samedi 28 janvier 2017

Le prix du danger d'Yves Boisset, 1983

LE PRIX DU DANGER
d’Yves Boisset
1983
France/Yougoslavie
avec Gérard Lanvin, Michel Piccoli, Bruno Cremer, Marie-France Pisier, Jean-Claude Dreyfus, Catherine Lachens, Gabrielle Lazure, Andréa Ferreol
Film de science- fiction
100 minutes
Musique de Vladimir Cosma
Directeur de la photographie : Pierre-William Glenn
Synopsis :
Une ville en Europe, dans les années quatre-vingts…
La chaine de télévision CTV organise un jeu qui connaît un succès extrêmement important auprès du public : le Prix du danger…
L’émission est présentée par Frédéric Mallaire qui cabotine à outrance, le principe de ce « jeu » est qu’un candidat doit survivre pendant près de quatre heures avec à ses trousses cinq assaillants qui ont pour mission de le tuer !
Un dirigeable ainsi que des motards suivent les investigations du malheureux candidat, si ce dernier parvient à survivre il empoche une grosse somme d’argent ; François Jacquemard est retenu pour interpréter le fugitif lors de la quatrième représentation de ce « Prix du danger », sa femme, Marianne, souhaite le dissuader de faire l’émission, lui implorant de ne pas risquer sa vie mais rien n’y fait…
Laurence Ballard, la productrice de l’émission et Antoine Chirex, le PDG de la chaine doivent affronter Elizabeth Worms, une militante qui dénonce les abus du « Prix du danger » et qui veut faire interdire le jeu…
Elle fait pression et saisit la justice mais cela ne fonctionne pas et, malgré ses détracteurs, la quatrième session du « Prix du danger » démarre, Jacquemard se retrouve coursé par cinq assaillants motivés et prêts à en découdre avec lui par tous les moyens !
Un rebondissement inattendu va ponctuer cette traque sanguinaire…
Mon avis :
Pamphlet visionnaire d’une société médiatique en pleine déliquescence, « Le prix du danger » est un excellent film qui fait froid dans le dos et Boisset ne recule devant aucun effet choc pour appuyer son propos, dénonçant l’absurdité et la débilité des jeux télévisés où l’appât du gain l’emporte sur l’humanité…
Cette relation ambiguë homme/pouvoir/argent se suit dans une équation aussi bien valable pour les dirigeants de la chaine CTV (Crémer et Pisier, magistraux) que pour le pauvre candidat (excellent Gérard Lanvin) qui souhaite sortir d’une vie de misère et faire rêver son épouse une fois le magot obtenu…
A ce titre, le film réserve nombre de surprises et l’action est fulgurante, Boisset allant même à filmer caméra sur l’épaule des courses-poursuites haletantes et particulièrement efficaces, l’ensemble tient bien en haleine le spectateur et la tension est omniprésente…
Les jeux actuels n’allant pas jusqu’à supprimer la vie des candidats, l’apparition de la télé-réalité au début des années deux mille a tout de même détruit pas mal de monde et ce, dans l’unique but des médias de faire du profit, ce qui démontre bien que l’objectif des chaines s’adonnant à ces procédés est forcément la vénalité…
Pour autant, Boisset n’oublie pas de contenter le spectateur fanatique d’action et là, il tape dans le mille, grâce à un montage serré et un habile découpage des plans…
Le rebondissement avec la scène du tunnel booste le film et lui donne un nouveau visage, on pense que cela va tourner en avantage de Jacquemard mais il n’en sera rien, avec une issue inattendue et nihiliste, loin des happy ends hollywoodiens et politiquement corrects que le public connaissait et qui le complaisaient de façon mielleuse…
Au final, « Le prix du danger » est une grande réussite, un métrage très intelligent et empreint d’un grand sens de la polémique, qui visait juste une vingtaine d’années en avance sur le microcosme des médias qui, hélas, ne s’est pas beaucoup arrangé depuis…
Que ce soit le scénario, les décors, le jeu des acteurs, la musique, tout est millimétré et la qualité est bel et bien au rendez-vous…
Enfin sorti en DVD en 2014, « Le prix du danger » est un must have à voir absolument…
Une tuerie !

Note : 9/10





vendredi 27 janvier 2017

MESHUGGAH, Metal moderne expérimental

MESHUGGAH
Métal moderne expérimental
Formé en 1987, Meshuggah est un groupe de métal moderne suédois lorgnant vers la musique expérimentale…
Ce n’est qu’en 1991 que le groupe sort son premier album « Contradiction collapse », très vite Meshuggah acquiert une notoriété auprès des métalleux les plus ouverts…
Le groupe explose en 1995 avec son chef d’œuvre « Destroy Erase Improve » et signe chez Nuclear Blast, la maison de disques où ils resteront fidèles jusqu’à aujourd’hui…
« Destroy erase improve » est en avance de vingt ans sur les autres albums, la rythmique, les sonorités sont incroyables dans ce disque, nul autre n’est arrivé à un tel niveau, Meshuggah a inventé le métal moderne avec cet album monstrueux, ce sont EUX les premiers à avoir créé ce style, maintes fois repris après mais jamais égalé…
Meshuggah délivre une musique très atypique, reconnaissable entre mille, très lourde et oppressante, et d’une puissance phénoménale…
Le guitariste est équipé d’une guitare à huit cordes afin de donner un rendu encore plus technique et travaillé, la précision des compositions font de Meshuggah un groupe hors pair qui se distingue de tous les autres…
Il faut aller progressivement en écoutant la musique de Meshuggah car on peut vite arriver à saturation tant elle est hyper dense et fouillée…
Si l’on devait retenir les meilleurs albums, ce serait « Destroy erase improve », « Obzen » et « Nothing »…
Le double live CD/Blu ray « The Ophidian trek » est fabuleux et permet de bien se faire une idée de la puissance qu’ils dégagent sur scène…
Chaque album, chaque concert se vit comme une expérience à part entière et il faut être aguerri au Metal car des fois certains morceaux sont cauchemardesques…
Meshuggah est le groupe de metal moderne le plus original de sa catégorie, c’est indéniable…
Il suffit d’écouter des morceaux comme « Stengah », « Rational gaze » ou « Combustion » pour se rendre compte du niveau de qualité et de recherche dont fait preuve Meshuggah…
Un groupe à suivre de très près et qui n’a plus rien à prouver, Meshuggah est doté d’une surpuissance qui fera date dans l’histoire du Metal, on devient rapidement addicte et cette combinaison de sons fonctionne comme une drogue, je défie quiconque autre groupe de métal d’arriver à produire les mêmes sonorités que Meshuggah…
Un groupe incontournable et majeur dans la scène Metal à connaître impérativement !





dimanche 22 janvier 2017

HIGHLANDER de Russell Mulcahy, 1986

HIGHLANDER
de Russell Mulcahy
1986
Etats-Unis/Grande Bretagne
avec Christophe Lambert, Sean Connery, Clancy Brown, Beatie Edney, Roxanne Hart
Fantastique
116 minutes
Musique de Michael Kamen
Chansons de Queen
Budget : 16 000 000 dollars
Recettes au box- office mondial : 12 900 000 dollars
Entrées en France : 4 141 203 spectateurs
Synopsis :
1536, 1541 et 1985, Etats-Unis et Ecosse…
Russell Nash est un Highlander, un guerrier immortel qui combat contre d’autres surhommes, seule une décapitation peut le tuer, il est antiquaire à New York et assiste à un match de catch lorsqu’à l’issue du spectacle, il doit combattre contre Iman Fasil, un autre Highlander, dans le sous-sol du parking du Madison Square Garden, Nash en ressort victorieux mais se fait arrêter par la police…
Une employée du service médico- légal, Brenda Wyatt retourne sur les lieux du duel et extrait un morceau du sabre de Nash sur un impact, elle comprend que le fameux sabre a des siècles d’existence ! Elle décide de filer Nash alors que ce dernier est attaqué par Kurgan, un autre Highlander !
Au seizième siècle, Nash s’appelait Connor Mac Leod, de la famille des Mac Leod qui combattait le clan Fraser ; Kurgan, le chevalier noir, existait déjà, mais ne parvint pas à tuer Mac Leod, ce qui lui valut d’être banni car son immortalité semblait suspecte et le fit passer pour un sorcier maléfique…
Ramirez, un combattant d’origine égyptienne, formera Mac Leod et lui révèlera sa véritable identité de Highlander…
Ramirez sera tué par Kurgan…
Durant la seconde guerre mondiale, Mac Leod/Nash sauvera une fillette, Rachel, des mains d’un officier nazi, elle deviendra sa femme, plus tard dans les années quatre-vingts…
Kastagir est un Highlander pacifique ami de Mac Leod/Nash, un soir Kurgan le combat et le tue, Kurgan représente le mal incarné !
Brenda Wyatt, ayant cerné la vie de Nash/Mac Leod, finit par tomber amoureuse de lui, alors que Kurgan la kidnappe…
Un duel final sans merci entre Mac Leod et Kurgan conclut le film…
Mon avis :
Enorme succès au box-office dans l’hexagone, « Highlander » subit bizarrement un échec cuisant aux Etats-Unis, peut- être parce que la richesse du postulat et des séquences décontenança le public américain, quoiqu’il en soit c’est du très grand spectacle savamment orchestré par un Russell Mulcahy auréolé du succès de son précédent film « Razorback » et aguerri par la flopée de clips qu’il avait réalisé pour le groupe mythique des années quatre-vingts Duran Duran ; « clip » c’est le mot qui définit le mieux le style d’ »Highlander », un festival visuel et sensoriel ponctué de passages d’un esthétisme hors normes et très réussi…
Epique au summum et doté de combats à couper le souffle, « Highlander » est un grand film multi-genres (héroïc fantasy, aventures, film fantastique) et Christophe Lambert s’en sort à merveille, donnant une crédibilité à Connor Mac Leod avec son rire et son air charmeur, les seconds rôles sont épatants (Sean Connery tourna pendant une semaine seulement, il était bloqué par d’autres projets mais parvint à se libérer)…
Clancy Brown, le méchant Kurgan, semble sorti de « Mad Max 2 » le look cuir noir voulu par Mulcahy pour l’adversaire de Mac Leod semble fonctionner au-delà de toutes les espérances et le rend encore plus brutal et bourrin…
Les paysages d’Ecosse sont fabuleux et on en prend plein les mirettes, un peu comme pour les décors de Nouvelle Zélande que l’on trouve dans la trilogie du « Seigneur des anneaux », cette féérie renforce encore plus le côté « Héroïc fantasy » lors des séquences de flash backs et Mulcahy s’est particulièrement appliqué au niveau de la technique de son film, multipliant les trouvailles graphiques qui se révèlent bluffantes à chaque fois…
La musique de Queen en binôme avec celle de Michael Kamen est majestueuse et le générique final avec « It’s a kind of magic » donne une impression rassérénante au spectateur…
« Highlander » c’est quasiment deux heures de jubilation à savourer sans modération…
Les diverses suites et adaptations en dessins animés sont anecdotiques comparées à ce premier opus qui reste la référence…
Fantastique dans tous les sens du terme !

Note : 9.5/10





mardi 17 janvier 2017

La maison des damnés de John Hough, 1973

LA MAISON DES DAMNES
de John Hough
1973
Grande Bretagne
avec Roddy Mac Dowall, Pamela Franklin, Gayle Hunnicutt, Clive Revill, Roland Culver
Fantastique
90 minutes
d’après Richard Matheson
aka The legend of Hell house
en compétition au festival d’Avoriaz 1974
Synopsis :
Une province britannique, au mois de décembre 1973…
La maison Belasco est un immense domaine où s’érige un château, ce manoir a la réputation d’être hanté et possédé par des forces surnaturelles ; une équipe de scientifiques avait bien étudié les phénomènes qui s’y installaient, mais hélas, toutes les personnes qui s’y étaient rendus sont décédés !
Un milliardaire en fauteuil roulant mandate des gens pour y retourner afin de percer le mystère de la demeure, dans un premier temps et, dans un second temps de pratiquer un exorcisme afin de rendre vierge la bâtisse de tous démons ou forces occultes…
Florence Tanner, une jeune médium d’une vingtaine d’années, Benjamin Fischer, un scientifique très pragmatique, Ann Barrett et son mari le docteur Barrett ainsi que Rudoplh Deutsch, qui apportera une machine qui contrôle les ondes, sont réunis tous ensemble dans le château pour enquêter et étudier les lieux…
Dès leur arrivée, ils constatent que la tâche ne sera pas facile…
Mon avis :
La maison hantée est un thème de prédilection récurrent dans le cinéma fantastique, ici, dans « La maison des damnés » elle est mixée avec une histoire de paranormal, quarante ans avant la série des « Paranormal activity » ou même de « Conjuring » ; le succès du film « L’exorciste » sorti peu de temps avant, semble être passé par là, influençant le métrage, ce qui a donné une histoire hybride (la maison a remplacé le personnage de la jeune Regan du film de Friedkin) avec son lot de phénomènes démoniaques et le folklore sataniste fait partie intégrante du postulat du film…
Très efficace, « La maison des damnés » propose une immersion solide dans une psychose qui, d’abord hante les lieux, pour, in fine, se propager sur les protagonistes qui deviendront fous crescendo, le film comporte des séquences très flippantes et les effets de mise en scène sont moins tape à l’œil que contenus d’une simplicité qui produit un effet bluffant, les décors aidant à la peur provoquée, dans un climat étouffant et très vite qui se retournera sur les personnages…
« La maison des damnés » est donc un film de maisons hantées hyper atmosphérique, John Hough a tout misé sur le concept de l’enfermement (le film est un huis clos) et se sert du levier de l’inconnu (personne ne peut prédire ce qui va se passer) pour balader le spectateur pendant une heure trente, à grand renforts de rebondissements et d’effets chocs…
Les comédiens  du film sont tous impeccables et savent jouer en restituant habilement la peur puis la possession qui va prendre leurs corps et leurs esprits, au niveau technique, « La maison des damnés » multiplie les plans filmés du plafond ou les zooms en contre-plongée sur les visages et aussi une scène de tournoiement très rapide de caméra qui reste indélébile pour tout cinéphile…
On se plonge en étant très attentif dans un film d’épouvante parfaitement calibré et bien ancré dans le style des années soixante-dix et qui respecte à la lettre le genre, parvenant même à s’en démarquer tant la fascination que l’on a au moment du visionnage reste efficace…
Témoignage vintage d’un genre qui allait exploser à la fin des années soixante-dix avec la saga des « Amityville », « La maison des damnés » n’a rien perdu de sa force et son impact est toujours solide, même quarante ans après, son efficience à provoquer la flippe reste inégalée à ce jour, c’est un classique du cinéma fantastique d’outre-Manche qui n’a pas pris une ride…
Roddy Mac Dowall est impressionnant dans le passage où il est possédé et les trucages assez réalistes permettent de donner une force très persuasive à ce que John Hough a voulu entreprendre…
Bien connu et respecté des cinéphiles, « La maison des damnés » est un modèle du film de maisons hantées que l’on peut voir et revoir avec une grande délectation, pièce maitresse du film d’épouvante britannique avec les Hammer films, c’est un pur joyau que je vous recommande vigoureusement, le talent de John Hough et la qualité de sa mise en scène en font un classique…
Un pur régal !

Note : 9/10





lundi 16 janvier 2017

HAMMER d'Enzo G. Castellari, 1987

HAMMER
d’Enzo G. Castellari
1987
Italie/Etats unis
avec Daniel Greene, Melonee Rodgers, Jorge Gil, Donna Rosea, Deanna Lund
Polar actioner
90 minutes
aka Hammerhead
Edité en VHS chez René Château
Synopsis :
Miami, Etats-Unis, Kingston, Jamaïque, années quatre- vingts…
Hammer, un policier à la carrure colossale, reçoit un appel en urgence de son ami Greg, ce dernier est menacé par deux hommes qui cherchent à le liquider ; Hammer se rend sur un port où Greg lui a fixé un rendez- vous, hélas il est tué, écrasé par un container…
Hammer poursuit l’assaillant de Greg mais ne parvient pas à le neutraliser…
Hammer part en Jamaïque pour annoncer le décès de Greg à sa femme, Dee Dee ; arrivé à l’aéroport il retrouve José, un de ses plus fidèles amis, avec qui il fut compagnon de guerre, José flashe sur Julia, une brune aguicheuse…
Dee Dee est tabassée et échappe de peu à la mort ; décidé à venger la mort de Greg, Hammer remonte jusqu’à Carlos, un chef de gang local…
Hammer retrouve Marta, son ex petite amie, qu’il n’avait pas vue depuis six ans, celle-ci n’est pas très contente qu’il n’ait donné aucune nouvelle tout ce temps…
Marta a une fille, Rosalita, Hammer, réconcilié, comprend qu’il s’agit de sa fille !
Le policier Hendricks arrête Hammer après une poursuite monstre qui met la ville sens dessus dessous ; par une ruse de José, Hammer parvient à se faire libérer…
C’est alors que Marta et Rosalita sont kidnappées !
Mon avis :
Fidèle à son style burné et testostéroné qui fit sa marque de fabrique, Enzo Girolami Castellari a mis tout son cœur et les coudées franches dans ce « Hammer » qui contentera avant tout les fans d’action et de polars populaires, les plus observateurs devront ne pas se soucier des défauts de script ou des incohérences multiples avec des ficelles grosses comme des câbles et des dialogues au ras des pâquerettes…
On est là uniquement pour assister à un festival de « pif paf » et de bourrinages et il faut bien le reconnaître, Daniel Greene a mis toute sa bonne volonté, il a payé de sa personne effectuant lui-même ses cascades, pour un rendu franchement très efficace…
Hyper sexiste (Julia, l’appât, n’y va pas de main morte) et aux répliques ultra directes (« crêve, sale fils de pute ! »), « Hammer » est un polar qui ne fait pas dans la dentelle mais qui révèle une tonicité totale dans sa réalisation (Castellari a une grande expérience du cinéma populaire et des classiques au compteur –« Big racket » pour ne citer que lui-), du coup le spectateur se laisse prendre au jeu et ma foi, on passe un moment agréable !
Vers la fin, il y a deux passages gore avec une scie circulaire notamment ; les méchants sont tous punis et les bons triomphent, tout ceci est très manichéen et c’est ce qu’on voulait…
Il serait abusé de taxer Daniel Greene de « sous Jean Claude van Damme », « Hammer » se situant au même niveau que les métrages du belge kickboxer et Greene combat bien dans des bagarres carrées au timing solide ; la poursuite du début et celle sur les jet skis est efficace et l’ensemble est plutôt convaincant, le rythme tourne à fond les bananes, la forme est plus étoffée que le fond mais on en a pour son argent…
On visionne « Hammer » pour assister à de la castagne, pas pour se masturber le cerveau, dans ce cas : mission accomplie haut la main par un Castellari en pleine forme !
Bizarrement jamais édité en DVD, « Hammer » est donc un film assez rare qui n’est sorti qu’en VHS chez René Château, si vous tombez dessus à une brocante, allez y direct, c’est du bon spectacle, pas prétentieux pour deux sous et dirigé de main de maitre par un des meilleurs artisans du bis italien : Enzo Castellari
A cette époque, ce genre de film fonctionnait bien et contentait les milieux populaires comme les cinéphiles curieux aguerris aux nanars d’action, donc aucune barrière n’est à mettre !
« Hammer » est un bon polar reposant sur Daniel Greene et même si le bougre vient plutôt d’une salle de muscu que de l’actor’s studio, ce n’est pas très grave !
Mineur mais dépaysant…

Note : 6/10


dimanche 15 janvier 2017

Police academy de Hugh Wilson, 1984

POLICE ACADEMY
de Hugh Wilson
1984
Etats-Unis/Canada
avec Steve Guttenberg, Kim Catrall, Michael Winslow, George Gaynes, Bubba Smith, David Graf
Comédie satirique
96 minutes
Synopsis :
Toronto, années quatre-vingts…
La police locale est en sous effectifs et devant la recrudescence de malfaiteurs, le maire de la ville propose de recruter sans conditions de nouvelles recrues, elles seront formées pendant quatorze semaines afin d’honorer leurs missions…
Carey Mahoney, licencié depuis peu, était gardien d’un parking, Moses Hightower, est un jeune homme noir qui a la particularité de produire des sons incroyables grâce à ses cordes vocales hors normes, Karen Thompson est une superbe jeune femme fraichement diplômée et Leslie Barbara, un chômeur à la forte corpulence ; tout ce beau monde intègre l’équipe des formés au sein de la « Police academy »…
Le commandant Eric Lassard les dirige, appuyé par Thaddeus Harris, un recruteur très dur et Debbie Callahan, une policière blonde à forte poitrine…
Dès le début de la formation, les bévues s’accumulent et Mahoney est pris en grippe par ses supérieurs ; potache, il souhaite organiser une soirée dansante et se retrouve au Blue Oyster, une boite gay cuir de la ville !
Plus tard, une émeute gigantesque secoue la ville !
Les policiers arrivés par dizaines sont mal renseignés et débarquent de l’autre côté de la rue…
C’est vite l’anarchie la plus totale et le chaos, avec des pillages et des bagarres !
A l’issue de leur stage, certains élèves finiront tout de même par intégrer la police de la ville, mais les efforts qu’ils devront déployer seront colossaux…
Mon avis :
Premier volet d’une longue saga, ce « Police academy » est devenu au fil du temps un petit classique de la comédie populaire d’outre Atlantique, certes, les gags ne sont pas toujours très fins mais le film suscite l’intérêt du spectateur grâce à un rythme enjoué et un ensemble globalement très sympathique qui fait bien plaisir à voir…
Le film a lancé la carrière de nombreux acteurs (Steve Guttenberg et Kim Catrall –vue dans le « Jack Burton » de Carpenter- notamment) et la bonne humeur totale déployée par Hugh Wilson (qui joue l’automobiliste mécontent au début) fait mouche grâce un comique tridimensionnel, axé sur le burlesque de situations, de mimiques et linguistique (les répliques fusent pour provoquer l’hilarité)…
« Police academy » est une comédie tonique qui croit en la vigueur de son histoire, appuyée par des rebondissements cocasses mais quelques fois un peu graveleux (la fellation durant le discours du commandant), le comique du film rappelle un peu celui des Zucker/Abraham/Zucker mixé à Mel Brooks…
On passe un moment sympathique avec toute cette ribambelle de comédiens et l’issue avec les émeutes urbaines fait partir le film en vrille pour notre plus grand bonheur, l’anarchie ambiante communique au spectateur un grain de folie fort bienvenu, « Police academy » n’est pas un film prétentieux et la police, la vraie, est caricaturée certes, mais jamais méchamment…
Des trouvailles comiques apparaissent toutes les minutes et on rit de bon cœur, plongé dans le microcosme des policiers mais sans dénigrement (on est dans les années quatre-vingts, une autre époque, le film n’aurait pas véhiculé la même idéologie de nos jours)…
Grande réussite, « Police academy » est à visionner en laissant ses neurones au vestiaire, les conditions pour l’apprécier sont de se laisser aller et d’accepter de rire pendant une heure et demie face à des pitreries orchestrées sciemment et dans la bonne humeur…
A noter un budget conséquent et des passages hilarants (la boite cuir gay, le voyeurisme avec les douches, le faux espagnol qui drague tout ce qui bouge), bref « Police academy » est l’occasion de redécouvrir toute une partie d’un cinéma populaire qui ne se prenait pas au sérieux et qui fut légion au début des années quatre-vingts aux Etats-Unis, « Police academy » en est le fer de lance et le meilleur exemple…
Sincère et à l’énergie communicative !

Note : 7/10





samedi 14 janvier 2017

Le chien des Baskerville de Terence Fisher, 1959

LE CHIEN DES BASKERVILLE
de Terence Fisher
1959
Grande Bretagne
avec Peter Cushing, Christopher Lee, André Morell, Marla Landi, Miles Malleson
Fantastique
87 minutes
Produit par la Hammer films
aka Hound of Baskervilles
Synopsis :
A la fin du dix-huitième siècle, Sir Hugo de Baskerville, un notable particulièrement éméché, tue sadiquement une jeune femme qui refusait ses avances ; il est tué à son tour dans la lande et son corps est retrouvé ensanglanté, de là nait une légende et une malédiction qui semble occulte, les villageois étant terrorisés par ce mythe…
Plusieurs décennies après, Sir Henry Baskerville, le petit neveu du défunt et héritier des biens familiaux, arrive de l’étranger pour intégrer la demeure des Baskerville…
Sherlock Holmes, le célèbre détective et le docteur Watson ont été mandatés pour assurer une protection discrète de Sir Henry Baskerville…
Alors qu’Henry frôle la mort lorsqu’une tarentule manque de le piquer au cou, Holmes comprend que la malédiction sur les héritiers Baskerville n’est pas fortuite, il suppose même qu’elle soit réelle et téléguidée sciemment par un quelqu’un, bien vivant !
Henry Baskerville tombe amoureux d’une jeune femme qu’il a aperçue dans la lande, Cécile Stapleton, très vite celle-ci cède à ses avances et l’embrasse fougueusement…
Holmes enquête et retrouve la trace du lieu d’où venait la fameuse tarentule, par son sens de l’habileté et des questionnements ciselés, il remonte à la source du mal…
L’issue de cette histoire aura lieu dans la lande et la révélation finale sera incroyable !
Sherlock Holmes, par sa perspicacité, trouvera une explication logique à toute cette « malédiction » très bien rodée et, dans un bain de sang, il élucidera son enquête après avoir risqué sa vie…
Mon avis :
Considéré à juste titre comme un des meilleurs films produits par la Hammer, « Le chien des Baskerville » est également l’un des plus ambitieux de la firme puisqu’ici pas de « Dracula » ou de « Frankenstein » comme habituellement, mais une histoire de malédiction avec un Sherlock Holmes qui enquête (magistral Peter Cushing) et surtout une explication rationnelle à tout cela, qui distingue des précédents Hammer, malgré une trame horrifique indéniable…
La mise en scène de Fisher est en roue libre et s’appuie sur un début à fond la caisse qui met directement le spectateur dans l’ambiance : le film sera lugubre, ténébreux, presque gothique et les paysages étouffants de la lande contribueront à provoquer l’effroi, mais « Le chien des Baskerville » comporte aussi des scènes chocs (la tarentule, le marais avec les sables mouvants, le final terrifiant), les acteurs sont parfaits (Christopher Lee irradie par son physique olympien) et les seconds rôles donnent de la saveur au film (la belle Marla Landi dégage un charme insoupçonné)…
Peut- être académique dans sa réalisation, « Le chien des Baskerville » est surtout un métrage hyper rigoureux, au scénario adapté d’une nouvelle de Conan Doyle mais respectant totalement l’effet que voulait produire l’auteur, tout y est méthodique, appliqué, des décors au jeu des acteurs et le spectateur n’aura plus qu’à se laisser porter dans cette histoire, à priori insensée, qui trouvera toute sa logique grâce au savoir- faire de Sherlock Holmes, fidèle à sa perspicacité légendaire…
On a ici un classique du film d’épouvante de la fin des années cinquante  et le blu ray sorti récemment rend honneur à l’œuvre avec une image nette et un travail de restauration fabuleux…
Pour ceux qui ne connaissaient pas ou qui n’avaient pas eu l’occasion de le voir, cette édition blu ray est miraculeuse…
Le film, quant à lui, est exemplaire et se doit d’être visionné pour se faire une idée de ce qu’était capable de produire la Hammer, même avant l’explosion des années soixante/soixante-dix, « Le chien des Baskerville » est la génèse de la Hammer, la clef de voûte et la marque de fabrique qui naissait avec cette mythique maison de productions d’outre- Manche…
Immanquable !

Note : 10/10





Fantomas contre Scotland Yard d'André Hunebelle, 1967

FANTOMAS CONTRE SCOTLAND YARD
d’André Hunebelle
1967
France/Italie
avec Louis de Funès, Jean Marais, Mylène Demongeot, Jacques Dynam, Françoise Christophe
Comédie policière
97 minutes
Musique de Michel Magne
Distribué par Gaumont
Synopsis :
Un château en Ecosse, vers la fin des années soixante…
Lord Mac Rashley, un homme très riche, est menacé puis enlevé par Fantomas, qui prend son apparence ; le malfaiteur a proposé et imposé à toutes les fortunes du globe qu’ils lui versent une rente proportionnelle à leurs richesses, en échange il promet de les laisser en vie…
Le commissaire Juve, Jérôme Fandor, sa compagne Hélène et l’inspecteur Bertrand se rendent dans le fameux château de Lord Mac Rashley, en vue d’assurer la protection de ce dernier et de coincer définitivement Fantomas…
L’épouse de Mac Rashley met en place une séance de spiritisme et Juve se fait ridiculiser, passant pour un fou auprès des autres convives…
Juve a des visions et croit voir un pendu dans sa chambre, tout ceci est un stratagème orchestré par Fantomas et ses hommes…
Mac Rashley organise une chasse à courre ; son majordome, en fait amoureux de sa femme, souhaite en profiter pour le tuer lors de la chasse, mais il ignore que Fantomas a déjà pris l’apparence de Mac Rashley !
Lors d’aventures mouvementées et humoristiques, Juve et son adjoint Bertrand élaborent un plan qu’ils pensent infaillible pour coincer Fantomas…
Rien ne se passera comme prévu et Fantomas, faisant croire à un départ du donjon du château en fusée, parvient une nouvelle fois à échapper aux autorités !
Mon avis :
Troisième et ultime volet de la joyeuse trilogie des « Fantomas », ce « Fantomas contre Scotland Yard » est pour beaucoup le meilleur opus de la saga ; c’est un condensé des thématiques explorées dans les précédents métrages mais aussi et surtout l’occasion pour Louis de Funès de nous offrir un festival, ce film c’est le sien, c’est LUI la principale star du film, il est omniprésent et on savoure ses pitreries dans des séquences cultes que tout le monde a en mémoire (le pendu, le cheval qui parle lors de la chasse à courre, le lit qui bouge tout seul…), Hunebelle se sert du levier des fantômes écossais pour booster l’aspect comique du film et ça marche, amplifié par De Funès qui s’en donne (et nous en donne) à cœur joie…
Toujours doté d’une grande dynamique, les héros sont cette fois ci exilés en Ecosse, ce qui donne un aspect exotique fort bien venu à l’intrigue, les décors étant une nouvelle fois particulièrement travaillés (l’escalier en colimaçon, les murs qui s’ouvrent, le grand salon) et les extérieurs magnifiques (la chasse à courre a été tournée en forêt de Fontainebleau)…
Bien sûr la dimension maline de Fantomas est toujours prégnante et il fait toujours tourner Juve en bourrique avec son rire démoniaque en prime, Mylène Demongeot est une nouvelle fois craquante et Jean Marais toujours fringant malgré sa cinquantaine…
Irrésistible, De Funès se déchaine dans ses délires, avec une touche de fantastique, la mise en scène est inventive et le rythme soutenu, on est pris dans l’intrigue du début à la fin et l’action ne se relâche jamais…
« Fantomas contre Scotland Yard » est un régal de cinéma populaire qui, par son dynamisme, ne perd pas de son impact, même un demi- siècle plus tard…
On prend le même plaisir à chaque visionnage et une cure annuelle des « Fantomas » est à prescrire en cas de sinistrose ou de coup de blues, ce sont des films qui font un bien fou au moral !
Que l’on soit jeune, âgé, cinéphile ou juste simple spectateur, cette trilogie contentera tous les publics, alors on aurait tort de s’en priver…
Note : 9.5/10





mercredi 11 janvier 2017

L'ange blanc de Victor Vicas, 1977

L’ANGE BLANC
de Victor Vicas
1977
France
Episode de la série  des Brigades du Tigre
Avec Jean-Claude Bouillon, Pierre Maguelon, Jean-Paul Tribout, Jess Hahn, Jacques Giraud, François Maistre
55 minutes
Synopsis :
Pendant le tour de France, années 1910…
Un mystérieux homme vêtu de blanc et dissimulé derrière une cagoule provoque des attentats mortels sur les coureurs cyclistes ; c’est l’hécatombe et la peur gagne l’étendue des participants, le leader du journal « Le vélo » est présent, il y a également Armand Sabatier qui suit les étapes avec son homme de main, Fulbert…
Devant la recrudescence des morts et les menaces incessantes, le commissaire Valentin et ses collègues sont nommés pour assurer la sécurité de ce tour…
Le tueur, qui se fait appeler « l’ange blanc », menace le responsable du journal, qui séjourne dans un luxueux hôtel, les brigades mobiles sont plus que jamais sur leurs gardes !
C’est alors que, sans la moindre explication logique car il avait été surveillé, le directeur du journal est retrouvé mort !
Valentin a une petite idée du meurtrier mais il élabore un plan…
Mon avis :
Quelle brillante idée d’insérer le tour de France dans une intrigue policière, c’est pour le moins très original et le talent de Victor Vicas et du scénariste Claude Desailly fonctionne ici à merveille !
La mixité des personnages donnent de l’intérêt à une intrigue passionnante et le spectateur se prend tout de suite au jeu, en immersion complète dans le monde du cyclisme des années 1910 et tremble pour les concurrents, victimes potentielles, ainsi que pour le directeur du journal…
La reconstitution est crédible et les moyens déployés sont à la hauteur, les seconds rôles sont impeccables, même les coureurs cyclistes jouent le jeu (Petitbreton avec sa grosse moustache, Fulbert incarné par Jess Hahn, vu dans « Vivre pour survivre »…)
On prend plaisir à admirer les nombreux paysages champêtres et Victor Vicas nous gratifie de séquences nocturnes fort bien amenées…
L’issue est simplement stupéfiante et imprévisible et la dextérité de Valentin est hallucinante pour, dans un premier temps, trouver le coupable puis, dans un second temps, le piéger…
Tout coïncide de façon limpide et c’est là tout le talent et l’efficacité des scénaristes qui font la différence avec les autres séries ; ici l’histoire est fine et intelligente et jamais ennuyeuse, bref, un pur régal !
« L’ange blanc » est un des épisodes des « Brigades du tigre » les plus réussis et la touche sportive du Tour du France bonifie l’intérêt que l’on a pour l’histoire, ne dupliquant en aucun cas ce qui a été vu auparavant, l’originalité fait la force du récit…
A visionner sans modération !

Note : 10/10




Le village maudit de Victor Vicas, 1977

LE VILLAGE MAUDIT
de Victor Vicas
1977
France
Episode de la série  des Brigades du Tigre
Avec Jean-Claude Bouillon, Pierre Maguelon, Jean-Paul Tribout,, François Maistre, Claude Desailly
55 minutes
Synopsis :
Un petit village d’Auvergne, au début du vingtième siècle…
Les habitants sont terrorisés par un sorcier appelé Maudrus, qui vit dans la montagne ; un jour, des hommes décident de le brûler sur un bûcher et l’enlèvent…
Le prêtre et l’instituteur du village empêchent le drame in extremis, mais les habitants décident de partir, emmenant leurs affaires, les bêtes succombant à une épidémie et l’eau ne coulant plus des pompes…
Dépêché par Faivre, Terrasson débarque dans la petite bourgade et mène l’enquête…
Il est logé chez la femme de l’instituteur, dont on a perdu la trace…
Irène de Castro, une notable, aide Terrasson dans ses démarches…
Une nuit, les cloches de l’église se mettent à sonner toutes seules…
Alors qu’il souhaite retrouver la trace de Maudrus, Terrasson est enlevé et frappé par deux hommes !
Mon avis :
Avec « Le vampire des Karpates » et « Les fantômes de Noël », « Le village maudit » fait partie des épisodes des Brigades qui lorgnent vers le fantastique, autant dire que l’on se régale avec cette histoire d’exorcisme, de malédiction et de gri gris, l’histoire nous tient en haleine et certains passages sont clairement flippants (les cloches de l’église, moment terrifiant !), l’atmosphère de mystère est prégnante tout le long de cet épisode, et la musique y joue un rôle prépondérant, rappelant celle des productions fantastiques gothiques italiennes des années soixante…
Ici le personnage principal c’est Terrasson et la bonhommie du solide Pierre Maguelon sert de levier à l’histoire, son charisme inoxydable jouant en sa faveur et le rendant tout à fait crédible…
L’ignoble De Castro a élaboré un plan parfaitement huilé et l’explication finale est un modèle de machiavélisme et d’inventivité vicieuse ; la phrase « Si tu avais eu autant d’appétit que nous, on serait là, à leurs places » est parfaitement bien vue et colle à l’issue de cette intrigue, pour le moins bluffante et surprenante…
Je ne vois pas ce qu’il y a à redire sur cet épisode, tout y est d’une netteté scénaristique impeccable et fidèle à la rigueur de la série, il y a de l’action, des scènes de savate (la bagarre avec Valentin) et les personnages sont tous très attachants (Claude Desailly, scénariste de la série, s’est fait plaisir et s’est lâché en interprétant Maudrus)…
Bref, encore une fois c’est que du bonheur et cela démontre bien l’efficacité des vieilles séries, qui prenaient le temps de s’appliquer et qui respectaient le téléspectateur sans produire d’histoires stériles ou débiles, comme souvent de nos jours…

Note : 10/10