dimanche 10 septembre 2017

Le manoir de la terreur d'Alberto de Martino, 1963

LE MANOIR DE LA TERREUR
d’Alberto de Martino
1963
Italie/Espagne
avec Helga Liné, Gérard Tichy, Ombretta Colli, Leo Anchoriz, Iran Eory
Fantastique gothique
84 minutes
aka  Demoniac
aka Horror
DVD édité chez Artus films
Synopsis :
Fin du dix- neuvième siècle, une région du nord de la France…
Une diligence traverse la forêt pour se rendre au château de Rodrigue de Blancheville, à l’intérieur se trouve Emilie, la sœur du châtelain, Alice Taylor, une de ses amies qui a fait ses études avec elle et un autre homme…
Arrivée dans le manoir, Emilie constate que le personnel a été modifié, Eléonore, la nouvelle gouvernante, lui semble antipathique, c’est une brune ténébreuse qui est peu loquace ; Rodrigue informe Emilie du décès de leur père mais sans trop s’étendre sur les circonstances de sa mort, il règne dans le manoir un étrange climat où chacun suspecte l’autre…
Un soir, Emilie de Blancheville, entend un cri strident et monstrueux qui résonne jusque dans sa chambre, apeurée, elle monte des escaliers et découvre, dans le haut d’une tour du château, Eléonore faisant une piqûre à un homme difforme au visage brûlé et défiguré…
Rodrigue finit par lui avouer que leur père a finalement survécu à un incendie et qu’il erre dans les couloirs du château !
Rodrigue parle d’une prophétie qui dit que lors du vingt et unième anniversaire d’Emilie, cette dernière doit être tuée !
Son anniversaire a lieu précisément dans cinq jours…
Le docteur Lerouge, ne croyant pas un mot de tout cela, décide de veiller sur Emilie mais hélas d’autres mauvaises surprises attendent les occupants du manoir et il semble que cette prophétie soit en fait un stratagème machiavélique qui cache une vérité bien plus terrible !
Mon avis :
« Le manoir de la terreur » ( à ne pas confondre avec l’inénarrable film homonyme de Andrea Bianchi sorti en 1980) sort sur les écrans en 1963 alors que le genre gothique est déjà copieusement entamé avec les films de Mario Bava (« Le masque du démon ») ou Riccardo Freda (« L’effroyable secret du Professeur Hichcock »), on est en plein dans la vague du gothique stylé transalpin et tous les metteurs en scène s’y ont mis, de Mario Caiano (« Les amants d’outre- tombe ») à Camillo Mastrocinque (« Un ange pour Satan »), mais il ne faut émettre aucune réserve ni privilégier untel ou untel, il faut SAVOURER ce cinéma magnifique qui donne ses lettres de noblesse au genre gothique, sur une vue européenne, à l’instar de la Hammer films qui le faisait outre- Manche…
Ce « manoir de la terreur » est donc une tentative réussie et une œuvre à l’atmosphère unique, notamment lors de son début, avec cette forêt aux branches glacées par la pluie et les décors (même si le manoir est évidemment une maquette) sont flamboyants…
Le personnage central est celui d’Emilie mais viennent s’y greffer d’autres protagonistes auxquels on ne sait si on doit accorder la confiance ; les rebondissements sont de taille, surtout à la dernière demie- heure et le rythme ne faiblit jamais, le crédit donné au scénario est de plus servi par une interprétation excellente et exemplaire de la part des comédiens…
De Martino soigne la tenue de ses plans avec des cadrages filmés de haut, le film est un quasi huis clos hormis des séquences à l’extérieur notamment dans une crypte ; le levier scénaristique opère brillamment lorsque nous découvrons les véritables motivations de Rodrigue et là, ça glace le sang…
L’ensemble se suit très facilement et nous avons le plaisir de découvrir les recoins du manoir lors de séquences efficaces et qui mettent bien dans l’ambiance chère au gothique italien…
Les trois actrices principales sont belles et envoûtantes et lors de l’escapade nocturne d’Emilie, on a droit à une vue sur ses jambes par l’intermédiaire de sa nuisette diaphane, une trouvaille érotisante sans doute voulue par De Martino, qui pimente son film…
« Le manoir de la terreur » est un métrage gothique fantastique de très bonne facture qui, même s’il est moins connu que ses prédécesseurs, n’a rien à leur envier ; tous les codes du gothique sont respectés à la lettre et je ne vois pas ce qu’on pourrait trouver à redire sur ce film, à la fois baroque et épuré, riche et intrigant, glauque et envoûtant…
Une nouvelle fois, Artus films nous régale avec une édition DVD magnifique et toujours avec l’illustre Alain Petit aux bonus, qui nous fait comprendre tous les tenants et aboutissants du film et qui revient sur la carrière d’Alberto de Martino, nous apprenant des tas d’informations…
« Le manoir de la terreur » version 1963 contribue à sa manière à mettre une pierre à l’édifice créé par Bava et Freda et n’a aucunement à rougir par rapport à ses congénères, Alberto de Martino a signé là une grande réussite du genre, qu’il convient de visionner sans modération et avec la plus grande attention…
Un pur régal !

Note : 9/10






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