mercredi 19 avril 2017

Un français de Diastème, 2015

UN FRANÇAIS
De Diastème
2015
France
Avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy, Lucie Debay, Patrick Pineau
98 minutes
Chronique sociale
Synopsis :
France, villes de banlieue parisienne…
Le parcours et la tranche de vie du jeune Marco Lopez, skinhead de son état…
Le film suit les bagarres avec lui contre les maghrébins ou les redskins, il montre la déchéance de ce jeune homme, les plans de soirées qui tournent mal, sa liaison avec une jeune femme issue du mouvement lepéniste, de manière frontale, le réalisateur dresse un portrait sans complaisance et d’un réalisme saisissant de la vie de ce jeune skinhead sur une période d’une trentaine d’années (de 1987 à 2015)…
Mon avis :
« Un français » est une peinture extrêmement réaliste et sans compromis du milieu des skinheads en France, le réalisateur Diastème ne ménage rien ni personne dans son film et dresse un constat très dur de la dérive sociétale issue des mouvements radicaux d’extrême-droite qui pullulaient au milieu des années quatre-vingts dans l’hexagone…
Certaines séquences sont vraiment atroces (la mort du monsieur noir qui ingurgite un détergent, les bagarres ultra-violentes avec effets d’hémoglobine à l’appui), bref tout est passé en revue et le film fait parfois froid dans le dos…
Par le biais de soirées sordides, la musique skinhead est un vecteur qui « booste » la sensation de force chez ces délinquants et rien ne semble pouvoir les arrêter dans leur folie et dans leur barbarie…
Diastème filme caméra sur l’épaule, il est souvent derrière la carrure de Lopez lors de ses démarches imposantes et permet au spectateur de le suivre frontalement dans ses pérégrinations…
La reconstitution des années quatre-vingts est, à ce titre, exceptionnelle de justesse ; Diastème a repris le mobilier, les affiches politiques, l’architecture des commerces qui étaient inhérents à cette période, c’est un vrai travail d’orfèvre…
Distribué dans très peu de salles et ignoré des médias traditionnels, « Un français » est pourtant un très grand film qui a le double mérite d’interpeler le spectateur sur une époque générationnelle et d’appuyer là où ça fait mal par le biais d’une histoire riche en rebondissements et très axée sur le réalisme du cinéma-vérité…
Le personnage du pharmacien lors de la crise de panique de Marco donne un peu d’humanité dans « Un français » mais Diastème ne prend jamais parti pour qui que ce soit, son film est fait en free-lance, en détachement, il créée l’atmosphère mais ne cherche jamais à influencer le spectateur et c’est ça qui distingue le film des autres déjà réalisés sur la même trame…
« Un français » est un film « uppercut » à ne pas faire visionner aux personnes sensibles, il comporte des moments difficiles mais on ne peut nier la sincérité de Diastème et de son équipe, le fait divers de la mort de Clément Méric (un militant d’extrême gauche qui fut tué par des skinheads lors d’une manifestation)  a été le déclencheur pour qu’il réalise ce film…
Tentative originale et très réussie, « Un français » est un bel exemple pour le cinéma français, loin des « Camping » et autres « Cœur des hommes » et, disons-le clairement, ça fait un bien fou de voir des réalisateurs comme Diastème qui osent et risquent de la sorte !
A encourager massivement et fortement…

Note : 8/10




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