, un officier, est chargé de faire des recherches sur l’environnement auquel il se trouve confronté, il est capitaine et dirige une quinzaine d’hommes, ces derniers doivent affronter une nature hostile à la météo peu clémente et l’écosystème de la Taïga peut leur réserver des mauvaises surprises, comme des fauves dangereux…
Une nuit, alors qu’ils se posent pour bivouaquer, surgit un mystérieux homme, Dersou Ouzala, un Hehzen sibérien, très vite les officiers se rendent compte qu’il n’est pas dangereux mais que ses facultés et son intelligence vont pouvoir leur servir dans leur tâche…
Vladimir se prend vite d’affection et d’amitié  pour Dersou et les deux hommes partent en barque sur une rivière puis en reconnaissance alors qu’il neige et que le sol est glacé ; Dersou sauvera la vie de Vladimir lors d’une tempête, son ingéniosité lui permet de construire une hutte à la va-vite…
Cinq années plus tard, Vladimir, après avoir quitté Dersou, le retrouve fortuitement lors d’une excursion, les deux hommes sont heureux de ce rapprochement, ils n’ont rien perdu de leur amitié…
Lorsque Dersou blesse un tigre, c’est le choc ! pour le vieil homme c’est un mauvais signe, la présence du mauvais œil ; dès lors Dersou change d’attitude et devient irritable, agressif et irascible vis-à-vis de Vladimir et des autres hommes…
Sa vue baisse et Vladimir, ayant achevé sa mission, lui propose de venir chez lui, dans la ville de  Khabarovsk, pour se reposer…
Dersou a du mal à s’acclimater à la vie citadine, un jour il est arrêté par la police…
Mon avis :
Formidable aventure humaine et avant tout très belle histoire d’amitié entre deux hommes qu’à priori tout oppose, « Dersou Ouzala » met en valeur des paysages naturels magnifiques et un canevas scénaristique à la simplicité cristalline, il n’y a rien de très ou trop spectaculaire mais le film suit les pérégrinations des deux héros (Vladimir et Dersou) de manière posée, sans aucune grandiloquence ; Kurosawa s’attache surtout à leur relation amicale d’abord, puis affective de fil en aiguille, ce qui rend son œuvre très touchante et loin des clichés habituels des films d’aventures traditionnels…
La nature est omniprésente dans « Dersou Ouzala », Dersou semble la connaître mieux que quiconque et transmet ses astuces aux officiers et à Vladimir afin d’éviter à ces derniers nombre de déconvenues (il va même sauver des vies) ; « Dersou Ouzala » est donc un film sur la « différence » et une leçon de tolérance sur ce que chacun peut apporter par ses expériences aux autres pour bonifier et tonifier cette humanité souvent remplie de préjugés quant à l’inconnu ou à « l’étranger »…
Ce qui fait la grande force de « Dersou Ouzala », c’est la manière dont Kurosawa raconte les choses, SIMPLEMENT, TRANQUILLEMENT, il prend son temps pour établir ses personnages puis exploite leur potentiel pour finalement transcender leur humanité par des situations à priori anodines, mais qui vont jouer énormément sur le côté solidaire qu’ils peuvent avoir ou transmettre…
C’est cet aspect mutuel, cette transmission de connaissances que chacun a qui va forger et souder la relation affective entre Dersou et Vladimir…
Bien sûr, la mise en scène de Kurosawa est un délice technique avec des plans inoubliables (les trois hommes autour du feu, la vue plongeante de la colline sur la forêt, la scène de la tempête de neige) et le jeu des acteurs est fabuleux (Maksim Mounzouk a un fort charisme et joue un rôle unique, que lui seul pouvait interpréter)…
Film assez rare, « Dersou Ouzala » est une œuvre très intéressante dans la carrière de Kurosawa, il délaisse temporairement les chambarras qui firent sa gloire pour se concentrer sur un film d’aventures qui n’en est pas un, mais plutôt sur une chronique de mœurs habilement et subtilement mise en scène, mettant en relief les relations et les conditions humaines…
Du très grand cinéma !

Note : 10/10





mardi 12 juillet 2016

Terreur extra-terrestre de Greydon Clark, 1980

TERREUR EXTRA TERRESTRE
de Greydon Clark
1980
Etats-Unis
Avec Cameron Mitchell, Jack Palance, Martin Landau, Kevin Peter Hall, David Caruso
Fantastique
79 minutes
Supervision de la musique : Dan Wyman
aka Without warning
Edité en DVD chez Crocofilms
Synopsis :
Une contrée de l’Amérique profonde, au début des années quatre-vingts…
Un chasseur et son fils sont tués de façon étrange, une sorte de ventouse volante leur détruit le visage et pompe leurs cellules…
Greg, Sandy et deux autres de leurs jeunes amis décident de bivouaquer près d’un lac ; leur véhicule tombant à sec, ils se rendent dans la station-service tenue par Joe Taylor, un homme rustre et bourru qui les dissuade par tous les moyens de se rendre à ce lac, prétextant que les parties de chasses sont risquées…
Fred Dobbs, un ancien militaire devenu désaxé après les horreurs qu’il a vécues tombe nez à nez avec les fameuses « ventouses » extra- terrestres qui avait décimé les chasseurs…
Greg et Sandy se rendent dans une bâtisse abandonnée après avoir perdu la trace de leurs camarades, ils tombent sur un carnage !
Réunis dans un bar, les villageois, d’abord incrédules, doivent se rendre à l’évidence : il s’agit bel et bien d’une force extra- terrestre, d’un « alien » qui est à l’origine de tous ces meurtres !
Fred, Joe, Greg et Sandy vont devoir s’unir pour percer ce mystère et mettre hors d’état de nuire ce monstre en l’éradiquant par tous les moyens qu’ils trouveront !
Mon avis :
« Terreur extra-terrestre » est un film fantastique d’aliens très original dans sa construction scénaristique et dans le cadre qu’il exploite, en effet on est plus proche du slasher pur jus que du film intergalactique, par conséquent c’est cela qui fait l’intérêt du film et l’attention que l’on y porte…
Bien rythmé et aux dialogues omniprésents qui servent l’intrigue et qui ne sont jamais redondants, le spectateur se délecte grâce à une belle brochette de vieux briscards du cinéma d’exploitation (le trio Cameron Mitchell/Jack Palance/Martin Landau), les trois bougres s’en donnent à cœur joie en cabotinant pour notre plus grand bonheur…
Les effets spéciaux sont quelque peu risibles (des sortes de mini pizzas volantes qui crachent du jaune d’œuf ou de la crème anglaise lorsqu’elles atteignent leurs cibles) mais justement c’est ce qui renforce la sympathie que l’on a pour ce film, bricolé avec les moyens du bord et exsangue de la moindre prétention…
On ne s’ennuie pas et le métrage défile assez vite (il est de courte durée, à peu près 1 heure 19 minutes en comptant le générique) ; chose rare, l’alien que l’on voit à la fin est incarné par Kevin Peter Hall, acteur de deux mètres vingts, abonné aux rôles d’aliens puisqu’il incarnera le « Predator », sept années plus tard dans le film de Mac Tiernan…
« Terreur extra-terrestre » fit son petit effet à sa sortie dans les salles et fut un bon succès au box- office, preuve que le bouche à oreille fut favorable pour ce film, devenu culte depuis chez les aficionados de séries B gratinées ou tout simplement chez les amoureux du cinoche bis…
A la fois efficace et plaisant à suivre, « Terreur extra-terrestre » tient bien ses promesses, le seul bémol est que quasiment tout le film se passe de nuit, du coup l’image est hyper sombre et on a du mal à discerner correctement les plans (une panne d’électricité inopinée n’arrange pas nos affaires !)…
Honnête et rigoureux, « Terreur extra-terrestre » se dote de l’avantage d’éviter les lourdeurs pour se concentrer et se consacrer avant tout à son histoire, habile et même novatrice, car inédite jusqu’alors dans le panel du cinéma fantastique…
Bref, je vous encourage à visionner ce film, d’autant plus rare qu’il a mis un temps fou à sortir en DVD dans l’hexagone…
Crocofilms nous délivre de cette injustice, alors foncez, si vous aimez les aliens croquignolets et les bons numéros d’acteurs, vous serez aux anges !

Note : 8/10




lundi 11 juillet 2016

Les vampires du docteur Dracula de Enrique Lopez Eguiluz, 1968

LES VAMPIRES DU DOCTEUR DRACULA
de Enrique Lopez Eguiluz
1968
Espagne
Avec Paul Naschy, Dianik Zurakowska, Manuel Manzaneque, Julian Ugarte Landa, Aurora de Alba
90 minutes
Fantastique gothique
Edité en DVD chez Artus films
aka La marca del hombre lobo
Synopsis :
Un village d’Espagne, à la fin des années soixante…
Imre Wolfstein, un vampire enfermé dans le cercueil d’une crypte souterraine, est ramené à la vie par un couple de bohémiens qui lui retire un sceptre métallique enfoncé dans son cœur… Waldemar Daninski rend folle amoureuse Hyacinthe, une comtesse locale, d’abord promise à Rudolph, rencontré dans un bal masqué organisé par leurs géniteurs respectifs, deux sexagénaires issus de la classe aisée…
Alors que Waldemar et Hyacinthe batifolent dans une forêt, Waldemar est mordu par Wolfstein, il se métamorphose en lycanthrope, la nuit venue…
Pour le sauver de cet envoutement maléfique, Hyacinthe fait appel à Janos Mikhelov, un docteur et à Wandessa, sa femme, après avoir découvert une lettre qui datait des années vingt et qui faisait référence à un don que le couple possède…
Hélas, rien ne va se passer comme prévu car Janos et Wandessa sont en fait un couple de vampires assoiffés de sang !
Mon avis :
Comme d’habitude, Artus films nous régale en exhumant et en éditant des vieux films cultes du fantastique européen, en témoigne ce très sympathique « Les vampires du docteur Dracula » qui grave le sceau de la première prestation au cinéma de la saga Waldemar Daninski, incarné par le mythique Paul Naschy, ancien catcheur au physique avantageux et trappu…
Le réalisateur Lopez Eguiluz peut dès lors aisément poser les conventions du film de loup garou ibérique qui allait se décliner à foison et à moult reprises par la suite ; par conséquent, le film est de qualité et bénéficie de décors très soignés et d’une intrigue intéressante qui tient plutôt bien la cadence…
Rencontre inédite entre vampires, loups garous et succubes, « Les vampires du docteur Dracula » se dote d’une grande érotisation très bienvenue, appuyée par des actrices toutes au physique sexué et à la plastique irréprochable mais Eguiluz évite le voyeurisme et le raffinement sensuel lors des scènes de morsures vampirique rappellerait presque certains films de la Hammer, la qualité est donc bien prégnante dans ce métrage inspiré et prenant de son entame jusqu’à son issue…
Mario Bava est également passé par là et les références à son cinéma sont nombreuses, surtout avec les éclairages bariolés et l’alternance de luminosités et de couleurs chère au Maitre que l’on retrouve assez souvent dans des plans séquences qui magnifient le film, déjà particulièrement dense au niveau atmosphérique…
« Les vampires du docteur Dracula » se suit très bien et sa tonicité de mise en scène créée instantanément une dynamique efficiente qui fait que le spectateur s’intéresse à l’histoire dès le début (le bal masqué est prétexte à des cadrages très maitrisés, on sent que Eguiluz s’est particulièrement appliqué, le passage avec les bohémiens est très réussi, également)…
Naschy reprend inexorablement sa pantomime dans ses assauts de loup garou et gesticule rapidement en vociférant ses hurlements dont lui seul a le secret, il est UNIQUE dans son personnage, il EST le loup garou, c’est son STYLE et personne d’autre ne peut lui enlever ça, il invente un CHARISME qui restera longtemps gravé dans le bestiaire du cinéma d’horreur espagnol…
« Les vampires du docteur Dracula » est un pur régal et heureusement qu’il y a des passionnés comme Artus films pour nous sortir des raretés de ce calibre, que du bonheur pour tous les cinéphiles avides d’insolite et de surprises cinématographiques…
A voir sans la moindre modération, le plaisir est au rendez-vous immanquablement…

Note : 8/10





dimanche 10 juillet 2016

DARK CRYSTAL de Jim Henson, 1982

DARK CRYSTAL
de Jim Henson
1982
Co réalisé par Frank Oz
Etats-Unis
Avec Jim Henson, Frank Oz, Kathryn Mullen, Dave Goelz, Louise Gold, Brian Muehl, Hugh Spight
Héroïc fantasy/films de marionnettes
93 minutes
Musique de Trevor Jones
Grand prix au festival d’Avoriaz en 1983
Synopsis :
Sur la terre de Thra, un autre âge il y a un million d’années…
Jen est un gelffing, une sorte d’elfe qui fait partie d’une tribu pacifique et vieillissante appelée les Mystiques ; leurs ennemis sont les Skeksès, de stupides monstres avides de pouvoir et qui font régner la terreur dans la contrée, décimant tous ceux qui auront le malheur de croiser leur route ; les garthims, sortes de scarabées géants sont leurs sbires et défient tous ceux qui les contredisent…
Un cristal, source de vie, est fendu et le vieux Mystique, dernier sage, mandate Jen pour aller le retrouver et ainsi accomplir la prophétie des trois soleils qui créera une fusion entre les ethnies qui deviendront les Urskeks…
De fil en aiguille et lors de son périple, Jen rencontrera Aughra, un monstre de petite taille qui va beaucoup l’aider, et surtout Kira, une autre gelffing…
Skeksi, le chambellan membre des Skeksès, sera banni de son peuple pour trahison, alors que Jen semble toucher à son but, il se rend dans l’antre des Skeksès, le cristal en mains ; les méchants Skeksès poignardent Kira !
Jen parvient in extremis à faire la jonction avec le cristal lorsque les trois soleils forment une triple éclipse…
La prophétie va-t-elle s’accomplir ?
Mon avis :
Film mythique qui fit la couverture du premier numéro de la non moins légendaire revue « Starfix » en 1983, « Dark Crystal » est le prototype même du film pré geek mais pourvu d’une grande intelligence et d’un sens de la technique inédit jusqu’alors…
Henson utilise des marionnettes pour son film et le ressenti final est impressionnant, proche de métrages comme « Le hobbit » ou « Le seigneur des anneaux » avec une touche « Ewoks » du « Retour du Jedi » sorti quasiment la même année…
Il y a cet antagonisme du bien et du mal, ce manichéisme habituel dans ce genre d’œuvres, mais traité de façon épurée et finaude ; dès le début, le spectateur est pris dans la magie, Henson l’invite gentiment pour un voyage fantastique loin des conventions classiques…
Pour les grands et les petits voire les tout petits, « Dark Crystal » est touchant, émouvant même, on a une empathie même pour les Skeksès, l’histoire est jolie et la mise en images fabuleuse et très intéressante, au moins aucune débilité ni d’abrutissement on est dans l’âge d’or de l’entertainment du cinéma américain, qui accepte les compromis et ne se polarise pas uniquement sur l’argent, comme aujourd’hui…
A ce titre, « Dark Crystal » est un petit bijou, un régal d’inventivité et frôle les sommets de la bienveillance, ce qui rassérène par rapport au déluge de conneries actuelles, il convient de se mettre en condition pour passer une heure quarante de pur bonheur, permettant d’occulter la violence et le stress du quotidien, « Dark Crystal » est un film qui fait du bien…
Tour de force cinématographique utilisant des procédés qui auraient été ultra casse gueule pour n’importe qui d’autre, « Dark Crystal » montre et démontre le talent des studios d’animation de Jim Henson, père de la mythique série du « Muppet show » et l’action du film se suit de façon fluide, la restitution des décors et des paysages fantastiques étant féérique en tous points…
Passant comme une lettre à la poste, « Dark Crystal » n’oublie pas le côté émotionnel et le final (grandiose) pourra même vous décrocher une larme, bref, vous l’aurez compris aisément, « Dark Crystal » est un petit chef d’œuvre d’héroïc fantasy des années quatre-vingts et même de tous les temps…
Gentil, accessible à tous et onirique à maxima, c’est vraiment un film à voir, il préfigure les adaptations de Peter Jackson pour « Lord of the rings » trois décades en avance…
Bluffant et inoubliable, une œuvre maitresse du cinéma fantastique gentillet…

Note : 9/10