mercredi 28 mars 2018

L'orgie des vampires de Renato Polselli, 1964


L’ORGIE DES VAMPIRES
de Renato Polselli
1964
Italie
avec Marco Mariani, Giuseppe Addobbati, Barbara Howard, Carla Cavalli
80 minutes
Fantastique vampirique
DVD édité chez Artus films
Synopsis :
Une ville d’Italie, au début des années soixante…
Un metteur en scène de théâtre souhaite faire répéter sa troupe au sein d’une salle d’opéra qui était laissée abandonnée depuis plusieurs années ; alors que le régisseur repère les lieux, un mystérieux gardien ne cesse de le mettre en garde qu’une malédiction terrible a eu lieu dans ces murs ; il veut par tous les moyens dissuader  le metteur en scène de prendre possession du théâtre, ce dernier n’en a que faire…
La troupe, composée d’une douzaine de danseuses et de quelques danseurs, prend alors place ; un affreux vampire guette les jeunes filles et prépare ses interventions sanglantes ; pendant ce temps, les danseurs bellâtres draguent tout ce qui bouge parmi les figurantes, toutes superbes…
Il semblerait, mais on en a aucune explication crédible, que les portes de sorties soient condamnés ; par conséquent, nos amis sont bel et bien bloqués dans le théâtre !
Dès que la première victime est identifiée, tout va partir en live et la panique et l’hystérie vont gagner tout le monde !
De plus, le vampire, malin comme un singe, a gardé ses anciennes victimes qu’il a vampirisées, dans les sous-sols du théâtre et s’en sert comme succubes pour terroriser encore plus les danseuses kidnappées !
Armé d’une fourche, il martyrise les belles qui sont tombées dans son piège ; seul le régisseur parviendra à se débarrasser de ce maudit vampire, la nuit s’annonce longue et sans répit !
Mon avis :
« L’orgie des vampires » est un film au budget misérable tourné avec des bouts de chandelles et quasiment rien, l’unique décor de l’intrigue est le théâtre donc on a vite fait de connaître les diverses pièces, ce qui entraine un sentiment de répétition dans les séquences qui se mute petit à petit en ennui total…
Il y a des tas de zones d’ombre non élucidées dans le scénario et dans ce que Polselli nous propose, les dialogues sont faits principalement de questions/réponses avec des danseurs lubriques qui n’ont qu’une idée en tête, se taper leurs collègues danseuses (il faut reconnaître qu’elles sont toutes sublimes et Polselli a mis le paquet niveau érotisation), mais c’est tout !
Aucun effroi provoqué, mise en scène paumée et à deux à l’heure (à part un début fulgurant qui laissait présager un chef d’œuvre), le vampire on se demande ce qu’il cherche à faire avec sa fourche (il met trois ans pour la planter sur ses victimes), les danses s’apparentent plus à des pitreries ou à des gesticulations très mal coordonnées et l’interprétation souffre d’un amateurisme flagrant (c’est à se demander si les acteurs sont dirigés)…
Et puis le comble ! On ne retrouve pratiquement pas ou peu les codes du gothique dans ce film ; apparemment Polselli s’est embarqué dans une histoire contemporaine qui lorgne plutôt vers le slasher vampirique que vers le gothique pur (et encore on est sympa en disant ça car le rythme ultra faiblard de l’ensemble s’apparente plus au nanar !)…
On est très loin des Bava, Freda, Margheriti ou Caiano, même si, après, Renato Polselli remontera bien la pente et deviendra un pilier du cinéma baroque italien, ici, avec « L’orgie des vampires » c’est peut être son plus mauvais métrage !
Le noir et blanc n’arrange rien car le film est très sombre, on distingue très mal les personnages lors des séquences, la photographie du film est très limite et aurait gagné à être plus claire, plus lumineuse…
« L’orgie des vampires » est un titre mensonger, on pourrait l’appeler « Le vampire du théâtre » ou « L’opéra sanglant » mais on ne retrouve rien d’orgiaque ou de débauche dans ce film…
Les puristes de gothique italien n’y retrouveront pas leurs petits avec ce navet hyper flemmard et anémié, seuls les plus tolérants pourront éventuellement apprécier « L’orgie des vampires », film minuscule et aussitôt oublié, qui n’a aucun intérêt sauf qu’il est très rare et que l’on peut compléter sa culture du cinéma gothique en le visionnant, cela donnera une idée des « niveaux » de qualité filmique, celui-ci étant tout en bas…
Heureusement que Renato Polselli a pu rectifier le tir et rattraper le coup par la suite dans sa carrière, il ne faut surtout pas résumer sa filmographie à ce film, car ce serait injuste…
Le DVD de Artus films est très complet et appliqué, comme toujours, et la maison d’édition a même intégré les scènes coupées en italien sous-titrées en français pour que le spectateur ait la totalité du film ; Alain Petit est, comme à l’habituel, un régal à écouter et nous explique des tas de choses, agrémentées par des photos d’affiches de tas de films méconnus ou même complètement inconnus car inédits dans l’hexagone, c’est un pur bonheur de visionner les bonus…
Dans l’ensemble, ce DVD de « L’orgie des vampires » est dispensable mais pour tout cinéphile qui veut avoir l’intégrale des films gothiques italiens sortis chez Artus, on ne pourra pas passer à côté…
Très médiocre et insolite, « L’orgie des vampires » est à part parmi la collection proposée par Artus films, il est à classer parmi les plus mauvais distribués par eux et ne fera pas accrocher les plus exigeants, il faut se montrer très téméraire pour aller jusqu’au bout…
Note : 4/10











lundi 26 mars 2018

Deux yeux maléfiques de George Romero et Dario Argento, 1990


DEUX YEUX MALEFIQUES
de George Romero et Dario Argento
1990
Etats-Unis/Italie
avec Harvey Keitel, Adrienne Barbeau, Ramy Zada, Julie Benz, Tom Atkins, Tom Savini
120 minutes
Film à sketchs/Thriller fantastique
Musique de Pino Donaggio
Effets spéciaux de Tom Savini
d’après l’œuvre d’Edgar Poe
aka Two evil eyes
budget : 9 000 000 dollars
Synopsis :
Une ville des Etats-Unis, au début des années quatre- vingt dix…
Ernest Valdemar est un homme très riche mais il est alité à cause d’une maladie ; son épouse Jessica Valdemar mène une liaison avec le docteur Robert Hoffman, qui est également hypnotiseur…
Jessica souhaiterait « accélérer » le processus de la mort d’Ernest pour récupérer sa colossale fortune ; sous hypnose et alors moribond Ernest parvient difficilement à signer les documents bancaires pour effectuer des virements sur le compte de Jessica, tout cela avec « l’aide » de Hoffman…
Ernest finit par décéder mais Jessica et Robert veulent garder sa mort secrète, ils descendent son corps dans la cave de la maison et le place dans un congélateur…
Jessica prend des médicaments et boit beaucoup d’alcool, elle fait une crise de schizophrénie et croit entendre la voix de Ernest, elle est terrorisée ! Hoffman essaye de la raisonner…
Ernest semble être passé de « l’autre côté », du côté de la sphère de la mort mais il commandite des spectres pour harceler Hoffman…
Ce dernier, dans sa chambre, déclenche son métronome d’hypnose pour dormir…
C’est alors qu’il est attaqué par les fameux spectres que lui a envoyé Ernest !
Roderick Usher est un artiste photographe, il a un métier peu commun puisqu’il est employé par la police pour prendre des clichés sur des scènes de crime…
Usher vit en colocation avec Annabelle, une jolie blonde, qui donne des cours de violon…
Un chat noir est sujet de discordes entre Annabelle et Roderick, celui-ci ne supporte plus le chat et cherche à le mettre dehors de son appartement ; avec l’effet de l’alcool, Usher va péter un câble, il tue Annabelle et l’emmure derrière une pièce de son logement !
Betty, une jeune élève d’Annabelle, et un autre adolescent reviennent pour reprendre leurs cours de violon, mais Usher leur ment en leur disant qu’Annabelle est partie en voyage…
Le couple âgé de voisins de Usher trouve cela très bizarre ; finalement l’inspecteur Grogan, avec un de ses collègues, rend visite à Usher pour vérifier tout ceci et retrouver, éventuellement, une trace d’Annabelle…
Mon avis :
Véritables cadors du cinéma de terreur, Romero et Argento se sont faits plaisir en adaptant à leur sauce ces deux nouvelles d’Edgar Poe (« L’étrange cas de Monsieur Valdemar » et « Le chat noir »), les deux metteurs en scène sont pétris de talent et se régalent à nous raconter deux histoires folles et réellement terrifiantes (surtout celle de Romero, « Le chat noir » est trop foufou avec un Harvey Keitel survolté que parfois, ça vire un peu à la pantalonnade)…
Quoiqu’il en soit ces deux saynètes d’une heure chacune captivent dès le début, avec un soin tout particulier pour les décors et une montée en tension exceptionnelle, une catharsis dans l’angoisse est amorcée dès le « nœud » scénaristique (pour Valdemar, la mort d’Ernest et les voix, pour le Chat noir, lorsqu’Usher tue Annabelle)…
Les personnages connexes aux deux segments apportent une tentative de logique au dénouement mais Argento et Romero font reprendre le paranormal vite comme élément des intrigues, du coup, « Deux yeux maléfiques » se classe bien dans la catégorie « fantastique »…
Les deux cinéastes ont mis les coudées franches et les collaborateurs au film sont issus de la famille de Romero ou de ses fidèles compères (caméo de Tom Savini, qui signe également les effets spéciaux du film)…
Adrienne Barbeau est une grande actrice de série B, elle intègre parfaitement le rôle de la maitresse alcoolique qui veut se débarrasser de son mari pour récupérer la fortune, Keitel prouve une nouvelle fois qu’il excelle dans les rôles d’artistes déjantés et disjonctés, l’ensemble de « Deux yeux maléfiques » est fabuleux et donne une relecture moderne de la littérature d’Edgar Poe en reprenant les thématiques et en les adaptant de façon contemporaine…
Grande réussite à tous les niveaux, « Deux yeux maléfiques » contentera et ravira tous les cinéphiles fanatiques de fantastique et même les plus exigeants y reconnaitront la « patte » des deux maestro Romero et Argento, de par une solide efficacité et un sens inné pour créer une atmosphère qui devient vite angoissante…
« Deux yeux maléfiques » mérite bien la reconnaissance comme élément important dans la filmographie des deux réalisateurs et il est peut-être trop méconnu par rapport à leurs autres films, ce qui n’enlève rien à sa qualité, il est urgent de réhabiliter et promotionner « Two evil eyes », petit bijou du film à sketchs horrifique et qui n’a pas trop vieilli malgré le temps…
Note : 9/10












jeudi 22 mars 2018

Les dents de la mer 2 de Jeannot Szwarc, 1978


LES DENTS DE LA MER 2
de Jeannot Szwarc
1978
Etats-Unis
avec Roy Scheider, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Jeffrey Kramer, Joseph Mascolo
Epouvante/action
116 minutes
aka Jaws 2
Musique de John Williams
Budget : 20 000 000 dollars
Synopsis :
Amity, un village côtier des Etats unis, à la fin des années soixante-dix…
Martin Brody se remet des événements qui secouèrent la bourgade d’Amity après l’éradication d’un grand requin blanc meurtrier qui sema la terreur…
Sa femme Ellen et Sean et Mike, leurs deux fils, vivent un quotidien insouciant et paisible et tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce que des photographes sous-marins qui exploraient l’épave de l’Orca soient tués par ce qui semble être un deuxième requin blanc !
Un épaulard mort s’échoue sur la plage et, après qu’une spécialiste se soit rendue sur les lieux pour déterminer la cause du décès de ce mammifère, Brody, au vu des entailles sur l’épaulard, comprend qu’il a été attaqué par un requin Carcarodon Carcarias !
Larry Vaughn, le maire, voit la saison estivale touristique arriver et inaugure un grand complexe municipal, Brody et sa femme font partie des invités de la fête, ainsi que Lisa Wilcox, la Miss Amity…
Lorsque de manière fortuite, Martin Brody tombe sur un cadavre projeté par les vagues marines, cela devient de plus en plus inquiétant, allant même à rendre Brody complètement parano lorsqu’il créée une panique injustifiée, croyant apercevoir un requin s’approchant des baigneurs alors qu’il s’agissait simplement d’un ban de poissons !
Brody est alors révoqué et c’est Leonard Hendricks, son adjoint, qui prend le relais…
Le Carcarodon Carcarias fait alors d’autres victimes et lorsqu’un raid nautique à la voile emmène les jeunes gens d’Amity au large, c’est la cible idéale pour le casse-croûte de notre requin préféré !
Mike et Sean, les deux fils de Martin Brody, figurent parmi les jeunes gens en danger ; dès que Brody apprend cela, il fonce pour les sauver !
Mais le Carcarodon Carcarias est plus coriace que prévu !
Mon avis :
Suite directe du succès planétaire instauré par Steven Spielberg, ce « Jaws 2 » est en deçà de son prédécesseur mais reste néanmoins assez efficace, que ce soit dans la mise en scène que dans son scénario bien bâti avec certaines séquences chocs qui rappelleront de bons souvenirs aux aficionados du premier…
Certes, Jeannot Szwarc n’est pas Spielberg et le film peine à démarrer malgré l’attaque en pré-générique des plongeurs photographes sur l’épave de l’Orca (il n’est pas exclu de sursauter !), après il faut bien attendre une bonne demie heure pour savourer les attaques, Szwarc se concentre beaucoup sur les personnages du film et parfois les « jeunes » sont insupportables, toujours axés sur le sexe et la bière, cela désamorce l’intérêt que l’on porte au film mais heureusement il n’y a pas que çà…
Finalement « Les dents de la mer 2 » est assez riche et le public sera satisfait, Jeannot Szwarc ne trahit pas le charme du premier opus et apporte des moments fulgurants (le cadavre brûlé, la panique sur la plage, les cris des jeunes proches de l’hystérie, le beau final sur le transformateur marin), on ne s’ennuie pas c’est déjà acté…
Roy Scheider semble un peu fatigué de son rôle, il venait de se prendre un désastre au box-office avec le chef d’œuvre de Friedkin « Le convoi de la peur » où il s’était investi corps et âme !
Hormis deux ou trois petits défauts, « Jaws 2 » tient quand même bien la route et reste un spectacle très honnête, on a de l’action, de la terreur, du suspense et des moments de bravoure, ce qui est suffisant pour passer un bon moment…
Les deux suites qui viendront après sonneront le coup de massue niveau qualité donc le 2 peut se savourer car après c’est la dégringolade ; Jeannot Szwarc, réalisateur français, a eu une filmo très atypique mais s’est toujours bien investi pour délivrer un rendu honnête, avec ce « Jaws 2 » il montre son aptitude à faire quelque chose de correct et le fait de passer après Spielberg aurait pu être un énorme handicap mais Szwarc ne s’est pas trop mis la pression, du coup ça passe comme une lettre à la Poste…
Un budget très confortable ( vingt millions de dollars) a surement du donner de l’aisance à l’équipe ; les seconds rôles sonnent juste et sont savoureux (Murray Hamilton et Jeffrey Kramer mais aussi la belle Lorraine Gary), les effets spéciaux sont d’époque et le requin est pas trop mal fait, enfin, on se régale lors des scènes sous-marines…
« Les dents de la mer 2 » est un métrage à voir au moins une fois, on n’est pas dans la transcendance du chef d’oeuvre de Spielberg mais on passe un agréable moment, ce qui est déjà pas si mal !
Note : 7/10














mardi 20 mars 2018

American warrior 2 de Sam Firstenberg, 1986


AMERICAN WARRIOR 2
de Sam Firstenberg
1986
Etats unis
avec Michael Dudikoff, Steve James, James Booth, Marc Alaimo
Action/Polar
104 minutes
aka Avenging force
Produit par la Cannon
Blu ray édité chez The Ecstasy of films
Synopsis :
Etats-Unis, Nouvelle Orléans, au milieu des années quatre-vingts…
Le Pentangle, une organisation politique d’extrême droite fascisante, est composée d’une vingtaine d’hommes fanatisés par leur chef, sorte de gourou ; le Pentangle pratique des « chasses » à l’homme dans le bayou voisin où l’issue pour les fugitifs est la mort…
Matt Hunter, un ancien des forces spéciales, vit avec sa sœur cadette, dans un ranch et pratique le rodéo ; Larry Richards, le meilleur ami de Hunter, est candidat aux élections sénatoriales mais il reçoit de façon récurrente des menaces de morts sur lui et sa famille, Larry est persuadé que le responsable de ces menaces est le Pentangle !
Arrive le jour du carnaval en Louisiane, symbolisé par Mardi gras ; alors que Larry défile sur un char avec sa famille, des hommes font feu sur lui ; Hunter empêche son exécution in extremis mais le fils de Larry est grièvement blessé !
Fou de rage de n’avoir pas pu tuer Larry, le chef du Pentangle missionne ses hommes pour retrouver Larry ; alors que Matt et Larry sont au volant d’un 4X4, ils sont violemment pris en chasse…
Grâce aux facultés de combats des deux hommes, ils parviennent à se défendre et tue les hommes du Pentangle lancés à leurs trousses ; le commanditaire est abattu par le chef, mécontent de son inefficacité !
Toute la famille de Larry est mise au vert mais le Pentangle les retrouve et provoque un attentat en pleine nuit, détruisant totalement la maison…
La soeur de Matt est alors kidnappée !
Mon avis :
Matt Hunter est en fait le nom du personnage incarné par Chuck Norris dans le précédent film produit par la Cannon « Invasion USA », et ici, même si l’histoire diffère, on retrouve quelques idées similaires avec l’organisation que l’on peut qualifier de « terroriste » (le Pentangle) et les « bons » (Hunter donc et son ami Larry Richards) qui sont persécutés et qui doivent combattre pour rester en vie…
Mais Sam Firstenberg est un réalisateur aguerri et un habitué des productions d’action de la Cannon, donc il délivre une mise en scène très efficace et prenante, en globalité « American Warrior 2 » est donc un excellent métrage qui varie action, fusillades, explosions et castagne avec une grande habileté, Michael Dudikoff se démarque des autres Yakayo comme Seagal ou Norris par la sympathie immédiate qu’il déploie (brushing de beau gosse, santiags aux pieds et personnage au grand cœur, il est moins bourrin que les deux autres précités et donne un aspect familial –il est cousin et oncle de la fratrie Richards- et il protège sa petite sœur)…
Bien sûr parfois Firstenberg n’emploie pas trop une finesse exemplaire (les propos carrément fachos des membres du Pentangle) mais c’est justement pour accentuer leur méchanceté, quelques poncifs sont à déplorer (la sœur de Matt dans un réseau de prostitution le lendemain de son kidnapping, ellipse un peu facile et racoleuse !)…
« American Warrior 2 » ravira vraiment les fanatiques de films de chasses à l’homme grâce aux vingt dernières minutes qui possèdent un bon timing et surtout le plaisir de voir ou revoir les fameux paysages du bayou et de la Louisiane (le même cadre que dans « Southern comfort »/ »Sans retour » de Walter Hill sorti cinq ans plus tôt) ; Firstenberg mêle à la perfection beaux paysages, scènes d’action, peur de la mort et dénonciation politique des groupuscules néo nazis, Dudikoff gravite dans ce maelström avec aisance et son jeu est crédible, tout comme celui des autres comédiens…
« American warrior 2 » est en définitive un vrai moment de plaisir cinéphile et heureusement on peut désormais le visionner dans des conditions optimales avec le blu ray sorti chez « The Ecstasy of films » de l’ami Christophe Cosyns, le boulot pour cette édition est de nouveau exemplaire, l’image est d’une netteté miraculeuse et dans les bonus, on a le film de Mathieu Berthon « Le réserviste », très sympathique et tourné dans un cadre, lui aussi, magnifique…
Tout cinéphile doit donc impérativement se procurer cette édition blu ray qui, de plus, est limitée donc c’est maintenant ou jamais !
« American Warrior 2 » une fois revu, donne une envie furibarde de se replonger dans les années quatre-vingts et de se refaire les productions Cannon de l’époque (les Chuck Norris mais aussi tous les films de ninjas), cette plongée dans le passé et dans tout un pan de cinéma d’action est revigorante et rappelle des super souvenirs à tous les cinéphiles qui ont vécu, de près ou de loin, cette époque bénie des dieux…
Franchement, merci à Christophe Cosyns et The Ecstasy of films de nous avoir rafraichi la mémoire avec « American Warrior 2 » ça nous fait un bien fou !
Note : 8/10











dimanche 11 mars 2018

Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud, 1986


LE NOM DE LA ROSE
de Jean-Jacques Annaud
1986
France/Italie/Allemagne
avec Sean Connery, Christian Slater, F. Murray Abraham, Ron Perlman, Michael Lonsdale, Valentina Vargas, Vernon Dobtcheff, William Hickey, Helmut Qualtinger
Policier médiéval
131 minutes
aka The name of the rose
Scénario de Gérard Brach, Jean-Jacques Annaud, Andrew Birkin, Alain Godard, Howard Franklin
d’après le roman d’Umberto Eco
Musique de James Horner
César du meilleur film étranger en 1987
Budget estimé : 20 000 000 dollars
Recettes mondiales au box-office : 77 000 000 dollars
Chef opérateur : Tonino delli Colli
Synopsis :
Au quatorzième siècle, dans un monastère au nord de l’Italie, Guillaume de Baskerville, un moine franciscain et son disciple novice Adso de Melk, sont venus au sein d’une abbaye pour étudier et dans le cadre de leur parcours religieux…
Très vite, les deux hommes sont témoins de morts violentes sur plusieurs moines…
L’un d’eux est retrouvé noyé dans un chaudron, un autre meurt d’un malaise…
Guillaume de Baskerville est un érudit et cherche absolument à trouver la cause de ses morts, il vérifie méthodiquement les endroits adjacents au monastère, notamment des traces de pas dans la neige laissées par une sandale, il éduque Adso de Melk par la même occasion et lui forge son intelligence et son sens de la déduction…
Lors d’une séance de lecture à la bibliothèque de l’abbaye, un des moines a peur d’une souris, ce qui provoque l’hilarité et la moquerie des autres moines présents, c’est alors que l’abbé régisseur du lieu leur rappelle qu’il ne faut jamais rire, ce à quoi Guillaume de Baskerville lui répond que « le rire est le propre de l’homme »…
Guillaume de Baskerville comprend alors que les morts violentes viennent d’un livre d’Aristote sur le rire, livre interdit et conspué par l’abbé en chef, mais que les moines convoitent à tout prix !
Guillaume relève qu’à chaque cadavre figure une trace noire sur la langue et sur le doigt…
Faisant le parallèle avec un poison apposé sur les pages d’un livre, De Baskerville, accompagné d’Adso, parvient à s’introduire dans un passage secret de la gigantesque bibliothèque…
Pendant ce temps, Bernardo Gui, l’inquisiteur, arrive dans le monastère ; Guillaume a tout compris et tout découvert !
Le jeune Adso a rencontré fugacement une jeune bohémienne, il en est tombé amoureux !
Salvatore, un des moines, la bohémienne et un autre moine sont finalement condamnés au bûcher pour hérésie par Bernardo Gui !
Guillaume de Baskerville, enfermé dans un labyrinthe de la bibliothèque, dit à Adso de partir ; l’abbaye prend alors feu !
Mon avis :
« Palimpseste » du roman éponyme d’Umberto Eco, ce « Nom de la rose » est un immense film, peut être le meilleur de Jean Jacques Annaud avec « La guerre du feu », il a réécrit l’histoire par-dessus celle du roman (c’est la définition d’un palimpseste), il a fallu cinq personnes dont Annaud lui-même pour travailler sur le scénario et le résultat est époustouflant !
C’est du même niveau que des films comme « Aguirre, la colère de dieu », on pense souvent à ce film et le passage de la bibliothèque avec les fresques de têtes de morts fait directement penser au début du « Nosferatu, fantôme de la nuit » tourné six ans auparavant !
Mais il n’y a pas que du polar et de l’investigation dans ce « Nom de la rose », il se glisse une mini-histoire d’amour avec une des plus belles scènes de copulation de l’histoire du cinéma !
Les décors et notamment l’abbaye ont été construits pour l’occasion, cela n’a pas dû être simple et il fallait un cinéaste de la trempe d’Annaud pour mettre en scène l’histoire ; on est pris instantanément dans le film et ce, dès la première seconde, avec la voix off (en fait celle de Adso plus âgé, qui raconte l’aventure qui lui est arrivé) ; les trognes des personnages (Ron Perlman et son visage simiesque) sont inoubliables, tout est joué à la perfection et avec une grande sensibilité, Sean Connery est impérial et Christian Slater dont c’est le premier rôle s’en sort parfaitement bien…
« Le nom de la rose » est un film immersif, une immersion dans un monde d’un autre temps avec une histoire à part, singulière et hyper envoutante ; alors quand la mise en scène suit bien derrière et que l’on ne déplore aucune fausse note, c’est juste simplement un PLAISIR TOTAL…
Le travail accompli est titanesque et sept caméras ont été utilisées pour filmer l’incendie final, seulement trois ont fonctionné, Annaud, particulièrement malin et intelligent, a su créer l’illusion en mettant à l’envers certains plans identiques, faisant passer comme une lettre à la poste sa technique et l’exploitant ainsi pour le plus grand bonheur du spectateur !
Le passage avec le labyrinthe, le fait que toutes les morts soient axées sur un livre interdit (celui du grec Aristote), avec tout ce maelström, Annaud nous balade pendant deux heures, on est fascinés, on se demande bien ce qui va nous attendre à chaque séquence, tout est minutieux, équilibré, sans la moindre redondance et servi par des comédiens exceptionnels, tous autant qu’ils sont !
« Le nom de la rose » est un chef d’œuvre d’une immensité magistrale, qu’il convient de visionner régulièrement si on est cinéphile, rarement un cinéaste français a su créer une atmosphère comme celle-ci, ça tient du prodige…
Au premier visionnage, on se rappellera de tout même des décennies après, alors le revoir c’est jubilatoire !
Un très grand moment de cinéma, beaucoup de personnes font figurer « Le nom de la rose » dans leur palmarès de films préférés, ce qui n’est pas rien….
Note : 10/10















Les traqués de l'an 2000 de Brian Trenchard Smith, 1982


LES TRAQUES DE L’AN 2000
de Brian Trenchard Smith
1982
Australie
avec Olivia Hussey, Steve Railsback, Michael Craig, Lynda Stoner, Roger Ward
Science- fiction
93 minutes
Musique de Brian May
DVD édité dans la collection Mad movies
aka Turkey shoot escape 2000
Synopsis :
En 1995, les autorités politiques ont mis en place des camps de rétention où sont envoyés les « déviants », sortes de personnes rebelles réfractaires à la société et à ses codes…
Refusant de se plier à des lois rétrogrades et fascisantes, ces femmes et hommes sont habillés avec un uniforme jaune et il en arrive chaque jour au sein du camp ; Chris Walters et Paul Anders, deux jeunes gens, viennent d’arriver et sont repérés par des caméras de surveillance, notamment Chris, une superbe brune…
Horrifiés, ils assistent à des séquences de tortures et de tabassages sur de plus anciens prisonniers, Chris en est terrorisée !
Charles Thatcher est le chef d’organisateur du camp et, avec quelques autres personnes, il coordonne la vie (une façon de parler !) du camp, décidant, suivant le bon gré de chacun, si certains sont laissés en vie ou s’ils sont tués et/ou torturés…
Ritter, le chef de la sécurité, un mastodonte chauve, rivalise de sadisme lors de ses exactions, il prend un immense plaisir lorsqu’il passe à tabac une pauvre femme frêle qui ne survivra pas aux coups de son bourreau…
Thatcher décide un jour de mener une chasse à l’homme ; il libère Chris et Paul Anders, ainsi que Rita Daniels, leur laissant un temps d’avance sur leurs geôliers ; un autre homme qui a des problèmes de vue fait partie des traqués mais on lui casse ses lunettes, du coup il ne voit plus rien !
Le chef des gardes Ritter, Thatcher et quelques autres de ses amis sont motorisés ; les traqués, à pied, sont confrontés à l’hostilité d’une forêt qui semble tropicale…
Alors qu’après avoir couru pendant plusieurs heures, Chris et Paul pensent être tirés d’affaire, ils déchantent vite !
L’endroit où ils se trouvent est sans issue, il s’agit d’une île !
Mon avis :
Avec « Les traqués de l’an 2000 », le réalisateur Brian Trenchard Smith a réussi un sacré tour de force, il a rendu son film attractif, distrayant et efficace alors que la production fut particulièrement chaotique, le budget fut amputé de sa quasi- moitié, l’embauche de figurants supplémentaires et de cascadeurs annulée au dernier moment, ce qui compliqua énormément la réalisation qui, de plus, fut diminuée au niveau du temps de tournage (« Escape 2000 » a été torché en trois semaines !)…
Trenchard Smith a été très courageux et l’ensemble est plaisant et bien réussi, collant à la perfection au style des productions grindhouse australiennes du début des années quatre-vingts ; mélange d’anticipation, de films de camps, d’aventures, de sadisme ponctué avec une dose d’érotisme et d’exotisme, « Les traqués de l’an 2000 » a un rythme à fond les bananes de l’entame à l’issue, avec trois segments scénaristiques pour définir le film, un, l’arrivée dans le camp et la présentation des personnages, deux, les scènes de sadismes et trois, la poursuite sous forme de chasse à la « Chasse du Comte Zaroff » en version modernisée car le métrage, outre qu’il soit délirant, est empreint d’anticipation sur une politique devenue totalitaire que Trenchard Smith, dans les bonus de l’excellent DVD Mad Movies, voulait inspirée de « 1984 » de George Orwell, ce qui fait que son film est loin d’être sot ; les moins ouverts y verront un film con comme la lune et bien NON ! il faut aller plus loin dans le propos des « Traqués de l’an 2000 » et y voir un pamphlet, une parabole sur certains aspects du nazisme ou de la sauvagerie inhérente à toute guerre et à ceux qui la font !
Ce n’est pas innocent si le chef du camp se nomme Thatcher, c’est voulu puisqu’à l’époque la « dame de fer » intransigeante première ministre de la Grande Bretagne se nommait Thatcher !
Trenchard Smith est malin et fait des clins d’œil en permanence à la société résidant sur l’obéissance et la soumission, et ceux qui refusent de respecter les règles sont tués !
Trenchard Smith n’omet pas cependant de mettre le paquet sur l’action, en plus du message politique qu’il veut faire passer, du coup, tout le monde devrait y trouver son compte ; « Les traqués de l’an 2000 », c’est de la distraction pour adultes, au sens noble du terme, et les comédiens s’y donnent totalement corps et âmes, Hussey et Railsback sont épatants dans leurs rôles de traqués, ils en bavent mais c’est pour le plus grand plaisir du spectateur !
Roger Ward, le grand chauve tortionnaire, est un réchappé de « Mad Max », lui aussi film australien, donc ça barde et on n’a pas lésiné sur la violence avec une scène assez rude de tabassage très réaliste…
L’ensemble est distrayant et le film fut un immense succès dans les vidéoclubs dans les années quatre-vingts, aujourd’hui on pourrait difficilement faire un film pareil, c’était l’époque où les films d’exploitation se permettaient quasiment tout, maintenant ça passerait mal pour les militantes féministes, « Les traqués de l’an 2000 » comporte des passages aux dialogues sexistes et ne s’embarrasse pas de la moindre condescendance, Trenchard tranche dans le lard !
Honnête dans sa forme, « Les traqués de l’an 2000 » est vraiment un film d’action horrifique sympathique, il convient de le visionner entre potes avec des pizzas et des bières, le résultat est garanti !
Ça reste le témoignage d’un plaisir coupable et assumé par nombre de cinéphiles et on n’est pas près d’oublier « Les traqués de l’an 2000 », les passages ponctuant le film sont indélébiles !
Il faut voir la version uncut sur le magnifique DVD sorti chez Mad Movies, il nous gratifiera d’une dizaine de séquences gore, donc ce n’est pas à rater !
Note : 9/10













dimanche 4 mars 2018

Piranhas de Joe Dante, 1978


PIRANHAS
de Joe Dante
1978
Etats-Unis
avec Heather Menzies, Barbara Steele, Bradford Dillman, Kevin Mac Carthy, Dick Miller
Film d’épouvante
90 minutes
Musique de Pino Donaggio
Produit par Roger Corman
Scénario de John Sayles
Budget : 660 000 dollars
Recettes au box- office : 16 000 000 dollars
Synopsis :
Une ville des Etats-Unis, à la fin des années soixante-dix…
Deux campeurs souhaitent faire un bain de minuit, ils s‘introduisent dans un lieu interdit au public et plongent dans un bassin d’eau, on perd leur trace !
Maggie Mac Keown, mandatée par son entreprise, est chargée de retrouver les deux fameux campeurs ; de fil en aiguille et après être arrivée sur les lieux, elle rencontre Paul Grogan, un homme séparé de sa femme et qui boit énormément ; Maggie convainc Paul de l’aider dans ses recherches ; c’est alors qu’ils se rendent dans l’endroit interdit ; ils sont surpris par le docteur Robert Hoak, seul gardien du lieu ; ce dernier leur explique que des piranhas mutants et voraces avaient été confinés dans ce lieu afin de les envoyer au Vietnam, durant la guerre pour éradiquer l’ennemi, mais qu’à l’issue de la guerre, les piranhas, par milliers, sont restés dans les eaux avoisinantes !
Ce dossier est classé top secret par l’armée américain, c’est alors que Maggie et Paul ouvrent la vanne qui actionne le bassin, pensant retrouver les affaires des campeurs disparus !
Les piranhas sont désormais en liberté !
Une colonie de vacances où se trouve la fille de Paul, une fête municipale située à proximité d’un lac, tous ceux qui s’y trouvent sont désormais des victimes potentielles des piranhas !
C’est le carnage total !
Mon avis :
Tourné en trois semaines du 15 mars au 5 avril 1978, « Piranhas » est le film qui fit connaître au grand public le cinéaste Joe Dante, produit par Roger Corman (gage de qualité), Spielberg dit lui-même qu’il pense que « Piranhas » est la meilleure déclinaison de son « Dents de la mer » tourné trois années auparavant…
Et c’est vrai ! Le scénario est astucieux (comme dans tous les films de Joe Dante), les acteurs sont convaincants (on retrouve Barbara « Goddess of the Gothic » Steele, toujours diablement sexy et très classe) et une ribambelle de seconds rôles à la trogne bien sentie et qui collent à fond à l’ambiance du film…
Bricolé efficacement (en effet, peu de moyens, seulement 660 000 dollars), « Piranhas » fut un énorme succès et la mise fut amplement multipliée pour Corman et Dante qui se frottèrent les mains, et c’est mérité !
Certains passages sont jouissifs et l’atmosphère qui règne tout le long est bonifiée par une action vrombissante, ça n’arrête jamais, on a même des cascades nautiques très bien réalisées et des séquences sous-marines impeccables au timing crédible, Joe Dante s’est appliqué dans sa mise en scène, le tout est un vrai plaisir de visionnage !
La suite de Assonitis réalisée par Cameron est catastrophique par rapport à ce premier opus, quant au remake de Aja sortie en 2010 il est vraiment très bon, version boostée du film de Dante, qui égale son prédécesseur…
Même la psychologie des personnages n’est pas laissée en berne avec le personnage de Paul Grogan, sombrant dans l’alcoolisme et le promoteur véreux, véritable ordure –Dante reprend la trame d’un des personnages de « Jaws »- sans trop la pomper, on a là tous les ingrédients pour passer un super moment de cinéma ; la musique de Pino Donaggio est nickel et les quelques effets gore bien fichus par Rob Bottin, un caïd du genre…
Quarante années après, « Piranhas », hormis les looks des protagonistes, n’a pas trop vieilli et c’est ce dynamisme, cette action permanente, qui donnent un charme énorme au film, l’érigeant comme un des fleurons du film d’épouvante de la fin des années soixante-dix…
Il est difficile de reprocher quoi que ce soit à ce film, on savoure une heure et demie de bonheur et je ne vois pas trop ce qu’il y aurait à redire, la mise en scène est rigoureuse et son impact tape dans le mille, c’est un film de grande qualité !
On a là l’entertainment à la Spielberg qui nait, et Spielberg embauchera Joe Dante pour son « Gremlins » six ans plus tard, il fut adoubé grâce, justement, à « Piranhas »…
Un film sympa à voir absolument et qui n’est pas trop effrayant, un public ado y trouvera son compte, tous comme les cinéphiles friands de série B….
Note : 9/10











Oedipe roi de Pier Paolo Pasolini, 1967


ŒDIPE ROI
de Pier Paolo Pasolini
1967
Italie
avec Alida Valli, Franco Citti, Silvana Mangano, Ninetto Davoli, Carmelo Bene
Fresque métaphysique et initiatique
104 minutes
D’après l’œuvre de Sophocle
aka Edipo re
Synopsis :
Un village de Lombardie, dans les années mille neuf cent vingts, puis une période de la Grèce antique, puis Bologne en Italie en 1967…
Un nourrisson nait, il tête le sein de sa mère, on suppose qu’il s’agit déjà d’Œdipe dans l’histoire…Un père, dont on sent l’animosité et la représentation du mal, est jaloux après la naissance de son fils, il l’attache et le pend par les pieds…
Puis Œdipe, plus âgé, est devenu un jeune homme brun d’une vingtaine d’années, il est combattant, comme un guerrier errant dans une zone désertique et aride…
Il est amoureux de Jocaste, il est destiné à l’aimer ; Œdipe libère l’oppression du Sphinx en combattant ses sbires qu’il tue un par un, sauvant ainsi les habitants malheureux, il devient roi aux yeux de la population…
Œdipe rencontre l’oracle d’Apollon dans le village de Delphes, ce dernier l’informe d’une prophétie invoquant une situation irrémédiable : Œdipe tuera son père et fera l’amour avec sa mère !
Créon, le frère de Jocaste, fait partie de l’entourage d’Œdipe et la peste commence à faire des ravages…
Lorsque Jocaste, après une nuit d’amour avec Œdipe (elle est la représentation de la génitrice d’Œdipe, mais avec un physique beaucoup plus jeune) est retrouvée pendue, Œdipe déclenche une crise d’hystérie et se crève les yeux…
Pour guise d’épilogue, nous finissons le film à Bologne, à la fin des années soixante, Œdipe est un aveugle qui joue de la flûte, dans la rue, à côté de passants indifférents…
Angelo, le messager supposé réincarnation de l’oracle de Delphes, l’accompagne et l’aide à marcher…
Mon avis :
Tourné dans les paysages du Maroc, « Œdipe roi » est une œuvre phénoménale, une des plus abouties de Pasolini et le reçu à sa sortie fut unanime que ce soit au niveau des critiques que du public, « Œdipe roi » est du cinéma de très haut niveau, élitiste et insolite qui se réserve à une poignée de cinéphiles surouverts tant l’approche qu’on doit avoir pour le visionnage s’avère difficile et périlleux, mais techniquement « Œdipe roi » est un film à part, risqué mais avec du recul, grandiose !
Pasolini s’approprie le mythe d’Œdipe pour en donner SA version, il dit lui-même lorsqu’il fut interviewé à la sortie que pour lui le film fut facile, simple et limpide, donc faisons lui confiance, laissons- nous emporter dans un délire délice visuel totalement en dehors des codes de narration…
Certes, « Œdipe roi » rebutera les trois quarts des spectateurs mais les autres salueront la grâce de la mise en scène, très latine mais à des kilomètres de cadors comme Fellini ou Bava ; certains passages paraitront insupportables, d’autres sont fabuleux, tout dans « Œdipe roi » est complètement barré, même les costumes ne sont pas d’époque (c’était voulu par Pasolini), il tourna son film dans des endroits désertiques et vidés de toutes traces de civilisations pour appuyer le côté insolite du film, « Œdipe roi » est une plongée dans l’inconnu total !
Scindé en trois micro-parties, »Œdipe roi » a le segment du milieu le plus long (celui de la Grèce antique), la représentation de l’oracle, les scènes lumineuses de combat, les victimes de la peste, tout confère dans « Œdipe roi » à rendre le film atypique, on n’a jamais vu un tel film nulle part de cette audace, Pasolini fait virevolter sa caméra à trois cent soixante degrés avec les arbres d’où le soleil laisse traverser ses rayons (Kurosawa le faisait aussi), psychanalytiquement « Œdipe roi » est une transposition moderne du syndrome d’Œdipe, Pasolini s’en sert de levier pour sa mise en scène mais capte, par sa direction des acteurs, une aura de chaque plan séquence, c’est un film hyper envoûtant…
Très dense, aux coloris chauds et à l’acheminement cinématographique oppressant, « Œdipe roi » sera tout ou rien, soit on y adhère soit on arrête le film…
« Œdipe roi » se v(o)it comme une totale expérience de cinéma mais n’en reste pas moins un des plus grands films de son auteur, Pasolini gagne en osant en permanence, c’est cela le charme premier d’ »Œdipe roi », film jusqu’au-boutiste et miraculeux, emporté par une folie totale que certains à l’époque qualifièrent de « suicidaire »…
C’est dire à quel point les codifications du cinéma sont poussées, cinquante années après, « Œdipe roi » reste une œuvre essentielle du septième art italien…
Note : 10/10