jeudi 14 juillet 2016

L'antéchrist d'Alberto de Martino, 1974

L’ANTECHRIST
d’Alberto de Martino
1974
Italie
avec Carla Gravina, Mel Ferrer, Anita Strindberg, Alida Valli, Arthur Kennedy, George Coulouris
Horreur/film de possession
107 minutes (version intégrale)
aka L’antichristo
aka The antichrist
Photographie de Joe d’Amato
Musique en binôme d’Ennio Morricone et Bruno Nicolai
Edité en DVD chez Le chat qui fume
Synopsis :
Rome, début des années soixante-dix, Ippolita Oderisi est invalide depuis un grave accident de la route où sa mère a été tuée, elle est paralysée des deux jambes ; Massimo, son père, l’emmène lors d’une procession de fidèles dans un lieu ecclésiastique, espérant qu’un miracle opère et qu’elle retrouve l’usage de sa motricité…
Rien n’y fait !
Ippolita est frustrée de ne pas avoir de relations sexuelles et se retrouve possédée par le démon à la suite d’une expérience établie par un psychiatre parapsychologue ; Ippolita est en fait la réincarnation d’une sorcière et un évêque de sa famille (son oncle), se révèle impuissant à endiguer son penchant satanique…
Ippolita est jalouse de Greta, la maitresse de son père, et sombre dans la démence ; elle parvient momentanément à recouvrer l’usage de ses jambes, mais ses crises deviennent de plus violentes !
Seul le père Mittner, un illustre prêtre exorciseur, pourra la tirer d’affaire ; un combat dantesque entre le bien et le mal va avoir lieu dans la demeure des Oderisi !
Mon avis :
Débutant par une scène paroxystique, « L’antéchrist » est un film qui met le spectateur tout de suite dans l’ambiance, et cela ne faiblira nullement, nous sommes dans une déclinaison du film de possession à la sauce italienne, qui apporte son outrance et sa gouleyance, servie par des acteurs convaincants et, en tête, une Carla Gravina habitée (c’est le cas de le dire !) par son rôle ; l’habileté de son réalisateur réside justement dans le physique de ce personnage d’Ippolita, agréable mais pas trop canonique, ce qui renforce la crédibilité de cette femme, possédée par le démon, mais à la prestance à la fois charismatique et plausible…
Un film atroce par certains moments mais toujours classieux dans les décors, De Martino fait preuve d’une application digne des plus grands (Fellini ou Leone) et les points communs avec « L’exorciste » de Friedkin se voient plus dans le fond de l’histoire que dans la forme (les moyens visuels employés, avec notamment D’amato himself responsable de la photo)…
La séquence de la vision des enfers avec le Diable fantasmé par Ippolita restera un grand moment de cinéma, surréaliste et onirique et il est certain que les peintures de Jérome Bosch auront surement influencé cette débauche de baroque absolument hystérique, à l’instar des malades titubant et vociférant lors de l’entame avec la procession…
Les personnages convulsent, le spectateur aussi, pris dans un tournoiement de passages effrayants et même plus efficaces que les plans de l’homologue américain réalisé par Friedkin…
C’est ce qui explique l’immense succès de « L’antéchrist » au box-office lors de sa sortie, il est la version latine et chaude de « L’exorciste » avec un côté sexué et sexuel beaucoup plus appuyé et recentré sur la pathologie d’Ippolita, vrai personnage principal du film et point d’orgue de toutes les attentions…
Elle quitte la demeure familiale, contrairement à Regan qui restait cloitrée dans sa chambre, et fait figure d’envolées scénaristiques inédites (l’étudiant dans les catacombes, proie sexuelle idéale) ou de trouvailles très intéressantes qui relancent l’intrigue (l’adultère incestueux avec le frère –hors champ-, la liaison du père, Massimo, avec une superbe femme de trente années sa cadette, boostant le côté vicieux déjà inhérent au film)…
L’arrivée du père Mittner, symbolisant le Messie, et tout ce qui suit derrière (il va en chier des ronds de chapeaux) pour sauver Ippolita donne un aspect épique voire jusqu’au-boutiste au dénouement du métrage, la ville de Rome, que ce soit de jour comme de nuit, est exploitée par De Martino de façon prodigieuse…
La musique en binôme d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai est époustouflante et hyper stressante et colle parfaitement à l’esprit du film, à la fois torturé et anxiogène…
Le DVD du Chat qui fume est monumental et nous offre la version intégrale d’une heure quarante- sept et il faut saluer le travail de l’immense David Didelot dans la partie des bonus qui décortique le film comme personne et qui connaît absolument tout sur le bout des doigts…
Bref, du travail d’orfèvre et un must have absolu pour tout fan de films fantastiques italiens esthétisés et empreints de viscéralité…
« L’antéchrist » est un film d’une rigueur exemplaire qui marque à jamais quiconque l’aura vu…
Une grande réussite, LE film de possession italien par excellence…

Note : 10/10





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